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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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devoir, une dette de sang à faire payer.
    Nous suivîmes la voie romaine à travers les
collines. Il nous fallut cinq jours à petite marche, mais nous ne pouvions
aller plus vite avec les moines qui portaient le cadavre de leur saint sur
leurs épaules. Chaque soir ils disaient des prières, et chaque matin des gens
nous rejoignaient, tant et si bien que le dernier jour, lorsque nous
traversâmes la plaine menant à Eoferwic, nous étions près de cinq cents. Ulf, qui
se faisait désormais appeler comte Ulf, menait la marche sous sa bannière à
tête d’aigle. Il avait fini par apprécier Guthred, et était avec moi son plus
proche conseiller. Eadred aussi, bien sûr, mais il n’avait guère à dire en
matière de guerre. Comme la plupart des clercs, il pensait que son dieu nous
apporterait la victoire, et que son rôle d’abbé se limitait à cela. Ulf et moi,
en revanche, avions beaucoup à dire. Le fond de notre pensée était que cinq
cents hommes peu entraînés étaient loin de pouvoir conquérir Eoferwic s’il
prenait à Egbert de la défendre.
    Mais Egbert était au désespoir. L’un des
saints livres des chrétiens raconte l’histoire d’un roi qui avait vu une
inscription sur un mur. On me l’a racontée maintes fois, mais je me rappelle
seulement qu’il était roi et que ces mots l’avaient effrayé. Je crois que c’était
le dieu chrétien qui avait écrit ces mots, mais je n’en suis point sûr. Je
pourrais faire mander le prêtre de mon épouse, car je l’autorise aujourd’hui à
employer ce genre d’individu, et je pourrais lui demander les détails, mais ce
serait seulement pour lui une occasion de plus de ramper à mes pieds et de
supplier que j’augmente sa ration de poisson, ale et bûches, ce que je ne
souhaite point. Peu importent les détails.
    Ce fut Willibald qui me fit penser à cette
histoire. Il pleura des larmes de joie quand nous entrâmes dans la ville, et
quand il apprit qu’Egbert n’opposerait pas de résistance, il clama que le roi
avait vu l’inscription sur le mur. Il le répéta et je n’y compris goutte sur le
moment, mais maintenant je sais. Il voulait dire qu’Egbert savait qu’il avait
perdu avant même d’avoir combattu.
    Eoferwic attendait le retour d’Ivarr et bon
nombre de ses habitants, craignant la vengeance du Dane, s’étaient enfuis. Egbert
avait une garde personnelle, bien sûr, mais presque tous les hommes avaient
déserté ; il n’avait plus que vingt-huit soldats, et pas un seul ne
voulait mourir pour un roi qui avait une inscription sur son mur. Comme les
habitants n’étaient pas d’humeur à barricader les portes ou garnir les remparts,
l’armée de Guthred entra sans rencontrer de résistance. Nous fûmes accueillis à
bras ouverts. Je crois que le peuple
d’Eoferwic croyait que nous venions le défendre contre Ivarr plutôt que ravir
la couronne d’Egbert ; mais lorsqu’ils apprirent qu’ils avaient un nouveau
roi, ils en semblèrent assez heureux. Ce qui les ravissait le plus, évidemment,
c’était la présence de saint Cuthbert. Eadred dressa le cercueil du saint dans
l’église de l’archevêque, ouvrit le couvercle et laissa la foule s’attrouper
pour voir le défunt et le prier.
    Wulfhere, l’archevêque, n’était pas en ville, mais
le père Hrothweard était encore là à prêcher ses folies, et il s’acoquina aussitôt
avec Eadred. Sans doute avait-il lui aussi vu les mots sur le mur. Moi, je vis
seulement des croix gravées sur les portes. Elles étaient censées indiquer où
demeuraient les chrétiens, mais la plupart des Danes survivants en avaient mis
aussi pour se protéger des pillards, et les hommes de Guthred voulaient piller.
Eadred leur avait promis femmes lascives et monceaux d’argent, mais à présent l’abbé
s’efforçait de protéger les chrétiens de la ville des Danes de Guthred.
    Il y eut quelques troubles, mais guère. Les
gens eurent le bon sens d’offrir des pièces, de l’ale et à manger plutôt que de
se laisser voler. Guthred découvrit dans le palais des coffres d’argent et en
distribua à son armée ; et il y avait abondance d’ale dans les tavernes, si
bien que pour l’heure les hommes de Cumbraland étaient assez contents.
    — Que ferait Alfred ? me demanda
Guthred le premier soir.
    Je commençais à m’habituer à cette question, car
Guthred s’était en quelque sorte convaincu qu’Alfred était un roi méritant d’être
imité. Cette fois cela concernait

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