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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Egbert, que l’on avait découvert dans sa
chambre. Il avait été traîné dans la grande salle où il s’était jeté aux pieds
de Guthred en lui jurant fidélité. C’était un étrange spectacle que de voir un
roi à genoux devant un autre, dans la vieille bâtisse romaine éclairée par des
torches qui l’enfumaient, et les courtisans et serviteurs d’Egbert qui s’étaient
avancés à genoux pour imiter leur souverain.
    Egbert paraissait vieux, malade et misérable, tandis
que Guthred était un nouveau et resplendissant monarque. J’avais trouvé la
cotte d’Egbert : je la donnai à Guthred, qui portait l’armure parce que
cela lui donnait l’air royal. Il fut aimable avec le roi déposé, le releva et l’embrassa
sur les deux joues, puis l’invita courtoisement à siéger auprès de lui.
    — Tue ce vieux bâtard, dit Ulf.
    — J’ai dans l’esprit d’être magnanime, répondit
Guthred, royal.
    — Tu as dans l’esprit d’être sot, rétorqua
Ulf.
    Il était d’humeur massacrante, car Eoferwic n’avait
pas livré un quart du butin qu’il escomptait ; mais il s’était trouvé deux
jeunes jumelles qui lui plaisaient et cela le retint de trop se plaindre.
    Quand les cérémonies furent terminées et après
qu’Eadred eut beuglé une interminable prière, Guthred se promena dans la ville
avec moi. Je crois qu’il voulait faire étalage de sa nouvelle armure, ou bien
simplement se rafraîchir en sortant de ce palais enfumé. Il but de l’ale dans
chaque taverne, plaisantant avec ses hommes en angle et en danois, et il
embrassa au moins cinquante filles ; puis il m’entraîna vers les remparts
et nous y marchâmes sans un mot jusqu’à la partie est. Là, je m’arrêtai pour
contempler la plaine et la rivière baignées par la lune.
    — C’est là que mourut mon père, dis-je.
    — Épée en main ?
    — Oui.
    — Cela est bon, dit-il, oubliant un
instant qu’il était chrétien. Mais ce fut pour toi un triste jour.
    — Il fut bon, car je connus le comte
Ragnar. Et je n’ai jamais beaucoup aimé mon père.
    — Vraiment ? s’étonna-t-il. Et
pourquoi cela ?
    — C’était une brute maussade. Les hommes
cherchaient son approbation, c’était éreintant.
    — Comme toi, alors.
    — Moi ? demandai-je, surpris.
    — Mon maussade Uhtred, dit-il. Tout de
colère et de menace. Dis-moi donc ce que je dois faire d’Egbert.
    — Ce que conseille Ulf, bien sûr.
    — Ulf voudrait occire tout le monde, car
ainsi il n’aurait plus de problèmes. Que ferait Alfred ?
    — Peu importe ce qu’il ferait.
    — Si. Dis-moi.
    Il y avait chez Guthred quelque chose qui me
forçait à toujours lui dire la vérité, ou presque. Je fus tenté de lui répondre
qu’Alfred aurait amené le vieux roi sur la place du marché pour le faire
décapiter, mais je savais que c’était faux. Alfred avait épargné son traître de
cousin après Ethandun, et il avait laissé la vie à son neveu, Æthelwold, alors
que celui-ci avait plus de droits à régner qu’Alfred lui-même.
    — Il l’épargnerait, soupirai-je. Mais
Alfred est sottement pieux.
    — Non.
    — Il craint la réprobation de Dieu.
    — C’est là montrer du bon sens.
    — Tue Egbert, seigneur, insistai-je. Si
tu ne le tues pas, il tentera de récupérer son royaume. Il a des terres dans le
Sud. Il peut lever une armée. Si tu le laisses vivre, il mènera ces hommes à
Ivarr, qui voudra le rétablir sur le trône. Egbert est un ennemi !
    — C’est un vieillard effrayé et malade, répondit
patiemment Guthred.
    — Alors mets un terme à ses souffrances, le
pressai-je. Je le ferai pour toi. Je n’ai jamais occis de roi.
    — Et cela te plairait ?
    — Je tuerai celui-ci pour toi. Il a
laissé des Saxons massacrer des Danes ! Il n’est pas aussi pitoyable que
tu le penses.
    — Je te connais, Uhtred, me dit-il
gentiment, mais avec un regard réprobateur. Tu veux te vanter d’être l’homme
qui a tué Ubba près de la mer et désarçonné Svein du Cheval Blanc, et aussi
envoyé le roi Egbert au trépas.
    — Et tué Kjartan le Cruel, ainsi qu’Ælfric,
l’usurpateur de Bebbanburg.
    — Je suis heureux de ne point être ton
ennemi, plaisanta-t-il. L’ale est aigre, ici, grimaça-t-il.
    — Elle est différemment brassée, expliquai-je.
Que te conseille l’abbé Eadred ?
    — Comme toi et Ulf, bien sûr.
    — Pour une fois, il a raison.
    — Mais Alfred ne le tuerait point.
    — Alfred est roi de

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