Les sorciers du ciel
de la conspiration juive, et vos camarades, comme vous, se trouvent dans l’obligation de supporter les conséquences des bombardements, du rationnement, du manque de ravitaillement et de médicaments. C’est votre intérêt et celui de vos camarades d’entreprendre une action qui puisse terminer ce massacre… Faites quelque chose, je vous promets votre chaire à l’Université de Bonn, une villa sur le Rhin, une bibliothèque personnelle. Nous allons vivre encore des moments très durs, mais les voyants qui tiennent compte de nos recherches seront largement récompensés et ils resteront sains et saufs, grâce à moi.
Le théologien Verweyen disparaîtra dans le charnier de Bergen-Belsen.
*
— Alors les « pendulards », vous vous faites inscrire… Vous avez jusqu’à demain soir !
À Oranienburg, en ce soir du mois d’août 1943, les « mages » professionnels et amateurs se « consultent » mutuellement.
— Que va-t-on nous demander ?
On leur verse double ration de soupe et trois cuillers de confiture. Festin ! Estime ! Avenir ?
C’est Himmler en personne qui a réclamé cette première « participation » massive de tous les « mages »… Himmler est à la recherche de Mussolini… On a perdu Mussolini… Il faut retrouver Mussolini… Où est Mussolini ?
Le Duce, dans la nuit du 24 au 25 juillet 1943, s’était vu reprocher par les chefs du Parti : Grandi, Ciano, de Bono… ses « irréparables » désastres militaires, qu’il ne pouvait « laver » qu’en offrant sa démission à Victor-Emmanuel. Mussolini, malgré les conseils de sa femme, se rendit au Palais et fut arrêté. Le général Badoglio prenait la tête du nouveau gouvernement.
Dans la soirée du 25, Hitler recevait Otto Skorzeny, le « capitaine des opérations spéciales » :
— J’ai (101) pour vous une mission importante. Mussolini, mon ami, notre fidèle allié ; a été, hier, trahi par son roi. Ses propres compatriotes l’ont arrêté. Je ne puis ni ne veux laisser dans cette situation le plus grand homme de l’Italie. Le Duce est, à mes yeux, l’incarnation des derniers romains. Sous le nouveau gouvernement, l’Italie va se détacher de nous. Je resterai fidèle à mon allié, il faut le sauver rapidement, sans quoi il sera livré aux Alliés. Je vous donne donc l’ordre d’exécuter cette opération, la plus importante, actuellement, pour la conduite de la guerre. Vous devez tout mettre en œuvre pour exécuter cet ordre. Vous réussirez. Mais voici le plus important : cet ordre doit être tenu absolument secret. J’espère avoir bientôt de vos nouvelles et je vous souhaite tout le bonheur possible…
Skorzeny leva le bras, claqua des talons et s’envola pour Rome, suivi discrètement de ceux qu’il appelait : « Mes cinquante hussards, que j’aimais entre tous, pour leur grande bravoure et pour leur haute taille. » Skorzeny, comme l’amiral Canaris, piétina, se perdit en suivant de trop nombreuses pistes… Hitler furieux, convoqua Himmler, le 2 août. Les deux hommes s’enferment. Une secrétaire avait déposé sur une table basse le dossier de la presse américaine. Il ne reste aucune trace de cette conversation où il fut décidé en désespoir de cause de consulter les « voyants » d’Oranienburg ; mais il est très facile d’imaginer « l’ambiance », si l’on sait que les journaux de New York et de Washington faisaient état de la proposition d’un célèbre impresario américain qui se proposait, après la capture de Mussolini, de le promener enfermé dans une cage à travers les U.S.A., en chantant : « Ainsi finissent les dictateurs… »
Himmler dut proposer la solution Oranienburg.
— Que risquons-nous ?
*
L’abbé Louis Le Moing, vicaire parisien de Notre-Dame de Lorette, taquinait adroitement le pendule.
Il était incontestablement « l’amateur » le plus célèbre du camp. Était-il sincère ? Son « numéro », parfaitement étudié, préparé, rodé, lui rapportait de substantielles améliorations alimentaires dont il faisait profiter les malades du Revier et les affamés de la quarantaine. Il opérait toujours de la même manière, en pointant le doigt vers son « client » qui était parfois un « patient » car il ne répugnait pas à jouer les guérisseurs. La chronique du camp lui attribue de spectaculaires soulagements. Il se tirait de toutes les situations
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