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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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les rapports l’affirmaient, il avait été surpris par un surveillant, le mois précédent, pendule en main. Ce dimanche-là, Marcel Leboucher, de permanence au Revier, attendait la relève   :
    — Ne (102) sachant à quoi m’occuper, j’eus la bizarre idée de confectionner un pendule et de rechercher, sur une carte publiée par un journal nazi, la position des armées allemandes face aux Russes. Je faisais le « point » à l’aide d’un crayon à mine bleue lorsque le vorarbeiter me surprit et décida de s’emparer du document. Mais quelle ne fut pas ma surprise de le voir revenir peu après, absolument enthousiasmé… Mes indications étaient (paraît-il) exactes.
    Le médecin français fut donc fiché « prophète ».
    Le 7 août, il recevait une lettre de l’administration du camp lui annonçant la petite « fête » que donnait Himmler et lui demandant de préciser ses « possibilités ». Une heure plus tard, le sergent S.S. – recruteur – venait aux résultats. Deux heures de discussion… refus catégorique du médecin   :
    — En France, c’est insulter un médecin que de l’assimiler à un sorcier.
    Furieux et déçu, le S.S. raya le nom du docteur Leboucher. Il disposait de deux cents candidats et ne devait retenir que quarante élus. Il enquêta minutieusement, rencontrant les « cas traités », avant de faire annoncer par les haut-parleurs   :
    — Ceux dont les noms et matricules suivent, devront se présenter le 18 août après l’appel, au magasin d’habillement.
    Le Moing ouvrait la liste   ; le tartare, le théologien de Bonn, un ancien commissaire de la marine française coiffaient sur le poteau les « grands professionnels ».
    Les quarante « mages », vêtus de rayés neufs et amidonnés, s’installèrent dans un autobus confortable.
    *
    — Alors   ?
    Mille questions accueillent les « mages » à leur retour, le soir du 18 août.
    — Nous ne pouvons rien dire   !
    — Nous avons promis   !
    — C’est un secret   !
    — Un secret d’État   !
    L’abbé Le Moing fume un gigantesque cigare…
    — Vous avez promis,… mais à des Allemands, à des S.S., vous pouvez bien…
    — Non   !
    L’abbé Le Moing se confessa tout de même, le lendemain, à Edouard Calic, Marcel Leboucher et à son ami, l’aumônier D.
    — Vous gardez (103) le secret   ? Très bien   ! Nous avons passé la journée à la Gästehaus de la S.S. à Wannsee, la maison des hôtes. On nous a posé cette longue question   : « Nous recherchons une importante personnalité. Quelqu’un peut-il entrer en communication avec elle   ? Nous dire où elle se trouve et de qui il s’agit   ? » L’ancien commissaire de la marine française expliqua qu’il saurait retrouver celui qu’on recherchait s’il pouvait se mettre en transes… mais que ses transes étaient commandées par son estomac et que son estomac était vide. On lui servit, dans la pièce voisine, une côtelette de veau et un grand verre de vin blanc. Moi, j’ai pensé d’abord qu’ils recherchaient Goering, peut-être avait-il pris le maquis. On avait posé la même question à Verweyen. Mieux informé que moi, il comprit immédiatement qu’on pensait à Mussolini et que l’on cherchait à savoir où on le retenait séquestré. Il les avait entendus prononcer le nom du Duce. Comme une grande carte d’Italie était déployée sur la table, je promenai mon pendule. Il s’arrêta sur l’île d’Elbe. J’ai pensé à Napoléon, vif intérêt d’Himmler… car Himmler en personne était là avec des officiers de son état-major. Je les observai, mais l’arrêt de mon pendule ne paraissait pas les enthousiasmer… Je l’ai remis en route vers la Sardaigne… Leurs visages rayonnaient… Je brûlais, mais le Duce était-il en Sardaigne ou sur un bateau   ? Ça, je l’ignorais. Mon pendule s’était mis alors à dessiner de grands huits et des spirales englobaient une bonne partie de cette région de la Méditerranée. L’un des huit passait au-dessus de l’îlot Santa Maddalena (104) . Himmler eut un sursaut. J’en restai là. J’avais compris qu’ils avaient des renseignements, mais insuffisants. Himmler dit à son aide de camp   : « À l’abbé de Paris, trois cigares. »
    — Le mangeur de côtelette venait de terminer son repas… Il prépara et réalisa parfaitement ses transes en hurlant   : « Oh comme il a peur   ! Comme il a peur   !… Il se cache… Il a

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