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Les sorciers du ciel

Les sorciers du ciel

Titel: Les sorciers du ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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embarrassantes.
    Un Toulousain lui demande   :
    — Je voudrais des nouvelles de ma mère.
    — Ta mère… attends…
    Il pointe le doigt, ferme les yeux.
    — Il me faudrait un objet lui ayant appartenu.
    — Je n’ai qu’une lettre.
    — Pose-la sur mon genou.
    Le pendule entame sa ronde.
    — Je la vois, elle est grande, elle marche difficilement mais elle marche, elle est en parfaite santé…
    — Pauvre imbécile, ma mère est morte en me mettant au monde… Charlatan   ! Je vais te gifler…
    Et l’abbé, sans se démonter   :
    — Comment veux-tu que je trouve si tu es venu pour te moquer de moi. Tes forces incrédules annulent mes forces opérationnelles.
    — Charabia   !
    — Sais-tu seulement ce que veut dire charabia   ?
    — …
    — Algarabia… C’est de l’espagnol   ; ça veut dire la langue arabe   ; ce sont les arabes qui ont inventé le pendule   ; et avec leur pendule ils ont trouvé la route de Poitiers. Mais c’était en 732 et en 732 ta mère n’était pas née, alors elle n’a pu te raconter…
    Les spectateurs s’esclaffent, applaudissent. Le Toulousain « hérétique » s’éloigne.
    — À qui le tour   ? Mais je vous préviens, si l’on veut se foutre de moi, je ferme la boutique   !
    Johannes Verweyen, de l’Université catholique de Bonn, qui tint tête à Himmler comme nous l’avons vu, avait à la demande « respectueuse » du chef de camp, rédigé des analyses graphologiques de tous les officiers et sous-officiers S.S. d’Oranienburg. Le Moing et Verweyen, voisins de lit, au cours d’une séance commune, affirmèrent qu’Hitler serait tué par l’explosion d’une bombe, ce qui leur valut un long interrogatoire de la Gestapo mais, fait troublant, aucune sanction.
    Parmi les « grands professionnels » Noak en est réduit à demander deux pommes de terre pour une séance « complète ».
    — Que voulez-vous… Ils ont plus confiance en ce curé parisien. Et pourtant, moi, si je vous donnais les noms de tous ceux qui, avant, sont venus dans mon cabinet…
    Il confie à Edouard Calic   :
    — Nous, les vrais, nous sommes dangereux parce que nous savons lire la métaphysique du cosmos. Les charlatans, le régime les laisse courir par milliers. Ils servent la propagande faite au profit du Führer, mais moi, je préfère périr ici que de raconter des mensonges sur la victoire de l’Antéchrist.
    Une autre « vedette » pour les S.S. comme pour les déportés, avait été « fabriquée » de toutes pièces par Edouard Calic. Zaim Zmaïev, tartare capturé sur le front de Russie, souffre-douleur de son chef de block qui le rossait copieusement matin et soir, rencontra un soir le journaliste yougoslave   :
    — Je vais finir au crématoire   !
    — Mais non   ! Je sais comment il faut t’y prendre pour te gagner les bonnes grâces du chef de block.
    — Comment   ?
    — Tu es chiromancien. C’est tout   ! Prends-lui la main, regarde-le bien dans les yeux, et dis-lui qu’il a deux enfants et une femme fidèle qui fait tout pour le tirer du camp et que ses démarches réussiront, dans trois mois au plus tard.
    — Merci, vous êtes un voyant merveilleux.
    Zaim Zmaïev le soir même ausculta la grosse patte de son tortionnaire et regagna son lit en brandissant une énorme gamelle de pommes de terre.
    Le surlendemain, trois chefs de block, alertés par leur confrère, demandaient le chiromancien « supérieur ».
    Il prend la première main, l’examine longuement. Silence. Deuxième main. Silence. À la troisième, il se lève   ;
    — Bon, bon   ! Je vous comprends, vous voulez connaître exactement ce qui se passe chez vous. Donnez-moi une nuit de tranquillité pour me mettre par la pensée en rapport avec les vôtres. Revenez demain   !
    Calic contacta des secrétaires déportés informés du curriculum vitae des différents « collaborateurs subalternes ». Une plongée dans les mémoires, les dossiers, les rapports et le tour fut joué…
    Zmaïev, l’abbé Le Moing et Johannes Verweyen n’eurent pas à se porter volontaires pour la séance spéciale que réclamait Himmler, le S.S. chargé d’établir les cartons d’invitation les avait, d’office, couchés sur sa liste. Le docteur Marcel Leboucher, seul médecin spécialiste des maladies des yeux, pour une population de soixante mille individus et qui, sur « ordre », soignait quelques officiers S.S., était une personnalité à ménager. Pourtant,

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