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Les souliers bruns du quai Voltaire

Les souliers bruns du quai Voltaire

Titel: Les souliers bruns du quai Voltaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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Bow Mystery 3 , d’Israel Zangwill, et Murder Considered as One of the Fine Arts 4 , de Thomas De Quincey.
    Mystery , Murder ravivèrent sa méfiance à l’endroit du trio des acolytes.
    « Non, mais, ces comploteurs me prennent-ils pour un benêt ? Il y a anguille sous roche, je découvrirai le pot aux roses. »
    Au cours des séparations devant l’église Saint-Germain-des-Prés, Euphrosine supplia Joseph de passer la nuit près d’elle.
    — J’ai un réveil sur l’estomac qui fait tic-tac à l’envers.
    — Pas étonnant, avec ce qu’on a ingurgité.
    — C’n’est pas lié à la ripaille, mon minet, c’est une alarme intérieure qui me rend patraque.
    Victor et Tasha les escortèrent rue Visconti, avant de raccompagner Iris rue de Seine, où il avait été convenu que Mélie ramènerait les enfants le lendemain.
    — Tu n’auras pas peur d’être seule ? demanda Victor à sa sœur.
    — Non, c’est la première fois depuis longtemps, je vais pouvoir jouir du silence.
    Il la pressa contre lui et prit conscience que leurs relations fraternelles s’étaient relâchées ces derniers mois. Il éprouva un brusque regret de cet éloignement.
     
    Joseph se fût dispensé de dormir dans sa chambre de jeune homme, mais, face au désarroi de sa mère, il osa murmurer :
    — Tu sais, maman, je t’aime.
    Euphrosine ouvrit la bouche, le souffle court. Soudain secouée de sanglots elle s’affala sur la poitrine de son fils. Il l’aida à s’asseoir et, comme autrefois, prépara les bouillottes.
    — Rien n’a changé, ici. Allons, maman, cesse de pleurer, tu me fais perdre mes moyens. Quand je suis avec toi, j’ai l’impression de ne pas avoir plus de raison qu’un enfant.
    — Dis pas d’bêtises, mon minet, seulement… seulement… Garder ça pour moi, c’est trop lourd.
    Elle se moucha et ajouta d’une voix hachée :
    — Faut que j’te relate toute l’affaire, ça m’ronge, mon cœur va éclater. C’est mon amie Philomène, elle a piqué du nez dans son chaudron à confitures et si je n’m’étais pas trompé de livre l’autre jour, je n’aurais jamais subi une telle secousse, sans compter que j’suis suspecte même si on a fini par harponner le bon bouquin ! débita-t-elle en passant, d’un geste las, une main sur son front.
    — Maman, je n’ai rien compris. Respire à fond et recommence, dans l’ordre, avec des explications claires.
    Elle obtempéra. Quand elle eut terminé, Joseph fut partagé entre l’affolement et la colère. Affolement d’apprendre que sa mère était mêlée à un meurtre, colère d’avoir été mis au placard.
    — Je lui ai souvent recopié des recettes, à Philomène, continua Euphrosine. Et puis je lui récoltais des pots destinés à ses marmelades. Ne t’inquiète plus du Traité des confitures . Sans m’sieu Legris j’étais cuite. Il l’a remis en place dans la librairie.
    — Il aurait dû me le dire ! fulmina Joseph.
    — Il est peu expansif.
    — Tu parles ! Cachottier, oui ! Allez, maman, va te reposer, il est tard. Au fait, le second livre, celui que Philomène avait conservé, tu as dû le ranger quelque part, où est-il ?
    — Euh… Faut que j’réfléchisse.
    — À quoi il ressemble ?
    — Ben… Il était couvert du même papier que le Traité des confitures , marbré, bleu et rouge, sinon je ne me serais pas emmêlé les pédales.
    — Bonne nuit, sois tranquille, je suis là.
    — Quand vous devenez vieux, on vous traite en nourrisson, on vous expédie au pucier.
    Joseph préféra se taire. Il sentait l’angoisse peser sur sa poitrine. Il déballa ses cadeaux sur son lit, son regard tomba sur les deux bouquins en anglais.
    «  Mystery , Murder … On me tient à l’écart, je suis l’ Homme invisible  !… Je leur réserve un chien de ma chienne, aux trois mousquetaires. Je vais circonvenir Pérot, il ne résistera pas à ma générosité, il abaissera ses défenses. Je sais ce que je vais lui offrir pour garnir ses boîtes, j’ai dû stocker ces pavés dans la remise. »
    Sur la pointe des pieds il gagna son sanctuaire. Il inventoria les piles de magazines et de quotidiens collectionnés depuis des décennies. Là, en haut d’une étagère, il avisa ce qu’il briguait : quatre cartonnages beiges intitulés Chroniques de Jean Froissart .
    « Du papier marbré bleu et rouge… Si je pouvais en dégoter au milieu de ce fatras, j’en envelopperais les Chroniques… Ah ! il serait dérouté,

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