Les templiers
Temple, Hôpital, teutonique, Saint-Lazare, Saint-Thomas, Saint-Martin et Saint-Laurent, et les petits corps d’armée entretenus en Syrie par le pape, les divers souverains d’Occident et le roi de Chypre. Saint-Jean-d’Acre était devenu le siège des Ordres Militaires et le port d’attache des riches marchands.
La ville semblait offrir une résistance extraordinaire.
La brutale indiscipline des Occidentaux fournit, trop tôt, l’occasion d’une rupture, en apparence légitime. Le sultan cherchait depuis longtemps un prétexte pour en finir avec Saint-Jean-d’Acre. Un traité ayant été conclu entre les deux partis, les articles en furent minutieusement examinés pour trouver prétexte à un conflit. Fath-ed-dîn, le jurisconsulte du sultan qui avait rédigé le traité, était décidé à suivre son maître. Mais personne ne voulait se prononcer sur la poursuite de ce conflit.
Un émir, lié d’amitié avec les chevaliers du Temple, informa les trois Maîtres des ordres des préparatifs secrets du sultan. C’est à ce moment que se situe la lettre du sultan au Maître du Temple. Le sort de Saint-Jean-d’Acre, écrivait-il, était décidé, et il était tout à fait inutile de tenter de le fléchir par une ambassade.
Entre-temps, le bruit que le sultan marchait sur Acre, avec toutes ses forces commençait à se répandre en Syrie. Au début de 1291, Qelaoun annonça à ses peuples qu’il allait venger par la prise d’Acre toutes les violations des trêves commises par les chrétiens. Les troupes franques se répartirent en quatre forces. La première fut placée sous le commandement de Jean de Grailly et d’Otton de Granson. La seconde sous celui du chef des Chypriotes et du Maréchal Henri de Bolanden. La troisième sous celui des Maîtres de l’Hôpital et de Saint-Thomas. La quatrième sous celui des Maîtres du Temple et de Saint-Lazare. Chacune de ces divisions montait la garde sur le rempart pendant huit heures consécutives, à partir de la sixième heure. La seconde moitié la remplaçait, et ainsi de suite. La moitié qui ne veillait pas sur les remparts gardait les portes.
La ville était, elle aussi, divisée en quatre secteurs de défense. Les Templiers et les Hospitaliers, renforcés par les chevaliers de l’Épée et du Saint-Esprit, s’occupaient de la partie Nord, depuis la mer jusqu’à la tour maudite. De ce point, jusqu’au Midi se trouvaient Jean de Grailly et Otton de Granson. Conrad, le Maître des teutoniques, se plaça avec les Chypriotes, à la Tour ronde et à la Tour maudite.
Le 4 novembre 1290, le sultan quitta enfin Le Caire. Mais il tomba malade et mourut le 10 à Mard-jed-ad-Tûr. Sur son lit de mort, il fit jurer à son fils, Malek-el-Ashraf, de mener à bonne fin le siège d’Acre.
Voulant accomplir les dernières volontés de son père, celui-ci expédia, dans toutes les provinces, un ordre de mobilisation générale. En février 1291, il envoya au Liban l’émir Izz ed-dîn Arbek Afram veiller à la construction des machines de guerre. Le 15 du même mois, plusieurs pièces furent montées sous les ordres de l’émir Alam-ed-din Sindschar.
La chronique d’Ibn Ferat apporte ensuite d’autres détails, concernant surtout l’arrivée des troupes. Un autre historien arabe, Abou’l-Féda, entra dans Damas à la tête d’un contingent de l’armée de son père, le prince de Hamah.
Dans la nuit du 24 février 1291, le nouveau sultan, désireux d’illustrer le début de son règne, réunit pour une grande fête au tombeau de son père, tous les notables, les cadis, les docteurs de la Loi. Le 6 mars, ce fut le départ pour Damas. À la fin du mois, les premiers contingents musulmans pénétraient dans la plaine de Saint-Jean-d’Acre.
Le 5 avril, le sultan en personne, à la tête de son immense armée, arriva sous les remparts de la ville, et le siège commença. Face aux 70 000 cavaliers et 150 000 fantassins de l’armée musulmane, la population d’Acre comprenait seulement 40 000 habitants dont 700 chevaliers et écuyers et 800 fantassins. Avec les renforts de la croisade, les Latins ne pouvaient opposer que 15 000 combattants environ.
En outre, l’armée musulmane possédait des catapultes et des machines de guerre que l’historien arabe Abou’l Pharadj évalue à trois cents, tandis que le chroniqueur Amadi cite le chiffre de quatre-vingt-douze.
Six jours plus tard, les machines se trouvaient en place, montées et installées. Le 12 avril
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