Les templiers
elles s’attaquèrent à la haute muraille chrétienne. Un autre historien arabe, Abou’l Muhaçen, dit que ces machines étaient si puissantes qu’elles pouvaient soulever des rocs pesant un quintal.
Dans la nuit du 15 au 16 avril, la lune brillait comme en plein jour. Les Francs entreprirent une sortie par la porte Saint-Lazare. Les Sarrasins furent avertis et les croisés durent vite battre en retraite. Certains d’entre eux eurent la tête tranchée. Le lendemain, le prince Hamah fit suspendre chaque tête aux cous des chevaux qui avaient été pris et les expédia au sultan.
Les musulmans n’ayant pas les moyens de bloquer le port, le roi de Chypre débarqua avec des renforts, le 4 mai suivant. Peu de temps s’était écoulé lorsqu’une sortie fut tentée par la porte Saint-Antoine. Ce fut encore un désastre et un carnage sans nom.
Les mineurs musulmans travaillaient sous la tour Maudite, préparant l’attaque de l’émir Schughaï. Le roi Henri de Chypre, que l’on accusa injustement de mauvaise foi, prit la décision d’ouvrir des pourparlers avec le sultan. Ce dernier répondit qu’il laisserait aux chrétiens la vie et les biens contre la reddition de la ville. Les émissaires refusèrent et le siège reprit.
Le 15 mai, la façade de la tour du Roi Édouard tomba définitivement. Ses débris comblèrent entièrement le fossé, facilitant le passage de l’ennemi qui couvrit les ruines de sacs de sable pour en faire une chaussée. Les douves traversées, les Musulmans s’emparèrent du restant de la tour.
Le 16 au matin, aux premières lueurs du jour, le sultan, à la tête de toute son armée, se rua à l’assaut du rempart par toutes les brèches praticables. Les chrétiens n’opposèrent pratiquement plus de résistance aux assaillants. Le fossé de la Porte Saint-Antoine fut comblé par toutes sortes de matériaux qu’avaient apportés plus de trente mille bêtes de somme. Les défenseurs se retirèrent dans les maisons, jusqu’au moment où l’on vit accourir le Maître du Temple et son couvent, venus d’une autre extrémité de la ville. L’espoir revint, Matthieu de Clermont, Maréchal de l’Hôpital, prit la tête des croisés et alla de l’avant.
Les défenseurs d’Acre, reprenant courage, réussirent à repousser l’ennemi au-delà de la muraille. Un repos de courte durée permit une réunion des autorités de la cité avec les chefs militaires dans la maison de l’Hôpital. Pendant ce temps, d’autres chefs faisaient armer les quelques navires pour tenter de sauver les vieillards, les femmes et les enfants. En vain. Les bâtiments génois étaient trop petits et la mer était déchaînée. Le patriarche Nicolas de Hanapes harangua l’assemblée et prédit la victoire. Une messe solennelle fut célébrée pendant laquelle les rudes chevaliers se donnèrent le baiser de paix et coururent, après avoir pris le repas du soir en commun, prendre leur place sur les remparts.
La journée du 17 se passa dans l’attente. Mais, le 18, ce fut l’assaut final. Aux premières lueurs du jour, l’armée ennemie, au grand complet, se dirigea vers la ville dans un vacarme infernal de cris de triomphe, de trompettes de guerre et de tambours portés à dos de chameaux.
À la tête des colonnes se trouvaient les troupes de renégats, les fakirs fanatiques et les derviches aux longs cheveux noirs. L’armée assaillante était divisée en cent cinquante sections de deux cents hommes chacune. Us se ruèrent sur les brèches que les habitants d’Acre avaient si péniblement rebouchées. Les premières colonnes avaient pour mission d’attaquer la tour Ronde, ou tour du roi de Chypre, gardée par de nombreux Templiers et Hospitaliers, l’élite de l’armée assiégée.
Les chrétiens luttèrent avec courage tant qu’ils eurent des munitions. À épuisement, ils continuèrent avec des bâtons et des faux. C’est à ce moment que le Maréchal de l’Hôpital, Matthieu de Clermont, changea, pour quelques instants, la face du combat. Le répit fut de courte durée. Aux troupes repoussées succédaient des bandes fraîches et surexcitées par les promesses coraniques et celles du sultan. Les mines aidant, une première troupe força les trois brèches de la tour du Roi. Une fois cette tour prise et occupée par les musulmans, le reste des assaillants se rua sur la barbacane, entre la première et la seconde muraille. Les vainqueurs se séparèrent en deux corps. Le premier
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