Les templiers
où la ville de Tyr accepta le protectorat des Mameluks.
En 1287, à la mort du dernier prince d’Antioche, les habitants de Tripoli rejetèrent l’autorité de l’évêque de Tortose, Barthélémy, qui avait été nommé régent par Bohémond VII. Ils créèrent une commune en faisant appel aux Génois.
Les trois maîtres des ordres militaires essayèrent de réconcilier les citoyens de la ville et la sœur du prince défunt, héritière du fief. Lorsque le sultan d’Égypte apprit la chose, il envoya ses émirs, fit appareiller les navires et mit en route les caravanes de chameaux. L’amiral-émir Salah, chargé d’informer le Maître du Temple du déplacement des armées, prévint Guillaume de Beaujeu. Ce dernier s’empressa d’avertir les Tripolitains. Ils crurent que le Maître voulait seulement les effrayer.
Le sultan Qelaoun ‘avançait toujours. Le Maître du Temple envoya le frère Reddeceur, chevalier espagnol, en éclaireur. Tandis que le frère rentrait à Acre rendre compte de sa mission, le sultan arrivait sur les marches de la ville. Au dernier moment, tout fut mis en œuvre pour défendre la cité. Les Chypriotes et l’Hôpital amenèrent leurs contingents de chevaliers et de sergents. Le Temple envoya les siens, avec le Maréchal Geoffroi de Vendac et le commandeur d’Acre, Pierre de Moncade, l’ancien Maître en Espagne. Les Vénitiens, qui étaient à l’origine du désastre, participèrent à la défense. Pas pour longtemps : devant l’échec total, ils gagnèrent le large à bord de leurs vaisseaux, laissant la garnison qui, à leur suite, évacua la place. Le Maréchal du Temple, le commandeur du Temple et le chef des Chypriotes réussirent à s’échapper. Pierre de Moncade, Guillaume de Cardona furent tués, les frères Reddeceur et Hugues, ce dernier fils du comte d’Ampurias, furent faits prisonniers.
Après la perte de Tripoli, une nouvelle trêve fut signée entre le roi de Jérusalem et le sultan. Cette défaite remua l’Occident. Le pape envoya aussitôt vingt galères dé secours. Mais les croisés, par leur brutalité et leur ignorance, précipitèrent la tragédie finale.
L’année 1291 arrivait à grands pas. Philippe le Bel était roi de France, et l’ancien patriarche de Byzance, Girolamo Masci, était pape, sous le nom de Nicolas IV. Déjà, en 1289, Jean de Grailly, capitaine des compagnies françaises de Saint Jean d’Acre, avec les deux dominicains Hugues et Jean, le frère du Temple Bertrand et celui de l’Hôpital Pierre d’Hezquam, s’étaient rendus à Rome implorer du secours. Le pape se trouva seul en Occident pour ranimer le zèle. Il fit prêcher la croisade et alla jusqu’à faire négocier un accord auprès d’Argoun, le khan des Mongols, d’Hethoum II d’Arménie, des Jacobites, des souverains d’Ethiopie et de Géorgie. Le 5 janvier 1291,
Nicolas IV adressait à toute la chrétienté une suprême et déchirante prière en faveur de la Terre Sainte.
L’appel du pape se poursuivait et les prédicateurs recommandaient avec passion aux fidèles de rallier Édouard d’Angleterre. C’est pendant ce temps que le fils de Qelaoun s’empara de Saint Jean d’Acre. Ce fut la catastrophe suprême.
Néanmoins, le prestige de Guillaume de Beaujeu ne cessait de s’accroître. Il s’imposait même à ses ennemis, et le sultan lui écrivit en ces termes : «Le sultan des sultans, roi des rois, le seigneur des seigneurs, Melec el Esseraf ; le puissant, le redouté, le chasseur des rebelles, le chasseur des Francs et des Tartares et des Arméniens, l’arracheur des châteaux aux mains des mécréants... à vous, le Maître, noble Maître du Temple, le véritable et sage, salut et notre bonne volonté. Parce que vous avez été homme véritable, nous vous mandons lettres de notre volonté et nous vous faisons assavoir que nous venons en vos parties pour amender les torts faits, pour quoi nous ne voulons pas que la communauté d’Acre nous mande lettres ni présents, car nous ne les recevrons point. »
Depuis quelques années, les débris des populations chassées petit à petit des côtes de Syrie refluaient vers les murailles protectrices de la première cité Franque d’Orient. On y voyait accourir aussi, chaque année, des milliers d’aventuriers venus d’Occident avec le titre pompeux de croisés.
À l’intérieur de l’enceinte résidaient les états-majors et les principaux contingents des ordres militaires :
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