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Les templiers

Les templiers

Titel: Les templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Daillez
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siècles, beaucoup se seraient révoltés s’ils avaient été obligés à des pratiques blasphématoires. Et les non- dignitaires auraient soulagé leur conscience, au moment du «procès   ». Or, les aveux furent obtenus par la contrainte et la torture   ; si cela avait été, les inquisiteurs n’auraient pas eu à s’adjoindre des bourreaux. Ce qu’il y a eu de magnifique, au contraire, c’est que les frères subalternes se comportèrent de la même manière que leurs supérieurs.
    Lorsque les Templiers furent interrogés sur leurs pratiques blasphématoires, aux excès qui leur furent reprochés, tous auraient donné des descriptions semblables. Ce fut le contraire qui se passa, et, à la lecture des dépositions, les seules concordances que l’on trouve, sont celles qui traitent des règles et cérémonies religieuses prévues dans les statuts. Pour le reste, c’est la diversité la plus totale.
    Cela se comprend   ! Interrogés les uns après les autres et article par article, sur le même canevas d’accusations, les traits essentiels des aveux leur furent suggérés à tous dans les mêmes termes, ce qui n’empêche pas d’y trouver les signes de la fantaisie individuelle.
    Afin de montrer que notre idée ne contient aucun parti-pris, faisons état de la parole de Michelet. Persuadé des désordres du Temple, il remarque que « les dénégations sont identiques, mais que les aveux sont tous variés de circonstances spéciales   ». Et il en tire une étrange conclusion   : « que les dénégations étaient convenues d’avance et que les différences des aveux leur donnent un caractère particulier de véracité   ». Soyons logique   ! Si les Templiers étaient innocents, les réponses qu’ils donnaient aux mêmes chefs d’accusation ne pouvaient pas être semblables, s’ils étaient coupables, leurs aveux auraient dû être pareillement identiques.
    Par exemple, le cas de l’idole en forme de tête   ! Les accusateurs lui donnèrent cette forme. De nombreux Templiers avouèrent l’avoir adorée, mais les aveux s’infirment d’eux-mêmes par leur diversité. Pour certains, l’idole était dévoilée uniquement pendant les cérémonies d’initiation. Bien en peine serait celui qui pourrait décrire ces cérémonies. Pour d’autres, on ne l’adorait qu’en Chapitre secret. Tous ceux qui avouèrent, dirent «je l’ai vue   ». Lorsqu’on leur demanda de la décrire, la tête était noire pour le premier, blanche pour le second, dorée pour le troisième, le quatrième avait vu des yeux flamboyants d’escarboucle, un cinquième deux faces, d’autres trois têtes, deux jambes, deux parties de jambes, ou encore un chat. Celui-ci dit que c’était une statue, celui-là une peinture, l’un qu’elle représentait le Sauveur, l’autre Bahomet ou Mahomet. Enfin, autant de questions que de réponses. Certains même, l’ont entendue parler. Quelques-uns l’ont vue se transformer en chat, ou en corbeau, ou en démon, sous forme de femme. Voilà l’état protéique dans lequel on a reconnu saint Jean-Baptiste et le Makroposopus de la Kabbale. Voilà avec quoi s’amusent les plus ou moins « détenteurs de l’art royal ou de la science   ».
    Le rôle de l’Inquisition fut important comme on l’a vu. L’hostilité des inquisiteurs envers les Templiers se situe dans la fausse accusation d’hérésie portée contre les frères. C’est le Chapitre, la phase du procès la plus intéressante. Jusqu’à présent, Philippe le Bel et Clément V se voyaient attribuer la part capitale de la ruine de l’Ordre. Ils y participèrent, ne les disculpons pas. Mais on n’avait cité l’Inquisition que comme un facteur secondaire. Or, le procès des Templiers fut un procès d’Inquisition, avec toute la rigueur habituelle des tribunaux de cette corporation, sans atténuation aucune. On sait la place importante qu’a joué la torture. À Paris seulement, trente-six Templiers moururent dans les tourments, vingt-sept dans le diocèse de Sens, et combien d’autres encore.
    Les doux agneaux de l’Inquisition, qui, dans les procès-verbaux, déclarent que les aveux ne furent pas arrachés par la crainte des cachots et des tortures, ne peuvent se disculper. Bien plus, on y doit chercher la preuve flagrante de leurs indignes mensonges. Pour revenir à Ponsard de Gisi, le procès-verbal décrit les tortures qu’il endura et leurs effets. Michelet le rapporte, et nous pouvons voir comment

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