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Les templiers

Les templiers

Titel: Les templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Daillez
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les gentils prêcheurs faisaient avouer.
    Autre cas, plus terrible encore, celui du frère Bernard de Vado. Le 17 février 1310, il déclare devant la commission d’enquête qu’il a été soumis à la question et tenu si près du réchaud que la chair entourant ses articulations a été grillée et qu’en peu de jours ses os sont tombés. Comme il fallait des preuves, le frère montre les os à la commission. Comment ne pas être frappé, les faits sont probants. Lorsqu’on pense que des milliers de personnes furent maltraitées dans de pareilles conditions par les prétendus défenseurs de la foi, qui auraient dû avant tout mettre en pratique ce qu’ils prêchaient, il n’y a pas à insister longuement pour réduire à néant toutes les preuves de culpabilité produites par l’Inquisition.
    La torture a joué un très grand rôle dans le « procès   » du Temple, et c’est elle « ménagée par des captivités longues et pénibles qui a fait périr dans les geôles de France un nombre de Templiers beaucoup plus important qu’on l’imagine.   »
    Il est indéniable que l’Inquisition ne se serait jamais attaquée aux Templiers si Philippe le Bel n’en avait été l’instigateur et n’avait pris part à ces attaques.
    On a voulu faire de Philippe le Bel un roi sans reproches. Pourquoi alors, les Templiers de France furent-ils les seuls à subir ces affreux tourments et à être condamnés, sans autre forme de procès   ?
    Cynique, fourbe, lâche, Philippe le Bel ne recula devant rien pour faire de sa volonté la raison suprême de l’État. Rien ne l’arrêtait   ; son absolutisme et la conviction de sa propre infaillibilité étaient ses seuls conseillers. Le mensonge, la tromperie et la duplicité étaient sa seconde nature. Préférant toujours les détours et les traverses, il arriva au comble de la malhonnêteté par ses intrigues diplomatiques, cachant des intentions hostiles sous les aspects de l’amitié.
    Cette fausseté et cette perfidie interdisent de reconnaître en Philippe le Bel, malgré de très grandes qualités d’homme d’État, un homme supérieur et, à plus forte raison, de le ranger parmi nos rois de France qui méritent le nom de Grand. Il éleva le sentiment national, certes, et sut allier ses propres desseins aux intérêts de son pays. Mais, dans l’affaire qui nous intéresse, comme dans celles de Boniface VIII, des Juifs, des Lombards, de l’évêque de Troyes, il fit des hommes d’Église, des prélats, du clergé et même du pape, les instruments de sa volonté.
    Dans ses attaques contre le Temple, il s’assura ainsi des appuis divers. Mais il ne pensa jamais au caractère international du Temple. Tout cela devait le conduire à sa plus grave erreur. Avoir raison de la puissance du Temple, c’était se mettre en face d’un autre grand obstacle, contre lequel il se heurta d’ailleurs, la papauté.
    Le roi de France n’apprécia jamais Clément V à sa juste valeur. Malgré toutes les garanties et les accords cyniques qu’il pensait trouver en la personne du pape et dans les membres de la Curie, la papauté, en tant que pouvoir juridique, se montra plus forte et plus difficile à vaincre. Et pourquoi le cacher, la capitulation de Clément V demeure la défaite la plus honteuse que le Saint-Siège ait subie, une tâche perpétuelle et indélébile dans l’histoire de l’Église.
    D’ailleurs la papauté ne revint jamais sur cette décision, car c’aurait été reconnaître, aux yeux du monde entier la preuve flagrante de son erreur.
    Quant à Clément V, le troisième personnage de l’affaire, il était d’un caractère mou et, surtout, il manquait de force morale. Ambitieux, avide, malgré son habileté, il était dangereux. Sa nature ambitieuse ne l’avait-elle pas poussé à faire des concessions et des promesses pour obtenir la tiare   ? Cela le lia au roi de France, lien qui se prolongea dans le sein même du Sacré-Collège, de la Curie. Il livra le Temple avec toute la complaisance et la dévotion au roi dont il était capable. C’est justement dans ces rapports Philippe-Clément, que se trouve la clef du drame et pas ailleurs.
    L’histoire du concile de Vienne est très obscure. Les actes du concile, par un singulier hasard, n’ont jamais été retrouvés. Ils manquent même dans les archives pontificales. Pourtant, dans l’ombre se dessinent les intrigues malpropres d’un roi de France forçant la main d’un pape, et d’un pape

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