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Les templiers

Les templiers

Titel: Les templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Daillez
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déjà confisquée semblait être entre de bonnes mains. La théorie veut que toutes les propriétés de l’Ordre furent transférées au Saint-Siège qui les remit, aussitôt, aux Hospitaliers   ; dans la pratique, cela n’empêcha pas Philippe le Bel d’en retenir la meilleure part.
    Bien qu’il ait horreur de la législation canonique, le roi de France en prit ce qui l’avantageait. À partir de 1307, les comptes royaux ne furent plus dans l’embarras. Tout d’abord, les canons interdisaient de payer leur dû aux hérétiques   ; d’où l’acharnement d’accuser les Templiers d’hérésie   ; ensuite, Philippe avait fait main basse sur tout le numéraire accumulé, ce dont il ne rendit aucun compte. Le Trésor du Temple de Paris fut transformé en caisse royale.
    La cupidité le poussa encore plus loin. Dès que les dépouilles du Temple furent remises aux Hospitaliers, le roi prétendit que tous ses comptes avec le Temple n’avaient pas été réglés. Il restait créancier pour des sommes considérables, dont il ne pouvait fournir le montant, avouant qu’il ne possédait aucun écrit authentique. Or, nous savons maintenant que lui- même, le jour de l’arrestation des Templiers, fit disparaître toute trace de compte pour anéantir ses créances, mais surtout ses dettes. Les Hospitaliers, après diverses transactions, furent mis dans l’obligation de payer, le 21 mars 1313, la somme de 200 000 livres tournois.
    Les biens mobiliers furent gardés par le roi lui-même jusqu’à sa mort. Il en perçut les revenus et mit quelquefois aux enchères certains bouts de propriété. Ainsi commença l’aliénation de la ferme des domaines du Temple de Paris. Les prix du fermage furent si élevés que beaucoup de fermiers se ruinèrent, et ne pouvant pas payer, Philippe le Bel fit saisir leurs biens. Les Hospitaliers, de leur côté, pour entrer dans leurs domaines, suivant la bulle pontificale, durent verser des sommes énormes au roi. Et les fils de Philippe le Bel, aussi avides que lui, sous le prétexte d’indemniser les frais de procès, de torture et de geôle, réclamèrent des sommes fabuleuses qui mirent les Hospitaliers au bord de la faillite.
    Le pillage et le chantage auxquels se livrèrent certains princes appauvrirent plutôt l’héritier de ces biens qu’ils ne l’enrichirent.
    Durant ce trafic, il y avait des Templiers en prison. Ceux qui acceptèrent l’humiliation des aveux furent relâchés   : les uns vagabondèrent sur les routes de pèlerinages, d’autres allèrent chez les Hospitaliers, certains se marièrent, plusieurs partirent pour l’Espagne et le Portugal. En Allemagne, la plupart des frères se mirent sous la croix teutonique.
    Les « relaps   » connurent une autre fin. Ils furent frappés des châtiments de la loi inquisitoriale   : prison perpétuelle et bûcher. Nous connaissons les deux plus célèbres, que le pape s’était réservé de juger lui-même, Jacques de Molay, le Maître de l’Ordre, et Geoffroy de Charnay, le Maître en Normandie. Ils restèrent en prison en attendant leur sort. Clément ne se pressa pas   ; peut-être se sentait-il trop coupable. En décembre 1313, il décida enfin d’intervenir. Il choisit trois cardinaux pour examiner les chefs d’accusation. Mais l’affaire traîna en longueur. Le 11 mars 1314, jour fixé pour le jugement, les deux dignitaires furent conduits au portail de Notre-Dame pour entendre la sentence qui les condamnait à la détention perpétuelle, pour les crimes avoués. En prison, depuis sept ans, et quelle prison   ! les deux frères, après avoir reçu maintes fois l’espérance d’une prochaine délivrance, furent condamnés au «mur   », selon le terme employé à l’époque. Jacques de Molay, qui avait attendu de longs mois le moment de témoigner devant le pape lui-même, et le Précepteur de Normandie se rétractèrent. Leur déclaration produisit son effet sur les auditeurs   : « Nous ne sommes pas coupables des choses dont on nous accuse, mais nous sommes coupables d’avoir bassement trahi l’Ordre pour sauver nos vies. L’Ordre est pur, il est sain et les accusations sont absurdes et les confessions menteuses.   »
    La foule commençait à remuer. Philippe le Bel et Nogaret surent se servir de la populace. Jacques de Molay reprit ce stratagème qui n’eut pas le temps d’aboutir. Les cardinaux, prévoyant la colère du roi, ne voulurent pas attendre un autre jugement ecclésiastique

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