Les templiers
»
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Ces deux Ordres ont vu se créer à leur côté de prétendues chronologies de grands Maîtres. Deux listes sont données, tout au moins parmi les plus connues. On possède cinq chronologies et combien de mystères.
Ces cinq chronologies descendent des loges maçonniques du XVIII e siècle, et les travaux scientifiques effectués sur de pseudo-documents donnent le même résultat que les prétentions à un héritage, quel qu’il soit, de l’Ordre du Temple. Les Néo-Templiers ne produisent pas de titres prouvant la validité des droits à une succession de Jacques de Molay. Des deux principales chronologies, l’une se situe dans le cadre philosophique qui l’a vue naître au XVIII e siècle, l’autre n’est que le canular pur et simple de la mythomanie de Fabre-Palaprat. Par contre, si nous en croyons les idéologies, la franc-maçonnerie descendrait directement du Temple. Là, nous faisons nôtre la parole du Maître de la Grande Loge de France, qui, dans une émission à la radio, a répondu sur ce point :
« — nous ne connaissons rien des origines de la Franc-Maçonnerie. »
Dans le discours historique de réception des « chevaliers de la Bienfaisance de la Cité Sainte et du Saint-Sépulcre de Jésus-Christ », nous pouvons lire :
« Trois de nos ancêtres, possédant le grand secret, trouvèrent le moyen d’échapper aux recherches générales et particulières que l’on fit contre eux. Ils errèrent longtemps dans les bois et les montagnes, de royaume en royaume ; enfin ils se retirèrent dans des cavernes situées proche d’Heredown en Écosse où ils vécurent, servis et secourus par les chev.’. de Saint-André du Chardon, lès anciens amis et alliés des Templiers. Ces trois Templiers firent une nouvelle alliance avec les chev de Saint-André... Ils sont connus parmi nous, sous le titre de Grands. . R. + ou membres du Gd... Chapitre, les chev.de Saint-André et les FF de ce dernier grade sont les seuls qui puissent espérer parvenir à cet éminent degré... »
Les textes ne donnent pas de noms. La plus ancienne version connue d’une chronologie de la Franc-Maçonnerie templière date de 1760, et se trouvait dans un manuscrit découvert à Strasbourg. Tous les manuscrits concernant une descendance du Temple par les grades maçonniques datent du XVIII e siècle, et nous ne pouvons leur accorder aucun crédit.
Avant d’entreprendre le récit de cette succession, il est une phrase du duc de Brunswick, de la loge des « Trois Mortiers » en Savoie, qu’il faut rappeler : « Quand nous supposerions que les Templiers, ou, ce qui paraît seulement possible, quelques-uns d’entre eux, aient possédé la Science, ce ne serait point une raison pour nous de prétendre nous identifier avec leur Ordre. »
Schiffman, en 1892, donnait en appendice de son livre sur les francs-maçons au XVIII e siècle, le récit complet de cette chronologie, dite du neveu de Molay ou d’Aumont. Le baron Hund, de son côté, la reprend en partie en lui donnant pour origine le Maître provincial d’Auvergne, Pierre d’Aumont, qui s’enfuit en Écosse avec deux autres commandeurs et cinq chevaliers. Or, le dernier commandeur d’Auvergne fut frère Humbert Blanc et, d’après le texte du procès, il était encore en prison en 1311, en Angleterre. Une fois libéré, il entra chez les Cisterciens de Tharne, non loin d’Oxford. Ces deux chronologies n’ont déjà pas le même point de départ, mais elles sont d’accord pour faire d’Aumont un Grand Maître.
Le fondateur du système est le baron Hund. Son récit ne tient pas dans toute sa teneur. Les Templiers ayant échappé au supplice se réfugièrent les uns en Écosse, les autres en des lieux écartés. Molay avait déjà compris le sort réservé à son Ordre, mais il se résigna au sien et songea aux moyens à employer pour « conserver, propager et perpétuer les sublimes connaissances et les principes fondamentaux de l’Ordre. » Ayant jeté les yeux sur son neveu, le comte de Beaujeu, « qui avait témoigné une vocation décidée pour entrer dans l’Ordre », il le fit venir, quelques jours avant la date fixée pour son supplice. Il lui ordonna de descendre pendant la nuit dans la crypte réservée à la sépulture des Grands Maîtres du Temple et de prendre, sous un des cercueils, un « écrin de cristal monté en argent » dans lequel se trouvait la relique d’un doigt de saint
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