Les templiers
de ces « successions » templières n’en reste pas moins celle de Bernard-Raymond Fabre-Palaprat, docteur-pédicure, patriarche johanniste de l’Église catholique primitive et Grand Maître de l’Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem.
Grâce à lui, nous avons une chronologie des Grands Maîtres par Larmenius, patriarche d’Orient pour les uns, ancien commandeur de Marseille pour les autres. Cette pseudo-templerie prétendait descendre directement de Jacques de Molay par une suite de Grands Maîtres, tous de haut rang, mais n’ayant chacun rien à voir avec une maîtrise. Tout fut inventé par Palaprat, mais la généalogie, comme nous le verrons une autre fois, a une autre histoire plus rocambolesque encore.
Ces néo-templiers sortirent de « l’ombre » en 1808, au cours d’une messe célébrée en l’église Saint-Paul Saint-Antoine de Paris, le jour anniversaire de la mort de Jacques de Molay. À cette occasion, toute la panoplie du folklore et du canular fut déployée. Elizée de Montagnac, dans son « Histoire des Templiers et de leurs prétendus successeurs », nous en fait une savoureuse description : « Leur manteau était doublé de la même fourrure que la chlamyde – c’est-à-dire d’hermine – et la croix rouge se trouvait sur l’épaule. Leur ceinture était garnie de frange d’or. Leur toque, en hermine, entourée d’une bandelette et surmontée d’une houppe à trois aigrettes d’or, était ceinte, pour le Grand Maître, d’un diadème de même métal. Les hauts-de-chausses étaient de soie brodée d’or. La poignée de l’épée en or massif garnie de rubis. »
La cérémonie carnavalesque eut lieu dans un cadre aussi pittoresque. L’église, toute tendue de noir, reçut un somptueux catafalque sur lequel on avait posé une couronne impériale, le spectre et la croix. Palaprat se contenta d’un trône dressé près du catafalque. La messe se déroula avec toute la pompe nécessaire. Le primat de l’Ordre, co-adjuteur général du Grand Maître, Pierre Romain de Rome, qui n’était autre que le chanoine de Notre-Dame, l’abbé Clouet, prononça l’oraison funèbre de Molay. Habillé du camail de l’Ordre, il portait une cordelière, tandis que les princes de l’Ordre Souverain avaient revêtu la chlamyde fourrée d’hermine et ornée de la croix pectorale en laine rouge. Ainsi accoutrée, l’Église ressemblait plus à une salle de carnaval qu’à un lieu de prière.
Le Grand Maître portait le bâton pastoral terminé par un globe surmonté de la Croix de l’Ordre. La quincaillerie ne faisait pas défaut. À son cou, Palaprat portait une chaîne de quatre-vingt-un chaînons au bout de laquelle pendait une croix pattée, émaillée rouge avec, au centre, un médaillon représentant à l’avers Hugues de Payens et au revers « Palaprat soi-même ». Noblesse, souveraineté et principauté obligeaient ! Autour de l’effigie d’Hugues de Payens on lisait la devise « Pro deo et Patria » tandis que Palaprat se voyait accorder celle de « Ferro, non auro muniunt ».
Un second collier, en forme de rosaire, complétait le premier. Composé de quatre-vingt-une perles ovales, émaillées rouge, à l’exception de chaque neuvième qui, plus grosse, était émaillée blanc. Ces dernières étaient surmontées des lettres I.H., la première noire et la seconde rouge, entourées de palmes vertes.
Un grand cordon de soie rouge bordé de blanc barrait la poitrine du Grand Maître de droite à gauche. Au bas de ce cordon, pendait la croix conventuelle qui n’était autre que la croix patriarcale. Lorsqu’on compare ces insignes avec le diplôme que nous donnons en figure, on comprend tout de suite d’où venait Palaprat.
Responsable d’un schisme à l’intérieur des Rose-Croix, il fut épaulé par Napoléon qui voulait en créer un au sein de l’Église catholique afin de contrôler les pouvoirs temporel et spirituel en France. Pour justifier son titre, Bernard-Raymond Fabre-Palaprat s’appuyait sur une charte de transmission remontant à 1324, dont il n’était accordé qu’à de rares privilégiés la faveur de voir l’original. Bien sûr, les – paléographes auraient aussitôt compris. Que disait cette charte de transmission, conservée à Londres actuellement, et qui date, selon les experts du XVII e siècle ?
D’où Palaprat sortait-il son ordre ? La supercherie est frappante. Nous avons pris la
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