Les templiers
Jean-Baptiste. Le jeune comte s’acquitta de sa tâche. Molay l’initia aux mystères, et lui fit jurer de perpétuer l’ordre suivant les temps et jusqu’au jour du jugement dernier où Molay lui demanderait des comptes « devant le Grand Architecte de l’Univers. »
Le Maître prisonnier remit alors à son neveu trois clés et lui révéla secrètement que le cercueil, sous lequel il avait trouvé l’écrin, renfermait le coffre des annales et des papiers secrets de l’Ordre, la couronne des rois de Jérusalem, le chandelier à sept branches en or et les quatre évangélistes d’or qui ornaient l’église du Saint-Sépulcre. Ces objets avaient été transportés, en secret toujours, par Molay lui-même, de Chypre à Paris.
Après le supplice du Maître, Beaujeu et neuf chevaliers mêlèrent leur sang et firent vœu de maintenir l’Ordre tant qu’il y aurait neuf Architectes Parfaits. Le plus beau de la légende se situe dans le déménagement du cercueil, avec l’autorisation de Philippe le Bel. L’ordre fut secrètement reconstitué et Beaujeu fut élu Grand Maître. Un nouveau rituel fut nécessaire et le nouveau Maître l’emprunta en partie aux usages anciens.
À la mort de Beau jeu, l’autorité suprême échut à Aumont, un des Templiers fugitifs qui avaient trouvé asile en Écosse.
Une autre version de la succession templière trouvait son origine dans un manuscrit hongrois, daté de 1761, et qui associait les Templiers à la Société des Argonautes.
Ces légendes furent exploitées par les loges maçonniques de la fin du XVIII e siècle. Les alchimistes, de leur côté, créèrent aussi la légende templière qui, propagée par la Stricte Observance maçonnique, fut modifiée par les Chevaliers bienfaisants de la Cité Sainte.
La thèse de l’ésotérisme templier date du début du XIX e siècle. Elle fut soutenue et propagée par l’Allemand Schlegel, dans son « Histoire de la littérature ancienne et moderne » parue en 1829. Le Baphomet trouve son origine dans la publication de Joseph Hammer-Purgstall : Mysterium Baphometi revelatum, qui date de 1818. Il accusait les Templiers d’avoir été gnostiques, ophites, apostats, idolâtres. Sylvestre de Sacy, en 1819, ayant prouvé que le Baphomet n’était autre qu’un reliquaire, Narmer renchérit en 1832 dans son livre : « Mémoire sur les deux coffrets gnostiques du cabinet de Mgr lé Duc de Blacas. »
Un autre groupe prit la défense de la légende maçonnique. Son chef de file fut Michaud, avec son « Histoire des Croisades » dont le premier volume parut en 1811.
Toute la littérature et la philosophie sur l’ésotérisme et le gnosticisme templier prit un départ assez rapide après la Révolution française, suite à certaines idées propagées dès le dernier tiers du XVIII e siècle.
Que penser de cette renaissance de l’Ordre du Temple ? Les loges maçonniques actuelles savent très bien à quoi s’en tenir et on ne peut que leur rendre hommage.
Les ordres templiers prennent tous au mot le texte de la bulle disant que l’ordre était aboli par voie de provision et non par sentence définitive. Mais la suite du texte ne dit pas qu’il pourrait être rétabli par le pape ou ses successeurs. Seul un concile pourrait se prononcer sur son éventuelle culpabilité.
Les Templiers, fidèles à l’Église qu’ils défendaient, n’ont pu soutenir qu’ils n’avaient pas été abolis. Et les prétendus lignages templiers sont de pures inventions. Le Templier qui entrait dans l’Ordre ne se voyait pas octroyer automatiquement l’agrégation à l’Ordre. Comme dans tous les ordres monastiques, seule une agrégation spirituelle, prévue par le droit canon, et non par les statuts, était consentie. Car on était du Temple, on ne pouvait pas être en marge. Les donats, les confrères, ne pouvaient juridiquement, à l’intérieur même du droit templier, prétendre à remplacer le grand-Ordre.
Ce qu’il y a de navrant dans ces prétendues successions, c’est que pendant près de quatre siècles personne n’a dû, ou n’a cru pouvoir se dire Templier, et que depuis 1705, surtout avec Fabre-Palaprat, on se gargarise de ce mot.
Le plus vivace rejeton de ces descendances templières trouve son origine dans une association qui adopta les grades maçonniques et prit le nom d’Ordre d’Orient, avant de devenir l’Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem.
Mais la plus singulière
Weitere Kostenlose Bücher