Les templiers
qui n’est pas templière puisqu’on n’armait pas dans le Temple, pas plus qu’on adoubait comme on voulait.
Les historiens de ce carnaval templier sa font une gloire de n’avoir possédé, avant la Révolution, que des personnes illustres. On ne peut en dire autant à l’élection de Palaprat.
Palaprat et ses trois acolytes firent mieux encore en inventant un trésor dont la minute fut dressée le quatorzième jour de la lune de Tais, l’an de l’Ordre 692, du Magistère le dixième. Ce trésor possédait un reliquaire de cuivre en forme d’église gothique, une épée de fer à poignée en forme de croix surmontée d’une boule et « présumée avoir servi au G.M. Jacques Molay », un casque de fer à visière, armorié de dauphins et damasquiné d’or, « présumé être celui de Guy dauphin d’Auvergne », un ancien éperon de cuivre doré, une patène de bronze, une paix en bronze doré, trois sceaux gothiques en bronze de grandeur différente « désignée dans les statuts sous les noms de sceau du Grand Maître Jean, sceau du chevalier croisé et sceau de Saint-Jean », un haut de crosse d’ivoire et trois mitres d’étoffe, l’une en or et brodée de soie et deux en argent brodées de perles, le baucéant en laine blanche à la croix de l’ordre, le drapeau de guerre en laine blanche à quatre raies noires.
Lorsqu’on sait que les Templiers n’avaient rien de doré, qu’on lit dans les textes quelles étaient les couleurs du gonfanon haussant et que le Temple n’avait pas de drapeau de guerre sinon le gonfanon, on se rend compte de la supercherie. Néanmoins, nous devons encore prouver que ce trésor factice est une invention de Palaprat. Dans les trois bibliothèques où nous avons retrouvé les archives de cet ordre templier, nous avons pu lire toutes les factures adressées au Grand Maître, par des antiquaires pour les « achats de mitres, etc. », par des graveurs « pour les sceaux ». Que dire de plus !
Les quatre compères mirent au point leur organisation en 1806. Des statuts rédigés en latin étaient composés en quarante-trois secteurs ; l’un étant la Règle donnée par saint Bernard, version Palaprat.
L’Ordre se divisait en trois classes : Maisons d’Initiation, Maisons de Postulance et Convents.
Le document dont nous nous servons ne se trouve pas dans le fond néo-templier des archives nationales, mais dans un ensemble de documents concernant la franc-maçonnerie. C’est le premier inventaire des acolytes établi dans la hiérarchie des maisons.
Le Convent magistral, appelé « magistropolis », comprenait le Grand Maître, le lieutenant général d’Asie, celui d’Afrique, celui d’Europe et celui d’Amérique. Les ministres, sous la direction du suprême précepteur, étaient à la tête d’un demi-continent. Il y avait quatre primats, un Grand Sénéchal avec le titre de Vénérable doyen et le Secrétaire magistral.
Venaient ensuite les conseillers magistraux, affublés de tous les titres pompeux d’une armée, allant des grands connétables, maréchal, amiral, le vice- grand amiral, le grand prieur général, grand bailly, grand hospitalier, grand chancelier, grand trésorier, les vices de tous, les capitaines généraux d’infanterie, artillerie, etc. Enfin un total de vingt-cinq dignitaires.
Les conseillers du Palais se rassemblent à huit, tandis que les conseillers de langue n’étaient que quatre.
Le couvent de Paris était dirigé par un gouverneur, un prieur, un commandeur des novices, un sous- prieur, un connétable, un procureur, un maître des cérémonies, un conservateur et un chapelain. Avec soixante-dix-neuf membres, la communauté parisienne se complétait par les grands adeptes de l’Aigle Noir, avec comme supérieur un vénérable doyen, le ministre grand sénéchal Jean Pierre Joseph d’Égypte, qui n’était autre que Niel, habitant au 285 rue Saint-Honoré. La sous-marque de cette hiérarchie était fabriquée par les initiés.
Ces maisons d’initiation étaient présidées par le vénérable doyen, assisté du vénérable adjoint, du préfet des gardes, du censeur hospitalier, du chancelier, du questeur, du maître des cérémonies et du secrétaire. Ceux qui étaient ainsi « initiés » ne connaissaient le système Palaprat que sous le nom d’Ordre d’Orient.
Les maisons de Postulance n’acceptaient que les adeptes du Grand Aigle Noir de saint Jean l’apôtre et les adeptes
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