Les templiers
textes arabes, souvent plus objectifs.
En ce qui concerne Jacques de Vitry, nous préférons l’utiliser surtout pour le XIIIe siècle, tout en le confrontant, lui aussi, avec les chroniques arabes ou arméniennes, étant donné qu’il ne découvre chez les Templiers que du bien et exagère quelquefois dans le sens contraire de Guillaume de Tyr.
Continuant son récit, Ousama raconte comment il échangea avec les Templiers son propre frère contre un chevalier de l’Ordre, sans qu’il soit question de rançon, cette fois.
Le Temple, à cause de la tragédie dont il fut la victime, et du halo ésotérique dont on l’affuble trop souvent, est l’ordre militaire sur lequel on a le plus fait de comparaisons, fausses d’ailleurs, en matière de constructions et de défenses.
Les lois de la guerre s’appliquaient dans toutes les formes de la vie. En Palestine, les Templiers reçurent des châteaux déjà construits, tout au moins dans les débuts : Gaza, cédé à l’Ordre en 1149, Saphet en 1169, Tortose en 1165. Jérusalem perdue, seul les deux ordres du Temple et de l’Hôpital furent assez puissants et riches pour entretenir leurs forteresses. Mais comment étaient-elles bâties ? Avaient-elles des rapports de construction avec les forteresses musulmanes ?
Le premier devoir du musulman était de propager la religion par les armes. Pour lui, la Guerre Sainte se faisait de deux manières : tout d’abord sur le pays de droit, c’est-à-dire sur le territoire déjà soumis au Coran, comme la Palestine. Ensuite, sur les pays infidèles qu’il fallait réduire au tribut.
Le devoir du chrétien était pratiquement le même, à la seule différence qu’il devait défendre la foi par les armes et non pas la propager de cette manière. Ce qui d’ailleurs ne fut pas très pratiqué, principalement dans les pays baltes.
Les constructions, qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes, avaient un rapport étroit avec la Guerre Sainte. Le Ribat musulman, à la fois forteresse, couvent, refuge, est de beaucoup antérieur aux ordres militaires. Lorsque les musulmans remplacèrent les Byzantins, en particulier sur les frontières maritimes, ils occupèrent les forteresses de défense élevées par leurs prédécesseurs et en construisirent d’autres suivant le même modèle. L’ensemble de la forteresse présente un plan régulier, flanqué, aux quatre angles, de tours rondes ou carrées. Un crénelage couronne tours et courtines. D’autres tours carrées, plus petites, défendent les côtés de la forteresse et leur nombre varie selon la distance d’une tour d’angle à l’autre.
Ce système fut employé en Terre Sainte comme dans la Péninsule ibérique. Et les auteurs qui reprochent aux Templiers d’avoir copié leur mode de défense sur les musulmans se trompent complètement, étant donné qu’il se rencontre aussi bien à Avila qu’à Tolède, à Chàteau-Pélcrin et Trujillo qu’au Crack des chevaliers et qu’à la forteresse de Saône. En dehors des murs d’enceinte, il existe, chez les musulmans comme chez les Templiers ou les Hospitaliers, et même dans les forteresses séculières, des ressemblances frappantes découlant de Byzance et non de la religion islamique, des anciens Égyptiens, de Salomon ou autre.
Sur les chemins de ronde, on accède souvent à des salles ou cellules. Chez les musulmans, on peut voir des salles d’ablutions. Divers escaliers permettent facilement et rapidement de parvenir à tous les points de défense. Cette caractéristique se retrouve dans toutes les forteresses tant en Palestine, qu’en Espagne ou en Sicile, qu’elles soient chrétiennes ou islamiques.
Si, dans le Ribat, la porte d’entrée est surmontée d’une salle réservée à la prière, dans les forteresses chrétiennes c’est une salle d’armes ou de veillée, la chapelle étant pratiquement construite dans le donjon.
Ce système défensif est donc identique chez tous. Dans les rabitas, une tour ronde sert de minaret et de tour à signaux, alors que chez les chrétiens nous avons la tour donjon. C’est la seule différence.
Nous donnons, pour comparaison, quelques plans : templiers, hospitaliers, seigneurs laïcs et musulmans. En dehors de quelques petits détails, l’ensemble est le même. Pour les ordres militaires, comme pour les fidèles de Mahomet, la construction était à la fois une forteresse et un couvent. Le système employé par les Templiers de jalonner les
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