Les templiers
« par l’énergie, la munificence avec laquelle les Templiers travaillèrent. »
C’était -une construction quasi inaccessible et inexpugnable. Elle était entourée de fossés ayant sept cannes de profondeur (13,692 m), six de large (11,736 m) et trois cent soixante-quinze de pourtour (733,500 m). La forteresse était protégée, en outre, par des barbacanes, des souterrains couverts, des tranchées, et la défense était assurée par sept tours garnissant les murs d’enceinte. La Maison du Temple mit deux ans et demi pour construire le château de Saphet et la dépense s’éleva à la somme de quarante mille besans, en plus des revenus du domaine. Chaque jour, il fallait prévoir la nourriture « pour plus de mille sept cents personnes et, en temps de guerre, pour deux mille deux cents ». La garnison s’élevait à cinquante frères chevaliers et trente frères sergents, avec leurs chevaux et leurs armes, cinquante Turcopoles avec leur chevaux et leurs armes, trois cents balistes, huit cent vingt écuyers et serviteurs, quarante esclaves.
Le domaine comprenait tout le nécessaire pour la vie quotidienne : forêts (sic), vignes, vergers, pâturages. On récoltait des figues, des grenades, des amandes, des olives, du blé et du raisin en abondance. Un bercail abreuvait les animaux et irriguait les jardins potagers. D’autres citernes d’eau potable comblaient le déficit. Hors du château tournaient douze moulins à eau, tandis qu’à l’intérieur même de la forteresse, d’autres étaient actionnés par le vent ou par les bêtes de trait.
Ces renseignements sont des plus utiles. Ils permettent d’évaluer, approximativement bien sûr, les dépenses des ordres militaires pour l’entretien des châteaux et maisons en Terre Sainte. Les principales furent pour le Temple seul : Château-Pèlerin, Saphet, Belvoir en Galilée, Beaufort et Arcas dans le Labanon, Château-Rouge, Château-Blanc (Safita), Tortose en Syrie, Bagras, Gastein sur l’Oronte, la Roche-Guillaume, la Roche-Russole, Darbesack, le port de Bonelle, le ponton de Janua en Arménie. À ces grandes possessions devaient s’ajouter Tripoli, Acre, Beyrouth et quelques autres. Il y avait, en outre, l’entretien du couvent qui comprenait d’après certains textes, trois cents à quatre cents chevaliers, autant de frères sergents du couvent, les écuyers, les turco- poles, les caravanes de chevaux de combat pour le change des montures et les bêtes de somme. Les deux couvents d’Antioche et de Tripoli s’ajoutaient aux dépenses ainsi que les maisons d’Espagne. Aussi imagine-t-on facilement la convoitise de Philippe le Bel, lorsque les Templiers n’eurent plus les possessions de Terre Sainte.
Quoi qu’il en soit, les problèmes financiers étaient importants et ne purent pas toujours être résolus. Les papes encouragèrent les fidèles, par l’intermédiaire des prélats, à faire l’aumône aux Templiers. Déjà le 25 janvier 1154, Anastase IV avait demandé à tous les prélats de la chrétienté, d’engager les fidèles à soutenir l’Ordre du Temple par des quêtes et à s’affilier avec lui pour participer aux indulgences. Alexandre III en fera autant au mois de décembre 1163, le 3 avril 1177, etc. Le même pape, dans la bulle « Cura nos admonet », du 12 avril 1180, par laquelle il apprend la mort du Maître aux rois et princes chrétiens, expose les événements de Terre Sainte et la défaite des Templiers. Tout en demandant de prendre les armes contre les infidèles, il incite à aider l’Ordre financièrement. Le 22 février 1181, dans une autre bulle datée de Velletri, Alexandre III exhorte tous les prélats à recevoir des biens pour les chevaliers du Temple en raison des grands travaux qu’ils ont réalisés et perdus pour la défense du christianisme. Il les charge de recouvrir des aumônes pour la milice qui a perdu son Maître, son Sénéchal et un très grand nombre de chevaliers. Le pape fait allusion à la perte de Châtelet en 1180 et à la situation alarmante de la Terre Sainte dont témoignent certaines lettres du Maître de l’Hôpital. Cette crise financière continuera quelque temps puisqu’en 1182, Lucius III adresse aux archevêques métropolitains de Narbonne, Auch, Arles, Aix-en-Provence une bulle stipulant que toute personne ayant emprunté de l’argent au Temple doit rendre ses gages dans les trente jours.
Cette période est très importante pour le droit templier. En
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