Les templiers
d’hommes et de célibataires ! Descendant de la branche cadette de Mahomet par Ismaël, fils d’Agar, ils se séparèrent de la branche officielle pour rester entre eux, suivant les préceptes de l’Islam. Ils ne descendent pas d’un Iman Ismaël, fils de Dosheferi-Sudik, comme on l’a écrit.
L’ambassade, une fois arrivée à Jérusalem, se rendit chez le roi Amaury. Il accepta aussitôt les propositions du Vieux de la Montagne. Les émissaires s’en retournèrent vers leur maître avec des lettres et des présents. C’est alors que les Templiers les attaquèrent et les égorgèrent. Les éclaircissements apportés par les Chroniques ne permettent pas de rien affirmer. Néanmoins, nous savons que les ambassadeurs portaient une lettre exigeant l’abandon par les Templiers du tribut qu’ils levaient sur leurs territoires. Le roi Amaury, ayant donné son approbation, promit de donner aux chevaliers une somme égale à celle que leur devaient les Assassins. Mais on peut se demander jusqu’à quel point les Templiers ne furent pas sceptiques et ne prirent pas certaines promesses pour illusoires. Amaury, en colère, indigné, s’excusa auprès du Vieux. Ce dernier ne voulut plus rien entendre ni rien savoir de son alliance et de sa conversion au christianisme. Le roi demanda à Eudes de Saint-Amand de livrer les meurtriers en justice. Il refusa. Il fit savoir que le coupable était un certain Gautier du Mesnil, chevalier stupide et borgne, ‘qui devait être jugé en Chapitre et non par une justice laïque, ce qui était contraire à l’Ordre. Devant ce refus, Amaury fit le siège de la Commanderie de Sidon, se saisit de la personne de frère Gautier et le fit enfermer dans les cachots de Tyr où il mourut. Guillaume de Tyr poursuit son récit en disant que le roi avait l’intention de venger les Assassins et de remettre le Temple dans un autre chemin, car il devenait un véritable danger pour le royaume.
Cet exemple reflète le mal de l’époque : la lutte divisant le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Lorsque le Maître du Temple refusa de livrer son frère, il était dans une situation semblable à celle de Thomas Becket et des prélats français occupant certaines charges politiques. Toutefois Eudes de Saint-Amand manqua énormément de tact dans cette affaire. Car si, dans le Temple, les affaires politiques complétaient les privilèges ecclésiastiques, il aurait pu éviter, avec plus de diplomatie, ce conflit important qui ne cessa de perdre la Maison. Heureusement, la mort d’Amaury sauva le tout.
Ce fut aussi sous la maîtrise d’Eudes de Saint-Amand qu’eut lieu un important différend. Les diverses querelles nées de la jalousie des deux ordres ne trouvèrent une solution que par un traité ratifié par Alexandre III, le 2 août 1179.
Le 11 juillet 1174, Amaury mourut à l’âge de trente-neuf ans, emporté par le typhus. Il laissait un fils de treize ans et deux filles. Ce fils, Baudouin IV, était atteint de la lèpre. La régence revint à Raymond de Tripoli, cousin du roi défunt, par sa mère. L’état périlleux du royaume ne semblait pas inquiéter les barons et les prélats. Les racines profondes du mal étaient une mauvaise politique et le travail rongeur des partis.
Sous cette régence, de 1174 à 1177, la Terre Sainte connut les dernières années de paix relative. En effet, Saladin, dans le courant de l’hiver 1174-1175 assiégea Alep et les Turcs firent appel aux Francs, désunis et affaiblis. Maintenant son idée d’une Syrie musulmane unie, Saladin entretenait le feu de la guerre. Dès le mois de juillet 1176, il revint assiéger Alep. Baudouin comprit combien la situation était angoissante. Son armée guerroyait entre Antioche et Alep. Il devança Saladin à Ascalon. Mais celui-ci, à la tête de vingt-six mille hommes se dirigeait sur Jérusalem, laissant seulement un petit effectif. Brûlant et pillant tout ce qu’il trouvait sur son passage au travers de la plaine entre Ascalon et Ramla, il marcha triomphalement et sans rencontrer d’obstacles. Le jeune Roi, en garnison à Ascalon, fit une sortie derrière l’armée turque. La petite troupe franque fut renforcée par l’arrivée de quatre-vingts chevaliers du Temple conduits par Maître Eudes de Saint-Amand. Les musulmans, croyant venir à bout de cette petite troupe, perdirent leur constance et lâchèrent pied. L’armée des infidèles avec ses milliers de Turcs, Kurdes, Arabes et Soudanais
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