Les templiers
avec trente milles hommes. Amaury conclut un traité avec Shirkûh, puis rentra à Jérusalem et mit Antioche en état de défense.
À l’approche des Byzantins, il libéra Bohémond III, prince d’Antioche. Au même moment, Nûr-El-Dîn lança une attaque sur le comté de Tripoli et enleva les forteresses d’Harim et de Belanas. Antioche fut assiégée. La lettre du Maître du Temple à Louis VII est complétée par celle de Geoffroy Foucher, commandeur du royaume de Jérusalem et Grand Commandeur de l’Ordre en l’absence du Maître. Le dignitaire s’occupait des nombreuses affaires de son ordre. Il était en Palestine en 1144, comme le signale le cartulaire du Saint-Sépulcre. En 1146, il assista à la donation de Fontes, en Espagne. En 1148, il était à nouveau en Terre sainte en compagnie d’Evrard des Barres. Au printemps 1164, il était visiteur de France et d’Angleterre. Reparti pour Acre, il devint trésorier de la maison. Il écrivit au roi de France, cette même année, sûrement entre les pertes d’Harin et de Belvias, c’est-à-dire entre le 11 août et le début d’octobre.
Le Grand Commandeur, dans une deuxième lettre au roi écrite vers la même époque, apporte quelques détails complémentaires : Hugues de Lusignan est prisonnier à Alep ; soixante frères de l’Ordre sont morts, sans compter les confrères et les turcopoles. Geoffroy Foucher est désespéré : Antioche est aux mains du patriarche, mais le ravitaillement manquera dans deux mois et l’empereur byzantin menace, à son tour, d’assiéger la ville. Il termine sa lettre avec dureté. : « Et nous, si peu nombreux à Jérusalem, nous sommes menacés d’invasion et de siège. »
L’état du royaume de Jérusalem était précaire. Le 17 octobre 1167, Belvias fut livré aux Turcs. La situation d’Antioche était critique. Dès le début de l’année 1169, Amaury fit appel à Louis VII et à Frédéric Barberousse qui ne répondirent pas, étant trop occupé en Europe. Entre-temps, Amaury, rentré en Palestine, se porta au secours d’Antioche. Nûr-El-Din abandonna le siège du Caire. La cour d’Égypte passa une alliance avec les Francs. Afin de protéger le Khalife du Caire contre une nouvelle attaque des Syriens, Amaury envoya deux ambassadeurs recevoir le traité d’alliance et de fidélité des Fatimides. Le roi choisit le comte Hugues de Césarée et frère Geoffroy Foucher du Temple. L’expérience diplomatique du Templier fut très utile. Ferme et courtois, le frère prit une grande part dans cette affaire. Guillaume de Tyr, malgré le rôle effacé qu’il donne à l’ambassadeur templier, raconte les détails de cette mission. Us arrivèrent devant le Khalife, assis « sur un siège très précieux d’or et de pierre. » Il devait être bien jeune, car « la barbe commençait à pousser ». L’accompagnateur des deux ambassadeurs, après avoir baisé les pieds de son maître, « s’assit à terre et à ses pieds ». Ayant évoqué la menace qui pesait sur l’Égypte, les envoyés obligèrent le Khalife à engager sa parole la main dans la main. Voyant qu’il ne pouvait faire autrement, le Khalife tendit sa main voilée de soie à Hugues de Césarée qui refusa en disant : « Sire, si vous ne voulez pas ôter la couverture de votre main nous, simples gens, aurions grand soupçon de la déception de cela. » Le Khalife, afin de calmer le désarroi et le courroux des envoyés, tendit sa main nue « et s’engagea dans la main d’Hugues de Césarée. »
Le roi Amaury tenta une troisième campagne en Égypte. Elle se termina par un accord entre Amaury et Shirkûh. La cour du Caire commença à verser une partie du tribut de cent mille pièces d’or, pour s’assurer l’amitié et l’aide militaire des Francs.
Néanmoins, les troupes franques renouvelèrent leur expédition contre le roi d’Égypte, leur propre allié. Le siège du Caire fut entrepris. Mais le vieil ennemi Shirkûh était dans la péninsule du Sinaï. Amaury dirigea ses troupes sur Bilbeis, alors que l’adversaire investissait Le Caire.
Un nom, qui allait être d’actualité, apparut alors. Parmi les chefs des armées de Shirkûh se trouvait Saladin. Le 18 janvier 1169, il assassina le grand vizir Shavâr et s’empara du Caire. Shirkûh mort, la ville fut aux mains du jeune neveu. Au mois d’août 1169, Saladin fit massacrer la garde soudanaise et arménienne du Khalife. Il supprima alors le
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