Les templiers
qui ne font rien d’irrégulier en résistant. Les frères du Temple ne sont pas des clercs et ils ont le droit de se défendre lorsque vous les attaquez, surtout que vous leur enlevez le nécessaire pour faire la guerre aux païens. Étant donné que vous détenez et fortifiez leurs châteaux, il n’est pas étonnant qu’ils se maintiennent et se défendent contre vous à Antioche. » Plus loin, le pape continue, soutenant les frères : « ... Ils nous demandent instamment d’exécuter ce que l’indulgence du pape Alexandre III leur accorde le droit de faire, sinon plusieurs d’entre eux nous affirment qu’ils quitteront la Terre Sainte... Ne croyez pas que nous disons cela en faveur du Comte, ni par affection pour les Templiers, car nous aimerions mieux les voir observer leur Règle que de vous faire la guerre. »
Innocent III tendait une perche que Léon refusa. Gastein resta entre ses mains. Il n’écouta pas le pape lorsqu’il dit que les Templiers pourraient lui être aussi bien secourables que nuisibles. Le Pape soutint toujours les Templiers, et il fit confirmer l’excommunication du roi d’Arménie par le patriarche Albert. La lutte continua jusqu’en 1213, date de la capitulation de Léon. Les Templiers récupérèrent tous leurs biens et l’absolution fut accordée.
Léon ne tarda pas à se distinguer une nouvelle fois, en encourageant son petit-fils à lancer l’attaque sur Antioche. Il mit la cité à feu et à sang, en 1216, avant de se faire sacrer solennellement dans la cathédrale Saint-Pierre par le patriarche Pierre II.
Les Templiers étaient à nouveau maîtres de leurs biens à Gastein, Bonelle, Darbesack, la Roche Guillaume et la Roche Russole. Ils développèrent leurs possessions en Arménie et firent même du commerce avec Gênes par leur ponton d’Ajasch, dans le golfe d’Alexandrette. Mais ils se retirèrent de toutes les suites de la guerre d’Arménie.
CHAPITRE XIII Les campagnes d’Égypte
À la mort d’Amaury II, le royaume de Jérusalem était dans un état précaire. La débâcle de 1187 avait ruiné une partie des élans, et seule une aide massive venue d’Europe pouvait rétablir la situation. Les deux premiers papes du XIII e siècle, Innocent III et Honorius III, vont avoir un souci constant de la Terre Sainte.
Le premier acte important d’Innocent III fut de placer les royaumes de Jérusalem et de Chypre sous la protection du Saint-Siège. Alors que les chrétiens avaient contrôlé les routes de Damas au Caire, de Palestine à La Mecque, c’étaient maintenant les musulmans qui percevaient le tribut de6 chrétiens visitant Nazareth, le tombeau du Christ et les rives du Jourdain. La situation était claire pour les musulmans : les troupes franques ne les arrêtaient plus. Les chrétiens occidentaux n’étaient plus une gêne pour leur commerce.
En dehors de cela, la faiblesse croissante de la royauté, la situation des princes et des barons ne régnant que par le droit féminin, permirent aux papes d’être les seuls véritables protecteurs des bandes de terre de Palestine. Les ordres militaires furent les agents de liaison, les Templiers surtout, qui eurent les grâces d’Innocent III. Les papes donnèrent de nombreuses directives aux Templiers ; cela permet d’évaluer l’importance politique de l’Ordre, tout au moins dans la première moitié du XIII e siècle.
À la mort d’Amaury de Lusignan, en 1205, un Conseil de régence administra le royaume jusqu’à la majorité de Marie, fille de Conrad de Montferrat. Néanmoins, si les Maîtres des Ordres Militaires de l’Hôpital et du Temple appartenaient à ce Conseil, Jean d’Ibelin, qui en faisait également partie avec le patriarche, fit respecter l’héritière par les barons du royaume et les ordres religieux, surtout ceux établis à Acre.
En 1204, une trêve avait été établie, pour six ans, avec les musulmans. Un seul incident troubla cette période : des corsaires francs enlevèrent des navires musulmans. Il fallut la diplomatie de Jean d’Ibelin pour que le sultan n’attaque pas Acre où il avait amené son armée. Al ’ Adil ne rompit pas la trêve et proposa même une prolongation, ce qui fut favorablement accueilli par les barons, les teutoniques et les Hospitaliers. Les Templiers, eux, furent d’avis de rompre cette trêve. Leurs mobiles n’étaient que le reflet des idées pontificales qui peuvent se résumer ainsi : « si vous voulez
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