Les templiers
autres chevaliers. Chose grave, il écrivait que le sultan redoutait la venue des armées allemandes complétées par celles du roi de Hongrie. En plus des Italiens, les Frisons, après un arrêt au Portugal pour aider le roi de ce pays à la reconquête,, avaient ancré leur flotte dans le port d’Acre. De son côté, une lettre magistrale de Guillaume de Chartres réclamait d’urgence chevaux et vivres.
La croisade commença début novembre 1217 par une petite expédition sur le Jourdain. Les croisés, par le château de la Fève, débouchèrent devant Bethsan. La ville fut prise sans difficulté, pillée, et ses habitants capturés en masse.
Rentrée à Acre, l’armée chrétienne, composée de vingt mille chevaliers et vingt mille hommes à pied, repartit sur le Thabor comme l’avait préconisé le pape. Le siège, dirigé par Jean de Brienne, dura du 29 novembre au 7 décembre sans aboutir. Une fois le siège levé, une troisième expédition fut menée- dans la vallée de Litani. Ce ne fut qu’une razzia.
L’hivernage se passa à construire les châteaux de Césarée et d’Athlit (Château-Pèlerin). Frédéric II se faisant attendre, les croisés décidèrent de se lancer à l’attaque de Damiette.
Les Templiers venaient de se voir attribuer Château-Pèlerin et la croisade hongroise avait été un échec. Jean de Brienne reprit le vieux projet de Richard Cœur de Lion : attaquer le sultan en Égypte et, de là, le contraindre à lâcher la Syrie. Une première troupe composée de cinq cents chevaliers se mit en route par terre, tandis que la flotte mettait le cap sur l’embouchure du Nil, le 9 mai 1218.
Les navires égyptiens furent surpris et anéantis. La flotte franque débarqua sans encombre, le 20 mai suivant, devant Damiette. Une tour munie de chaînes, que les Francs appelèrent la Tour de la Chaîne, ou la tour de Cosbaine, défendait l’entrée du port. Les galères du Temple et des Frisons mirent trois mois avant de la faire tomber, le 24 août 1218. Cependant, il fallut encore dix mois aux croisés pour la traversée du Nil.
De Rome, Honorius III notifiait le 3 août 1218 aux chefs de l’armée qu’il avait ordonné aux Génois et aux Pisans de transporter jusqu’à Damiette tous les pèlerins qui se présenteraient dans les ports. Les seigneurs de Province donnaient des lettres permettant aux Templiers de charger librement tout le nécessaire pour la croisade, à Waben, La Rochelle, Collioure.
En janvier 1219, frère Martin, trésorier du Temple en Terre Sainte, et frère Jean, maréchal de l’Hôpital, partirent en mission à travers l’Allemagne recueillir les aumônes des paroisses pour la Terre Sainte.
Le pape désigna deux légats pour accompagner la croisade et leur octroya l’autorité suprême sur tous les chefs séculiers.
Le sort voulut que l’un des légats, Robert de Courson mourut. Il restait Pélage, espagnol et évêque d’Albano. Ambitieux, coléreux, il avait déjà à son actif l’échec des négociations entre l’Église grecque et l’Église romaine. Il revendiqua la direction de la croisade et se fit adresser les subventions intarissables arrivant d’Europe. Bien que censé utiliser ces subsides avec l’assentiment du patriarche, du roi de Jérusalem, des Maîtres du Temple, de l’Hôpital, des chevaliers teutoniques et des princes de l’armée, le légat agit surtout à sa guise. Malgré l’appui des croisés, les Français exceptés, et des ordres religieux, Pelage conduisit à la défaite. La situation des croisés n’était guère rassurante. Le roi Jean acceptait de négocier . Mais Pélage refusa.
Beaucoup de chevaliers, le duc d’Antioche, le roi de Hongrie, quittèrent l’Orient pour rentrer dans leur pays. La peste faisait ses ravages, sous forme de gangrène des gencives et des os des jambes. Le 26 août 1219 Guillaume de Chartres en mourut. Il fut remplacé par Pierre de Montaigu, Maître en Espagne et en Provence, dont on a dit qu’il était le frère du Maître de l’Hôpital, frère Garin de Montaigu.
Cependant, le siège de Damiette s’avérait plus pénible. Les croisés souffraient durement. Les assiégés étaient à bout sous les bombardements des machines de siège et la famine. Les croisés tentèrent un assaut, le 8 juillet 1219, qui échoua. Le vieux sultan Seif-Eddin était mort au Caire dans le courant du mois d’août. Il fut remplacé par son fils Malek-al-Kâmil qui essaya, encore une fois, de faire la
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