Les templiers
fameuse bulle « Licet quibusdam » leur interdisant de recevoir les frères du Temple. Cette crise interne ébranla cependant la solidarité de l’Ordre.
La perte, quasi totale, des places de Palestine donna au Temple l’occasion de se développer en Arménie et dans les possessions du nord de la Palestine. La perte de Gaza et d’Ascalon permit l’accroissement du château de Darbesack, du port de Bouelle et de la place de Gastein. En Arménie, les affaires ne furent pas si simples. Léon III d’Arménie et Bohémond IV de Tripoli se disputaient l’enjeu de la principauté d’Antioche.
Ce sont encore les bulles d’Innocent III qui nous renseignent sur l’état de l’Arménie. Il faut aussi se rapporter aux notaires génois ou au trésor des Chartes d’Arménie. Esquisser l’histoire des interventions templières dans ce royaume n’est pas chose aisée, si nous ne voulons pas inventer, tout en faisant cas des chroniqueurs arméniens des croisades.
Au mois de décembre 1199, Léon III d’Arménie se convertit au catholicisme avec tout son royaume. Couronné par l’archevêque de Mayence sur demande du pape, il en vient aussitôt à l’essentiel : faire reconnaître par Rome son petit-fils Raymond Rupin comme prince d’Antioche. Les habitants d’Antioche prirent parti pour Bohémond de Tripoli » qui y avait son château. II en fut de même des Maîtres des deux ordres militaires. Le roi Léon fit appel au Saint-Siège ; aussitôt les deux Maîtres se retirèrent de la course. Les Templiers en profitèrent pour demander que le château de Gastein leur soit rendu. Ils firent intervenir pour cela Pierre 1 er d’Angoulême, patriarche latin d’Antioche, et le comte de Tripoli.
Le patriarche parla en faveur du Temple au roi d’Arménie, que le prélat soutenait contre Bohémond IV. Ce dernier venait d’introniser Siméon III en qualité de patriarche syrien grec-melchite d’Antioche. Le comte soutenait aussi la présence du patriarche syrien jacobite, uniquement dans l’espoir de consolider son influence sur les populations gréco- syriennes et syro-jacobites de la capitale.
Les Templiers furent convoqués par le roi Léon à une conférence où il leur apprit qu’il gardait Gastein, afin de se dédommager d’Antioche. Le roi d’Arménie et le Maître du Temple envoyèrent leur rapport en cour de Rome.
La diplomatie de Gilbert Erail se manifesta encore une fois, mais il fit preuve d’une intransigeance remarquable. Léon d’Arménie fit appel aux Templiers pour leur demander une aide contre le sultan d’Alep. Gilbert se présenta en effet devant le roi. Il avait avec lui, non pas son Couvent, mais la bulle d’Innocent III ordonnant au roi d’Arménie de rendre Gastein.
Léon promit tout ce que le Maître désirait. Il ne lui refusa rien pourvu qu’Antioche entra dans la couronne arménienne. Il assurait les possessions de Gastein, de Darbesack, il se ferait confrère du Temple et même accorderait la tutelle de son petit-fils Rupin. Gilbert ne se laissa pas prendre ni acheter. Il se retira du pays d’Arménie. Le 1 er octobre 1201, Léon écrivit à Innocent III pour lui faire part de ses démêlés avec le Temple. Il se tourna vers les Hospitaliers. Ceux-ci acceptèrent, l’intransigeance ne les étouffant pas, et se firent concéder des fiefs et des châteaux.
Un problème se posait pour le Pape. Il se trouvait partagé entre l’honnêteté des Templiers qui avaient refusé de porter les armes contre des chrétiens et son amitié envers le nouveau converti. Il essaya de détourner les rivaux vers la lutte contre les musulmans. Il envoya « la bannière de Saint-Pierre au roi d’Arménie et précisa qu’ils devaient porter l’épée et la guerre uniquement contre les ennemis de la foi. » Néanmoins, le Pape promit d’envoyer deux légats pour juger le litige. Les deux cardinaux choisis furent celui de Saint-Prascède et celui du titre de Saint-Marcel.
Les deux légats arrivèrent après la mort de Gilbert Erail. Ils furent accueillis par Philippe du Plessis, le premier en novembre 1202 et l’autre en mars 1203. Les pourparlers se tinrent à Acre. Les premières conversations entamées, Léon III lança une attaque de nuit sur Antioche. Ce fut la catastrophe. Selon une lettre expédiée au pape par le roi, les Templiers « aiguisèrent leurs dents contre nous. Ils occupèrent les tours, coururent aux armes, tirèrent des flèches sur nos troupes
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