Les templiers
saccagèrent les églises, principalement Saint-Marc d’Alexandrie, le gouvernement les accabla de taxes et le patriarche d’Alexandrie fut mis en prison.
La stratégie déplorable du légat révolta les chefs, principalement Jean de Brienne. Il quitta l’Égypte durant l’été 1220. Le commandement de l’armée revint à Pélage. Les maîtres des ordres ne purent que s’incliner, car le pape lui avait donné un droit de veto.
Honorius III soutint, de son mieux, les croisés de Damiette, malheureusement de loin et uniquement sur les données de son légat. Au mois de juillet 1220, il demanda au trésorier du Temple de Paris, frère Aymard, de faire parvenir en Terre Sainte la somme de six mille marcs à prélever sur le vingtième des églises d’Angleterre, et, dans le cas où cette somme ne pourrait être récoltée, de compléter sur son propre fonds. Le frère, connaissant les besoins, doubla la somme et envoya treize mille marcs. Le pape le lui reprocha amèrement. Le 22 septembre, Honorius III adressa une autre semonce au trésorier pour avoir envoyé en Terre Sainte une nouvelle somme d’argent prélevée directement sur les fonds pontificaux.
Le Maître du Temple las d’attendre et soucieux de son ordre, quitta Damiette et rejoignit le roi à Acre. Le 20 septembre, il écrivait à l’évêque d’Elne son inquiétude devant la démarche du légat : « Sachez que le nombre des pèlerins qui débarquèrent après la prise de Damiette, par le premier passage, suffisait avec le reste de l’armée à tenir la ville et défendre le château. Mais un certain seigneur légat opta pour la guerre de mouvement, en accord avec le clergé et prêcha de faire une chevauchée sur les Infidèles. » Cette lettre, assez longue, retrace les folies du légat, son manque de tactique et son abus de pouvoir. Pierre de Montaigu est encore plus déçu de la non-assistance de l’empereur, mais espère tout de même son arrivée, car «l’été prochain les deux terres de Syrie et d’Égypte se trouveraient dans une situation précaire. »
Le Maître est inquiet. Comme on peut le lire dans les lettres de ses prédécesseurs, la stratégie templière n’est pas suivie. Comme eux, il a la hantise de voir la terre chrétienne d’Orient encerclée par les troupes musulmanes. La politique du Temple a toujours été de tendre à diviser les Sarrasins d’Égypte et de Syrie, sans effusion de sang, mais par voie diplomatique, en faisant des alliances avec Damas et Alep.
Assurément, Pierre de Montaigu, et nous le sentons bien dans sa lettre, condamnait la politique du légat. L’arrivée, enfin, des renforts allemands sous la conduite du duc de Bavière, et d’une grosse escadre commandée par le comte de Malte, toujours sans Frédéric II, ne réussit pas à convaincre. Les croisés allemands tentèrent de s’emparer de la ville pour empêcher sa remise aux musulmans. Durant ces émeutes, on essaya de piller les maisons du Temple et de l’Hôpital, un frère du Temple et un autre chevalier furent tués en défendant les dépôts confiés à l’Ordre ; il en fut de même d’un frère de Sainte-Marie des teutoniques.
Au printemps 1221, le Sultan renouvela son offre de paix. Les Templiers et les Hospitaliers se mirent d’accord avec les barons pour accepter les termes de l’accord. Pélage, encore une fois, ne se rendit pas compte de l’importance du fait et refusa tout compromis avec le chef musulman. Il avait toujours l’obsession de pousser sur Le Caire. Les chevaliers séculiers ne voulurent pas avancer. Ils furent tous excommuniés.
Cette cinquième croisade, malgré les treize ans nécessaires à sa mise en œuvre, se soldait par un échec. L’effort entrepris par Innocent III était à reprendre, par la faute du légat pontifical et malgré l’effort des maîtres des ordres militaires et de Jean de Brienne qui se trouva plus ruiné et plus pauvre qu’à son arrivée en Terre Sainte.
La synthèse de toute cette expédition est donnée par une lettre du Maître du Temple, Pierre de Montaigu, adressée à son visiteur d’Angleterre, frère Alain Martel. On remarque le degré d’humilité du Maître qui revendique une part de responsabilité en disculpant le légat et rejetant la faute sur le duc de Bavière.
« L'armée chrétienne resta longtemps inactive après la prise de Damiette, et les gens des deux côtés de la mer nous blâmèrent. Dès son arrivée, le duc de Bavière,
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