Les templiers
Lydda et de Ramla était complètement cédé aux Latins, ainsi que la route du pèlerinage à Jérusalem. La ville même revint au royaume avec Bethléem. Les musulmans conservèrent toutefois leurs Lieux-Saints, la mosquée d’Al-Aqsa et le dôme de la Roche ou mosquée d’Omar. Il ne fut aucunement question que les frères du Temple, comme les chanoines du Temple, reprennent leurs anciennes possessions au pied de la Roche.
L’empereur arriva à Jérusalem le 12 mars 1229 pour se faire sacrer au Saint-Sépulcre. Sa qualité d’empereur excommunié l’empêchait d’être couronné selon la formule traditionnelle. Il n’y, eut aucune cérémonie officielle. Ayant pris la couronne royale, Frédéric se la posa lui-même sur la tête. Ce fut une levée de boucliers générale : le seul roi était le fils de l’empereur et celui-ci ne possédait aucun droit personnel sur le royaume. Le 21 mars, pendant que Frédéric terminait les négociations avec les musulmans, l’envoyé du patriarche, Giraud de Lausanne, faisait promulguer la confirmation de l’excommunication venue de Rome. Le légat du patriarche, Pierre, archevêque de Césarée, avait été chargé, en plus, de jeter l’interdit sur Jérusalem, pour protester contre le semblant de couronnement et l’entente avec l’Égypte.
L’indignation fut générale. Mais l’empereur remonta sur Acre et fit enfermer le patriarche dans son hôtel. Il attaqua la garnison des Templiers, ses pires ennemis, et essaya de s’emparer de Château-Pèlerin pour laisser son pouvoir aux seigneurs allemands et aux chevaliers teutoniques. Le commandeur de la forteresse lui fit savoir « que s’il ne s’en allait pas, ils le mettraient en un lieu d’où il ne sortirait plus. » Frédéric partit sur Acre où sa flotte allait appareiller.
Giraud de Lausanne et Pierre de Montaigu recrutèrent des chevaliers allemands grâce aux fonds reçus du roi de France. Frédéric, ne voulant rien perdre de la validité de ses gens en vue de la guerre en Lombardie, leur ordonna de s’embarquer. Le Maître du Temple lui rétorqua que les accords signés avec l’Égypte ne comprenaient pas le sultan de Damas. S’étant retiré sans rien dire, l’empereur convoqua, pour le lendemain, une assemblée publique sur la plage d’Acre. Au cours de son discours, Pierre de Montaigu reçut une pluie d’injures et d’accusations. L’empereur rentra dans la ville et fit garder, par ses propres arbalétriers, toutes les portes et tous les bâtiments principaux. Quant aux Templiers, les Allemands devaient les laisser sortir, mais tirer sur eux s’ils voulaient rentrer. Le patriarche, devant cette mauvaise foi, contre attaqua par des séries d’excommunication.
Frédéric était pressé de partir. La situation était impossible pour lui et son entourage. Le patriarche Giraud ; dans une lettre au pape, dit que l’empereur emportait des mangonaux et autres machines de guerre destinés à la défense d’Acre. Il alla même jusqu’à envoyer au Sultan, par amitié, quelques-uns de ces appareils. Il réembarqua d’Acre le 1 er mai 1229, poursuivi par une émeute populaire et sous les huées des habitants. Le patriarche, indigné, ajoute : « Dieu veuille qu’il ne revienne jamais. »
Le bilan de la croisade de Frédéric II – croisade symbolique s’il y. en eut une – fut un échec complet. Les Allemands, à Chypre et en Terre Sainte, ne firent qu’aggraver les dissensions sur cette terre déjà meurtrie. Dès le départ de l’empereur, la guerre éclata entre Richard Filangiéri, son maréchal, et les Ibelins. Pour les Templiers, ce fut beaucoup plus grave. Frédéric ne leur pardonna jamais de s’être mis sur sa route et, surtout, d’avoir dévoilé au patriarche et aux seigneurs, le double-sens de sa conduite.
Il se vengea, par lettre, « du Temple orgueilleux ». Toutes les cours d’Europe reçurent une lettre dans laquelle il inondait les chevaliers de toutes les accusations possibles. Son fiel débordait et son venin était, de plus en plus empoisonne. Frédéric II est à l’origine des soupçons qui pesèrent sur le Temple : il accusa les chevaliers d’intelligence avec l’ennemi, de fêter les émissaires du sultan de Damas, d’assister à la célébration de rites islamiques à l’intérieur de la maison du Temple d’Acre. Tout cela fut repris, d’ailleurs, au procès. Mais le plus navrant c’est de voir comment ces accusations ont
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