Les templiers
lieutenant de l'empereur, déclara à tous qu'il était venu pour se battre contre les Infidèles et non pour être transi dans l'oisiveté. Un conseil fut tenu auquel assistèrent le seigneur légat, le duc de Bavière, les Maîtres du Temple, de l'Hôpital et des teutoniques, les comtes, les barons et le reste. Tous consentirent unanimement de faire une chevauchée. L'illustre roi de Jérusalem revint avec sa chevalerie, ses galères et ses navires armés. Il trouva les chrétiens sous leurs tentes devant les murs. Après la fête des saints Pierre et Paul, le roi, le légat et toute l'armée chrétienne s'avancèrent en bon ordre par terre et sur le fleuve. Nous allions à la rencontre du sultan et de ses forces nombreuses, qui se dérobaient. Notre armée essaya de se dégager de nuit, par des routes et par le fleuve, mais elle perdit tous ses vivres et un grand nombre d'hommes dans les flots. Le Nil étant en crue le sultan fit dévier l'eau par des sorties secrètes et des rivières creusées durant l'Antiquité, pour empêcher notre retraite. Quand nous eûmes perdu toutes nos bêtes de somme dans les marais, nos harnais, nos armes et nos chars, avec presque toutes nos munitions, nous ne pûmes plus avancer, ni nous retirer, ni fuir en aucune direction. Privés de vivres, nous étions pris entre les eaux comme un poisson dans les filets, nous ne pouvions même pas nous battre contre les Sarrasins, car un lac nous séparait. Ce fut alors que nous fîmes un pacte avec le sultan, par force et contre nos volontés. Il fut convenu de lui rendre Damiette et d'échanger les prisonniers à Acre et à Tyr, contre les chrétiens retenus en pays musulman...
Lors de la crue du Nil, le sultan fit passer des galères et des galions par un vieux canal et les lança sur le fleuve pour gêner notre navigation et couper nos communications avec Damiette... Nous-mêmes, en compagnie d'autres émissaires, et de l'aveu de toute l'armée, nous rentrâmes à Damiette pour déclarer à la population les termes de notre reddition. Ils déplu rent extrêmement à l'évêque d'Acre, au chancelier et au comte de Malte que nous retrouvâmes là-bas. »
À qui devons-nous attribuer l'échec de cette crois ade ? Au légat ? Aux ordres militaires ? Aux barons ? Ce fut dû surtout à cause de l'empereur dont l'absence fut néfaste.
Honorius III convoqua les chefs de la croisade. Le Maître des teutoniques partit le premier pour Rome et se plaignit du légat pour disculper son souverain. Honorius envoya des lettres à Jean de Brienne, aux Maîtres du Temple et de l'Hôpital. Le Maître du Temple envoya, pour le remplacer, le Commandeur du Temple Guillaume Cadel. Pélage fut mal reçu par le pape, et c'est compréhensible. Si Hermann von Salza, Maître des Teutons, lui fut défavorable, il fut soutenu par le Maître de l’Hôpital et le Commandeur du Temple. Néanmoins, il eut la consolation et l'esp oir d'un imminent départ de l'empereur d'Allemagne.
CHAPITRE XIV Frédéric II, Roi de Jérusalem
L A conférence de Rome s’étant terminée par le blâme du légat, il n’était pas question d’abandonner la croisade. Jean de Brienne obtint du pape Honorius qu’à l’avenir le roi de Jérusalem commanderait les troupes et serait le bénéficiaire des conquêtes. Honorius conçut un autre projet qui aurait pu être plein de conséquences pour le royaume : marier Isabelle, âgée de quinze ans, fille de Jean de Brienne et de Marie de Jérusalem, héritière du royaume, à Frédéric II d’Allemagne. Cette union permettrait d’assurer à la Terre Sainte la participation des troupes du Saint Empire.
Après avoir compté sur Frédéric II pour la cinquième croisade, Honorius III pensa que, malgré le retard, l’empereur apporterait tout de même un grand concours. Jean de Brienne semblait ébloui d’avoir Frédéric pour gendre, car le futur époux avait accepté ce projet avec empressement. Epousée par procuration à Tyr, au mois d’août 1225, Isabelle fut conduite par l’archevêque jusqu’à Brindisi où Frédéric l’épousa solennellement le 9 novembre 1225. À cette occasion, il exigea de Jean de Brienne qu’il lui remit le royaume. Le roi s’exécuta et reçut, en remerciement, affronts et humiliations de la part de son impérial beau-fils. Isabelle mourut en 1228, laissant un fils, Conrad IV de Hohenstaufen (Conrad II de Jérusalem).
L’appel à la croisade vint d’Égypte et non des Francs. Frédéric
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