Les Thermopyles - La Plus Celebre Bataille De L'Antiquite
l’Empire. Des Ciconiens aux Édoniens, c’est à ceux qui prêteront le plus main-forte aux envahisseurs. Les Thraces se rallient d’autant plus à Xerxès qu’ils redoutent les pratiques barbares de son armée. Ainsi, à la hauteur du fleuve Strymon, les Perses auraient carrément enterré vivants plusieurs dizaines de jeunes gens. Chargées d’assurer le gîte et le couvert de l’armée impériale par les émissaires de Xerxès, bien des cités grecques se plient à leurs exigences. Il en va du salut de leurs habitants. Dans toutes les villes jalonnant la route de l’armée impériale, les autochtones sont contraints de ravitailler les troupes perses, doivent abattre du bétail, fournir de l’eau et de la farine, fabriquer de la vaisselle d’or et même dresser une tente spéciale pour le Grand Roi en personne. Partout où ils campent, d’Abdère à Thermé, les Perses ne se contentent pas de se livrer à des repas pantagruéliques, ils pillent et emportent avec eux tout ce qu’ils trouvent. Pour les citoyens de Thrace et de Macédoine, cette réception est synonyme d’asservissement et d’appauvrissement. La liberté est pourtant sacrifiée sur l’autel de l’esclavage, sous prétexte de sauver leurs vies. À Acanthe, la mort imprévue d’Artachaies, l’ingénieur en chef du canal du Mont Athos, donne même lieu à une cérémonie somptueuse. Lui érigeant un tertre funéraire, les Acanthiens l’honorent comme un véritable héros de leur patrie. L’association avec l’Empire se traduit aussi par la livraison de navires et de soldats. Des villes comme Olynthe, Skioné ou encore Potidée prennent fait et cause pour Xerxès. Les peuples du nord de la Grèce se conduisent comme des sujets dévoués de l’Empire achéménide. À croire que la Thrace, la Macédoine et la Thessalie sont d’ores et déjà devenues des satrapies perses. Indéniablement, les Perses ont su convaincre avant même de vaincre. Expédiés dans les cités grecques, les hérauts de Xerxès obtiennent sinon l’alliance du moins la neutralité de la plupart d’entre elles. Sans engager la moindre bataille d’importance, les troupes de Xerxès s’emparent des cités grecques sans coup férir…
Quand l’oracle de Delphes prophétise la défaite des Grecs…
À l’exception des Platéens et des Thespiens, dont la fidélité à la ligue hellénique est infaillible, les Magnètes, les Locriens, les Maliens, mais aussi les Béotiens et les Dolopes, rejoignent le camp perse. En d’autres termes, ils lui accordent l’hommage de la terre et de l’eau. Dans ce véritable jeu de dominos en faveur des envahisseurs, seules les cités de Sparte et d’Athènes ne sont pas sollicitées. Sans doute les Perses se souviennent-ils de la mésaventure survenue à leurs émissaires, une dizaine d’années plus tôt – précipités au fond d’un gouffre à Athènes et dans un puits à Sparte. En attendant, les Grecs apparaissent complètement désemparés. A priori, la situation militaire est désespérée. Brandir l’étendard de la résistance dans un pays ravagé par les luttes intestines est un défi prométhéen, car malgré l’invasion de la péninsule, les réflexes régionaux l’emportent toujours sur le sentiment d’appartenance à la Grèce. Nombreux sont les peuples hellènes qui ont rejoint les Perses et la plupart de ceux qui restent dans la ligue rechignent à placer leurs troupes sous les ordres des généraux spartiates ou des stratèges athéniens, à commencer par Argos, l’autre grande puissance du Péloponnèse. Plus obsédés par leur conflit avec les Lacédémoniens que par la guerre engagée contre les Perses, les Argiens refusent obstinément de partager le commandement des troupes grecques avec les Spartiates. Ils exigent par ailleurs la conclusion d’une trêve de trente ans avec leur rivale séculaire, à défaut de quoi leurs hoplites resteraient dans leurs murs. Pour couronner le tout, les prêtres d’Apollon les confortent dans leurs certitudes. En témoigne cette seule recommandation de l’oracle de Delphes aux envoyés d’Argos : « Détesté par tes voisins, mais cher aux dieux immortels / Garde ton javelot dans tes murs et tiens-toi sur tes gardes / Protège bien la tête, et la tête sauvera le corps. »
Loin de se limiter à Argos, les défections se multiplient. À n’en pas douter, la ligue hellénique se réduit comme une peau de chagrin. Assurément, les cités
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