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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Il a passé tout le retour dans sa cabine avec les huit gaillards qu’il avait emmenés pour assurer sa sécurité à bord. Ils n’en sortaient que pour manger et pisser. A croire qu’il craignait qu’ils ne parlent. Je ne sais de quoi, à voir leurs mines ! s’amusa-t-il.
    — Racontez-moi, insista Tobias.
    — Si vous y tenez. Mais je vous certifie qu’il n’y a pas lieu de les plaindre. A mon avis, cet homme se sera fait refiler une fausse carte au trésor et aura englouti sa fortune pour tenter de découvrir quelque chose qui n’existe pas. Enfin, continua-t-il en vidant cul sec le marc de son verre, c’est vous le patron. Je vous en sers un autre ?
    — Non, déclina Tobias.
    L’alcool était frelaté et il avait du mal à terminer le sien. Le capitaine devait y être habitué. Ces longs voyages en mer endurcissaient bien mieux que tous les autres métiers.
    Le capitaine revint s’installer face à lui, ayant délaissé son gobelet pour la bouteille dont il prit une rasade directement dans la bouche, le visage renversé en arrière. Il avait les manières d’un rustre, mais Tobias y était accoutumé et l’en excusait. Il était le meilleur marin et capitaine d’Angleterre et, à l’inverse de beaucoup d’autres, avait su jusqu’alors éviter de se faire prendre par les pirates ou les corsaires. Que ce fût dû à la chance ou à son expérience, peu importait à Tobias Read. L’homme contribuait à la réputation de fiabilité de ses navires.
    — Nous avons débarqué là où il nous l’a indiqué, sur la côte du Yucatán, expliqua le capitaine. Il nous a demandé de garnir les canots de vivres et d’eau potable pour huit jours et d’accrocher les caisses sur les vingt-cinq mulets qu’il avait fait embarquer avec elles. Nous menâmes le tout à terre. Là, il nous pria de ne plus l’attendre si, passé ce délai, il ne revenait pas. Il a ajouté qu’il valait mieux ne pas les suivre dans la jungle. Je ne m’y suis pas risqué. Il était bien plus facile de s’inquiéter de la cargaison à son retour.
    — Vous avez bien fait.
    — Ils sont revenus la mine basse deux jours avant le délai fixé, continua le capitaine. Nous étions encore à terre, faisant provision d’eau douce et de fruits que nous avions mis à sécher sur la plage. Il rapportait ses caisses et ses mulets, exigeant qu’on les redescende en cale. Il ordonna qu’on lève l’ancre sitôt le navire avitaillé et s’enferma comme je vous l’ai raconté. En mer, j’ai fait ouvrir chacune des caisses à la nuit tombée. Elles ne contenaient rien. À l’exception d’une saleté de scorpion qui s’y était niché ! À notre arrivée hier soir, il m’a chargé de les lui vendre.
    — Et les mulets ?
    — Nous les avons mangés.
    Tobias aurait dû en rire et s’en satisfaire. Il n’y parvenait pas. Son instinct l’assurait qu’il y avait autre chose, qui avait certainement échappé au capitaine. Il décida de s’en assurer.
    — Savez-vous où je peux le trouver ?
    — À la Lanterne rouge ! C’est une auberge à deux minutes d’ici, c’est moi qui la lui ai indiquée. Je crois que notre homme est sans le sou. Il m’a supplié de lui porter le produit de la vente de ses caisses, pour lui permettre de payer sa chambre et ses repas. Le navire qui doit le ramener en Europe appareille dans quelques jours. Il a de la chance de me faire pitié, ajouta le capitaine, sans quoi c’est dans mes poches que son pécule serait tombé.
    Tobias se leva. Il connaissait l’endroit, fréquenté uniquement par des marins, des putains et des tire-bourses. Il valait mieux pour lui se faire accompagner.
    Il prit congé du capitaine après lui avoir ordonné de remettre en état le navire. Celui-ci le regarda s’en aller avec admiration. Il respectait toujours les hommes qui avaient de la suite dans les idées.
     
    Tobias regagna sa voiture et donna une adresse au cocher qui tordit le nez. Celui-ci n’aimait pas s’enfoncer dans les bas quartiers de Londres. Tobias Read se fit arrêter devant une petite taverne sombre et y pénétra sans tarder. À cette heure, il savait que son mercenaire s’y trouverait. Il le vit au comptoir occupé à discuter avec le propriétaire des lieux et le rejoignit aussitôt.
    L’homme qui le reçut ne portait pas de nom. Il l’avait perdu, rendu amnésique par un mauvais coup qui lui avait emporté un morceau de cuir chevelu et laissé une belle cicatrice à la tempe. Il

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