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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pouvoir vous en donner l’allure et l’éducation, déclara-t-il sèchement. Pour ma part, je considère que les Read vous ont assez nanti avec ce nom que vous portez. Quittez cette maison, mon neveu. Et n’y revenez jamais !
    Mary se contint pour ne pas lui écraser son poing sur le nez. Elle se contenta de se draper dans sa dignité en songeant qu’il était bien trop puissant pour ne pas la condamner. Cecily avait besoin d’elle et de ce qu’elle avait volé. Elle ravala sa fierté. D’autant qu’indifférent à elle de nouveau, Tobias Read, digne, gravissait les degrés pour se rendre auprès de la défunte.
    Mary gagna le vestibule. Elle n’eut pas le cœur d’attendre Jenny qui s’était absentée sur un ordre du pasteur Reeves.
    A l’instant de franchir le seuil de la maison, elle avisa le manteau de Tobias, suspendu à une patère. Elle jeta un œil alentour, s’assura qu’elle était seule et entreprit de le fouiller, ravie de ce mauvais tour joué à son oncle. Elle délaissa les documents, empocha un peu d’argent et un pendentif de jade, au cœur de diamant.
    Puis elle claqua la porte dans un bel effet et se mit à courir vers l’auberge où l’attendait sa mère, pour la presser de déménager.
     
    Il suffit à Tobias de glisser la main dans la poche de son manteau qu’il venait d’enfiler pour constater la disparition d’une des clés du trésor, volée à l’Espagnol. Il étouffa un juron et, au lieu de quitter la demeure de lady Read, comme il s’apprêtait à le faire, revint sur ses pas pour trouver Jenny.
    Dans le silence qui plombait la demeure où toutes les pendules avaient été arrêtées, celle-ci s’occupait à présent de tirer les tentures du petit salon. Les proches de lady Read ne tarderaient plus à arriver pour lui rendre un dernier hommage et le pasteur Reeves avait demandé à jenny de les y mener.
    Tobias Read la brusqua d’une voix où se perdait un relent de colère.
    — Savez-vous où loge mon neveu ?
    Jenny manqua choir de l’escabeau sur lequel elle était juchée. Elle en descendit avant de répondre, comme si la dureté du timbre pouvait à elle seule la faire vaciller :
    — Dans une auberge près du port, avec sa mère.
    Elle faillit en demander la raison mais s’abstint. Elle n’appréciait pas Tobias Read. Non qu’il lui eût causé le moindre tourment, mais, à l’inverse de sa défunte mère, il n’éprouvait que mépris pour les domestiques, voire pour le reste de l’humanité.
    — C’est tout ? s’impatienta Tobias. N’avez-vous pas un nom, une adresse ?
    — Non Monsieur, mentit-elle. Votre mère, paix à son âme, ne m’en a pas dit davantage et vous savez ma discrétion.
    Tobias n’insista pas et quitta la pièce, décidé à trouver dans le cabinet de sa mère quelque document pouvant l’aider dans sa quête.
    Jenny retourna à sa tâche, satisfaite, malgré sa peine, d’avoir détourné pour quelques heures cet odieux personnage du jeune Mary Oliver qu’elle aimait tant. Quel que soit l’objet du courroux de Tobias Read, son neveu ne méritait pas la manière dont il avait été chassé.
    Fouillant les affaires de sa mère, Tobias manqua s’étrangler de colère. Elle avait rédigé un testament deux jours auparavant, en présence de son notaire, dont la signature attestait l’authenticité. Lady Read léguait une partie de ses biens à Mary Oliver, laissant aux bons soins de Tobias la gestion de ce patrimoine jusqu’à la majorité de son neveu, et ce, disait-elle, dans le but d’empêcher sa mère d’en jouir.
    L’adresse de Mary Oliver permettait au notaire de lui signifier son héritage le cas échéant.
    Tobias Read roula le document et le glissa dans la poche intérieure de son gilet.
    — Jamais ! décida-t-il, faisant fi des dernières volontés de sa mère.
    Il regagna le vestibule, coiffa son chapeau, emporta sa canne au pommeau orné d’un rubis et sortit à vive allure.
     
    Il donna l’adresse au cocher et se fit conduire avec la ferme intention d’en terminer une fois pour toutes avec cette racaille.
    Il força la porte de la chambre de Cecily sans s’annoncer et de fort mauvaise humeur. D’un simple coup d’œil, il put constater que Mary Oliver et sa mère avaient déjà filé. Ulcéré, il redescendit l’escalier pour avertir le logeur, lui demandant si ses locataires n’avaient pas laissé une nouvelle adresse. Celui-ci s’emporta de la méchante farce qu’on lui avait jouée

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