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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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piste.
    Celle-ci la menait rue de l’Hirondelle, à l’hôtel de la Salamandre, chez maître Dumas, ancien procureur au Châtelet.
     

29
     
     
    P arvenu à destination, George, reconverti en cocher, immobilisa la voiture devant l’hôtel de la Salamandre qu’il n’avait eu aucune difficulté à identifier deux jours auparavant. L’animal avait été sculpté dans la pierre de voûte, au fronton du porche. Il s’était renseigné sur le propriétaire de l’endroit. Son histoire était étonnante. En effet, peu de temps après s’être retiré de ses fonctions et installé dans cet hôtel particulier, maître Dumas avait manifesté les signes d’une indécente et fulgurante richesse. De sorte qu’on ne parlait de lui qu’à mots couverts, et en se signant, l’œil furtif, de peur d’attirer le diable qui, selon ses voisins, venait souvent le visiter. George en avait aussitôt fait son rapport à Emma, qui avait décidé de s’y rendre au plus tôt.
    Le crâne de cristal avait été offert par François I er à Anne de Pisseleu, sa maîtresse en titre, en même temps que cet hôtel particulier de la rue de l’Hirondelle, racheté aux évêques de Chartres. Quoi que maître Dumas ait pu découvrir dans cette demeure, longtemps inhabitée après la mort d’Anne de Pisseleu, ce ne pouvait qu’être en relation avec le fabuleux secret du crâne de cristal.
    Emma avait envisagé l’hypothèse que ce maître Dumas soit lui-même entré en possession du trésor volé par les Espagnols, ce qui aurait pu expliquer sa soudaine fortune.
    Elle brûlait de le vérifier.
     
    Elle descendit de la voiture en relevant sa jupe et posa son escarpin sur le marchepied, révélant une fine cheville, blanchie par la soie du bas.
    Comme chaque fois, George se troubla et le regard dont il la couva s’attarda avec plaisir sur le balancement gracieux de ses hanches tandis qu’elle s’avançait pour toquer à la porte du logis.
    Au bout de quelques minutes, une femme au visage buriné par les ans, le dos légèrement voûté, l’allure pourtant fière, lui ouvrit et s’enquit du motif de sa visite.
    — J’aimerais rencontrer maître Dumas, avança Emma, le visage avenant et le sourire charmeur.
    La femme, bien mise, trop pour une domestique, jaugea Emma des pieds à la tête. Plus suspicieuse qu’étonnée, elle s’écarta pour la laisser entrer.
    — Si vous voulez patienter dans le petit salon, dit-elle en la guidant. Mon époux est occupé, je vais aller le chercher.
    Emma s’immobilisa sur le seuil de la pièce pour la regarder gravir sans peine les marches d’un escalier qui s’ouvrait dans le vestibule, lequel desservait une cuisine, une salle à manger et deux salons de réception. « Ainsi donc, remarqua Emma, maître Dumas est plus âgé que je ne l’imaginais ! Et marié ! Qu’à cela ne tienne ! Même mourant, un homme reste un homme, et celui qui me résistera n’est pas encore né. »
    Elle s’installa dans le petit salon pour attendre, remarquant que le mobilier était cossu et que sur le fronton de la cheminée une salamandre était également sculptée.
    Un coffre ouvragé occupait un mur entier. Là encore on y retrouvait les armoiries de François I er . En face se trouvait une bibliothèque dont les rayonnages garnis de livres s’étageaient jusqu’au plafond mouluré, tandis que sous une fenêtre donnant sur la rue se tenait une écritoire délicatement ouvragée. Recouvrant le plancher, deux tapis de Perse aux motifs chatoyants indiquaient clairement l’opulence de la maisonnée. S’il n’avait flotté dans l’air, malgré la brassée de roses sur un guéridon, une légère odeur de moisissure et de renfermé, Emma aurait pu s’imaginer chez quelque noblesse au goût sûr. Certainement bien loin de l’ordinaire d’un ancien procureur au Châtelet.
     
    — Vous souhaitiez me rencontrer, madame ?
    Le timbre était clair et haut, le pas si léger qu’Emma ne l’avait pas entendu glisser, absorbée par la contemplation d’une horloge dont une fois encore une salamandre ornait le balancier.
    Elle se retourna avec grâce et légèreté, et put difficilement cacher sa surprise devant l’homme qui, mains nouées dans le dos, la narguait d’un regard clair, vif et intelligent. Malgré la vieillesse qui marquait un visage carré et imposant de virilité, maître Dumas affichait un port et une allure que l’on pouvait difficilement oublier.
    Emma se présenta, puis,

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