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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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odorants qu’ils avaient pris plaisir à préparer eux-mêmes pour la circonstance.
    Devant l’estrade où les musiciens jouaient de nouveau, une dizaine d’enfants, dont Junior et Ann, chahutaient en riant ou en couinant, singeant leurs parents ou vivant leurs propres histoires. Leur imagination ne connaissait pas de limites. Junior s’était même amusé à danser avec Toby, le dressant sur ses pattes arrière comme une cavalière sous le rire aigu de sa sœur. L’animal avait beau lui mordiller les doigts, il paraissait aussi ravi de ce jeu que le garçonnet. Tous avaient cœur à cette fête.
    Et pour cause !
    Hans Vanderluck avait lancé un ultime pari en quittant Breda, peu après le baptême de Junior. Celui de demeurer vieux garçon, certain qu’aucune jamais ne le prendrait dans ses filets. L’enjeu du pari n’était rien moins que la noce elle-même aux Trois Fers à cheval en présence de tous les parieurs.
    Aujourd’hui, 17 avril de l’année 1700, Hans Vanderluck levait son verre au ciel avant d’embrasser à pleine bouche la jolie Maud qu’il venait d’épouser, ravi d’avoir perdu, ce qui ne lui était encore jamais arrivé.
    Mary et Niklaus n’avaient rien avoué de leur intention de vendre l’auberge et de quitter Breda. Ni l’un ni l’autre n’en eurent le cœur. Revoir leurs anciens camarades de promotion, la plupart en compagnie de leurs enfants et de leurs épouses, ressuscitait l’espace d’un moment les grandes heures de leur passé. Et une belle tranche de la vie de l’auberge. Ils n’avaient aucune envie de la gâcher. Souvent, ils échangeaient un regard complice et Mary sentait une vague de bonheur la submerger. D’avoir goûté de nouveau à cette ambiance de camaraderie renforçait leur décision à tous deux.
    Chaque jour qui passait la confortait.
    Depuis qu’ils en avaient pris conscience, ils s’étaient retrouvés. Comme aux premières nuits sous la tente, quand Mary étouffait son plaisir dans son poing fermé ou dans les baisers de Niklaus. Et curieusement ses douleurs récurrentes au bassin s’en étaient allées.
     
    Le lendemain, Hans Vanderluck et son épouse furent les derniers à les quitter. Leur compagnon les étreignit avec tendresse, près de la charrette qui les attendait dans la cour. Au-dessus d’eux, un ciel sans nuages accueillait un soleil qui leur fit plisser des yeux.
    — Nous vous laissons un chantier épouvantable, s’excusa Vanderluck.
    Niklaus s’écarta de cette accolade fraternelle et répondit en plaisantant :
    — J’enverrai chercher mon dû, n’aie crainte !
    Vanderluck haussa les épaules, rieur.
    — A la guerre comme à la guerre. J’ai perdu et tu as gagné.
    — Non, mon frère, répliqua Niklaus, s’assurant que Maud, en conversation avec Mary, ne pouvait l’entendre. C’est le contraire.
    Vanderluck, étonné, se laissa entraîner à l’écart.
    — Qu’est-ce que tu veux dire ?
    — Je vends, vieux frère, annonça Niklaus.
    Vanderluck hocha la tête. Il n’en fut pas surpris. Il savait que, l’armée partie, l’auberge péricliterait. C’était une évidence pour tout le monde. Il se souvint du pari qu’ils avaient fait en secret au soir des noces de Mary et de Niklaus, et comprit soudain le sens caché des paroles de ce dernier.
    — Tu n’as pas réussi à la dompter, s’amusa-t-il. J’en étais sûr. Il suffisait de la regarder pour comprendre que son cul était mieux taillé pour un pantalon que pour des jupons.
    Niklaus sourit. Il avait toujours aimé le franc-parler de son compagnon d’armes. Celui-ci poursuivit, en lui tapotant l’épaule :
    — De toi à moi, je te préfère en aventurier qu’en tavernier.
    Niklaus comprit alors que Hans le connaissait mieux lui aussi qu’il ne se connaissait lui-même. Il lui tendit une main franche.
    — Bonne chance avec Maud.
    — J’en ai, assurément, affirma Vanderluck, ravi de raccrocher enfin d’une carrière de mercenaire.
    Le père de Maud était banquier, à l’autre bout du pays, et lui avait proposé de devenir son associé. C’était ce dont il avait toujours rêvé.
    — Prends soin d’elle, Niklaus, conseilla-t-il. Les prédateurs sont nombreux en ce monde. Si tu n’avais pas été mon ami, je te l’aurais prise sans hésiter.
    — Je sais, lui dit Niklaus sans animosité. Mais pour ça il t’aurait fallu me tuer.
    — Elle en vaut la peine.
    A cet instant, Junior jaillit de l’auberge comme un boulet de

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