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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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canon, la petite main de sa sœur dans la sienne, délaissant sa mère, qui discutait toujours des projets de Maud avec elle, pour se précipiter vers les deux hommes.
    Au cou d’Ann, le pendentif d’émeraude que Mary avait autrefois dérobé chez lady Read tressautait tant que la fillette l’enferma entre ses petits doigts potelés et crasseux. Il était son bien le plus précieux, depuis que sa mère le lui avait passé au cou pour son dernier anniversaire, s’attendrissant de voir l’enfant jouer avec et s’en émerveiller chaque fois qu’elle la prenait dans ses bras.
    Les garnements se cachèrent entre les jambes des deux amis, en riant, pour échapper à la menace du doigt dressé de Milia, arrêtée sur le seuil, le tablier maculé de taches de cuisine. Elle s’exclama :
    — Filous, attendez donc que je vous attrape !
    Puis elle se dirigea d’autorité vers Mary pour lui faire son rapport. Vanderluck souleva son filleul dans ses bras, tandis que Niklaus répondait à l’appel des petites mains tendues de sa fille. Les enfants, désormais à l’abri du courroux de leur gouvernante, gloussaient toujours, les yeux brillants de leur farce.
    — Qu’avez-vous donc fait encore ? s’enquit Niklaus.
    Mais déjà il comprenait. Sa fille, la bouche et les mains barbouillées de chocolat, lui en écrasait sur les joues en lui disant :
    — Chut, papa, c’est un secret !
    Vanderluck se mit à rire, rapprochant d’eux les trois femmes qui déjà commentaient l’incident, plus amusées que contrites.
    — Nous n’aurons que des miettes de dessert, déclara Mary, et vous un gros et méchant mal au ventre ! ajouta-t-elle en pointant simultanément ses deux index sur l’estomac des garnements, qui se recroquevillèrent en gesticulant et en riant contre la poitrine des hommes.
    Pour toute excuse, Ann s’écarta de l’étreinte de son père et tendit ses bras souillés vers sa mère.
    — Câlin, supplia-t-elle, l’œil charmeur.
    Hans Vanderluck éclata de nouveau de rire, repris par ses comparses, tandis qu’en soupirant de bonheur Mary soulevait Ann dans ses bras pour se retrouver couverte de baisers chocolatés.
    — Tu ne vas pas t’ennuyer, Niklaus Olgersen, ajouta Vanderluck en chatouillant Junior, qui se débattit en riant. Cette garçouille a le charme diabolique de sa mère et autant de suite dans les idées.
    Mary lui décocha un regard faussement courroucé, empêtrée dans les élans affectueux de sa fille.
    — Avant longtemps, prophétisa Niklaus, je suis certain que tu pourras partager ce privilège avec les tiens.
    — Puisses-tu dire vrai, conclut Vanderluck en coulant une œillade amoureuse à son épouse.
    Avec Maud, ils avaient bien l’intention de s’y employer.
    — Grimpe-moi sur tes épaules, parrain ! exigea Junior.
    — A vos ordres, mon colonel, obtempéra celui-ci en le juchant comme il le désirait.
    Junior s’en gonfla le jabot. Vif, intelligent et charmeur, il ne perdait aucune occasion de s’amuser et d’entraîner sa sœur, aussi intrépide que lui malgré ses rondeurs encore prononcées de bébé. Avec ses deux ans, Ann parlait autant que Junior. Mary s’amusait à l’appeler la bavarde, ce qui la mettait en fureur. Quelques secondes seulement. Ann n’était pas de nature à bouder. Aussitôt, en zozotant, elle recommençait à babiller. L’un et l’autre pourtant savaient se taire et obéir lorsque leur père l’exigeait, et Junior en obtenait récompense en aidant celui-ci pour des tâches faciles comme ramasser des œufs dans le poulailler. Ce qui souvent, d’ailleurs, commençait par une partie de course au poulet, son chiot aboyant sans méchanceté à ses côtés. Il fallait à Mary un grand sérieux pour puiser en elle le courage de le gronder.
    Quant à Ann, toujours dans ses jambes, elle cassait avec application dans les saladiers les œufs qu’apportait Junior, se penchant en tirant la langue au-dessus des préparations culinaires que Milia ou sa mère terminait. S’il arrivait cependant qu’elles détournent les yeux, c’était la bouche encore pleine et les doigts souillés qu’elles retrouvaient la fillette, ravie de tout goûter.
    Mary ne comptait pas non plus toutes les fois où elle s’était effrayée de les voir grimper tous deux sur les branches basses du noyer ; de la main tendue de Junior, qui, attrapant celle de sa sœur, l’encourageait à gagner le sommet ; celles où elle les trouvait entre les jambes des

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