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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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et réclama à Tobias les nuitées non réglées.
    — Fais-moi un procès, railla celui-ci en disparaissant, abandonnant l’homme à sa colère.
     
    Remontant en voiture, il fila vers le point de ralliement de l’Homme en noir, qui venait d’y arriver. En deux mots, Read lui exposa la situation.
    — Retrouve-les, ordonna-t-il, rapporte-moi l’œil de jade et débarrasse-moi d’eux. Je ne veux plus jamais en entendre parler !
     

4
     
     
    L a première besogne de Mary, sitôt qu’avec Cecily elles eurent déposé leur unique malle dans une nouvelle chambre, bien plus modeste, et située à plusieurs rues de l’ancienne, fut de visiter un joaillier dans l’espoir de vendre ce diamant qu’elle avait volé.
    L’homme examina le bijou, un cercle de jade légèrement ovoïde, et le lui rendit sans avoir pris la peine de glisser à son œil la lunette grossissante qui, retenue par un lien de cuir, lui enserrait le crâne. Son constat sonna comme un glas aux espoirs de fortune de Mary.
    — Aucune valeur, décréta-t-il. L’éclat de cristal enserré au cœur est de belle facture, le jade aussi, mais je ne trouverai pas d’acquéreur pour le tout. Séparément non plus d’ailleurs. Quant à le gager, je ne pourrai vous en donner que deux ou trois pence, et encore, par pure charité.
    Mary récupéra le bijou, le soupesa, puis décida :
    — Pour si peu, je préfère le garder. Et de celui-ci ? demanda-t-elle en posant le collier de perles sur le comptoir.
    Elle ajouta aussitôt :
    — Un présent de ma grand-mère dont il me faut, hélas, me séparer.
    Si l’homme ne fut pas dupe, il n’en laissa rien paraître. Il étudia le bijou, puis avança une somme rondelette que Mary ne tenta pas de marchander. C’était plus qu’elle n’espérait.
    Elle aurait voulu vendre de même le pendentif d’émeraude, mais sa mère s’en était entichée sitôt qu’elle l’avait vu et l’avait mis à son cou d’autorité, prétextant qu’il serait toujours temps plus tard. Mary avait aussitôt compris ce que cela signifiait. Plus tard, chez Cecily, c’était souvent jamais !
     
    Mary soupira de lassitude en caressant l’œil de jade qu’elle avait rattaché à son cou, sous sa chemise. Elle n’aimait pas que les rêves de sa mère soient contrariés. Et la mort de lady Read avait fait brutalement resurgir dans les yeux de Cecily ses angoisses d’autrefois.
    — Nous ne sommes rien, Mary ! Rien qu’un grain de poussière, et les riches n’aiment pas que leurs bibelots attirent la poussière. J’aurais aimé être une bonne mère, se lamenta-t-elle en serrant Mary contre elle sitôt celle-ci revenue.
    La déception de Cecily devant le peu de valeur du diamant était devenue, théâtralement, de la fatalité.
    — Tu es la mère que toute fille voudrait avoir. Ne regrette rien, la réconforta Mary, se laissant prendre à son emphase.
    Confortée dans son jeu, Cecily enchaîna, s’abandonnant à cette langueur morbide revenue la hanter soudainement :
    — J’aurais voulu te donner un père. J’aurais voulu épouser un de ces hommes riches comme une putain sait le faire. Il nous aurait couvertes de bijoux. Je n’ai jamais pu, Mary. Aucun n’avait assez de passion pour apprivoiser ma peine. Je n’ai su enchaîner que les hommes qui m’aimaient et, pour mon malheur, ceux-là ne possédaient rien.
    — Cela ne fait rien. Nous nous suffisons bien, maman, dit-elle pour la rassurer.
    Mary, pourtant, n’était plus sûre de rien désormais.
     
    *
     
    P lusieurs mois durant, elles déménagèrent sans cesse, dès que leurs bailleurs s’avisaient de leur réclamer le loyer. Cecily, ne parvenant pas à retrouver du travail, se montrait lasse et triste, et Mary la voyait blanchir de cheveux et de figure. Sa mère ne riait plus que rarement et se plaignait sans cesse du manque d’argent, du manque d’entrain, du manque de tout.
    Mary économisait le plus qu’elle pouvait, faisant perdurer l’argent du collier pour assurer leur subsistance, cherchant elle aussi quelque emploi qui eût pu les sauver.
    Chaque jour, cependant, marquait plus avant leur déchéance.
     
    Peu de temps après l’enterrement de sa mère, Tobias Read avait été convoqué par le notaire à propos du testament. Il avait feint l’ignorance, puis enragé de voir l’homme de loi en sortir une copie de son coffre.
    — Votre neveu demeure introuvable, mais nous le recherchons activement, lui avait déclaré celui-ci

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