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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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simplement d’être… trop anglais.
    — Pourquoi les aimez-vous, en ce cas ? demanda Mary, curieuse.
    — Parce que vous ne manifestez pas l’envie de m’aimer à leur place, répliqua Emma abruptement, laissant Mary stupéfaite.
    — Je suis anglais aussi se défendit-elle, espérant ainsi masquer ses propres sentiments.
    Céder à Emma, c’était lui révéler sa féminité et son mensonge. La perdre peut-être. Mary n’en avait aucune envie. Elle trouvait son comptant à cette vie, au pécule que lui rapportait son emploi, au plaisir qu’elle avait de s’en acquitter, et à la complicité qui l’unissait à Emma de Mortefontaine, au grand désespoir d’Amanda qui espérait encore faire de Mary son fiancé.
    — Vous êtes différent des autres, Mary Oliver. Et vous le savez autant que moi, déclara Emma. Il y a en vous une sorte de révolte continuelle. Pas dans votre attitude, non, mais dans votre façon de regarder au loin, comme si vous cherchiez en permanence la possibilité de vous évader de tout. Alors même que vous semblez n’être attaché à rien. En cela vous me ressemblez. Et en cela, oui, vous me plaisez bien davantage que ces fats poudrés et perruqués qui jouissent comme ils boivent le chocolat. Les femmes ont besoin qu’on les malmène un peu, Mary Oliver. Qu’on feigne de les ignorer pour stimuler leur intérêt, qu’on les bouscule dans leurs retranchements pour qu’elles puissent se perdre sans se culpabiliser. En somme, qu’on les prenne comme des catins sans oublier qu’elles sont des dames. Est-ce ainsi que vous culbutez vos conquêtes, Mary Oliver ? insista-t-elle en posant sa main soignée sur la cuisse de son secrétaire particulier.
    Mary l’ôta pour la porter à ses lèvres, le cœur battant.
    — Hélas, mentit-elle, je vous l’ai dit, je suis anglais. Il me faut du temps pour oser là où d’autres se servent.
    — Je vous connais mieux que vous ne vous connaissez vous-même. Un jour viendra et ce jour sera tel que je l’ai imaginé, assura Emma, l’œil concupiscent et le sourire carnassier. J’obtiens toujours ce que je désire, mon cher, ce n’est qu’une question de temps.
    — Alors, laissez-le-moi choisir, madame, supplia Mary, en s’effaçant vers la porte, j’ai pour l’heure un de vos courriers à envoyer.
    — Allez donc, méchant garçon, s’en amusa Emma faussement boudeuse, certaine que tôt ou tard son secrétaire particulier se traînerait à ses pieds ; et n’oubliez pas que, ce tantôt, c’est à mes amies que vous vous devrez en entier.
     
    Ce fut le cas en effet. Sitôt ces dames joliment installées en parterre fleuri de robes sur les sofas du petit salon, elles jouèrent d’un battement de cils et de paupières, la bouche arrondie et gourmande, pour mieux l’accaparer.
    — Restez avec nous, Mary Oliver ! la pria lady Rutherfort en étirant sa gracieuse silhouette vers une tasse de chocolat.
    — Oh oui, vous êtes si plaisant ! renchérit lady Beckam qui enfournait sans scrupules une troisième portion de cake au citron.
    Toutes s’attendrissaient de ce parent pauvre qu’Emma leur avait présenté. Cette dernière ne se lassait pas d’observer le jeu et les manières de ces dames de noble naissance. Elle s’en était longuement inspirée pour mieux paraître, et estomper son manque d’instruction et d’éducation. Si son époux s’était activé à y remédier dès les premiers temps de leur hymen, elle n’en gardait pas moins des lacunes qu’un habile mimétisme lui permettait de dissimuler. Ces salons littéraires ou mondains n’étaient donc pour Emma de Mortefontaine qu’un prétexte pour renforcer son influence et Mary se sentait fière et flattée du rôle qu’elle y jouait.
    — Racontez-nous votre histoire, supplia lady Beckam.
    — Vous la savez par cœur déjà, mesdames.
    — Pas moi, insista lady Bedford. Je viens d’arriver à Douvres.
    — Elle vivait à Manchester, glissa M me  de Mortefontaine à l’oreille de Mary. Son mari vient de nous quitter. C’est lady Beckam, sa cousine, qui l’a accueillie ici après les funérailles.
    — Que chuchotez-vous, très chère ? s’indigna faussement lady Rutherfort. N’est-ce point assez de l’avoir trouvé la première, que vous voulez encore le distraire de nous ?
    — Je l’incitais au contraire, ma chère Carry, à croire en votre intérêt.
    — Faites-moi une place entre vous, exigea Mary, on se livre bien mieux en se

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