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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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reprises, elle s’enfonça dans l’ombre pour laisser passer les soldats du gué qui patrouillaient.
    Corneille aussi l’avait trahie. Il avait cherché à l’empêcher de rejoindre Forbin, c’était donc qu’il savait. Que penser de ce qu’elle avait vu ? Forbin lui avait menti en prétendant connaître à peine Emma de Mortefontaine.
    Elle était sa maîtresse. Une parmi tant d’autres. Pour aussi désagréable que soit ce constat, ce n’était pas ce qui la bouleversait. Forbin n’avait jamais caché son goût des jolies femmes. Surtout si elles étaient mariées.
    Leur rencontre était-elle fortuite ou complotée ?
    Mary avait avoué à Forbin son désir de reprendre contact avec Emma. C’était lui qui l’en avait dissuadée, certain qu’elle lui ferait plus de mal que de bien. Etait-il sincère alors ? Qu’avait-il craint en vérité ? De perdre Mary ou Emma ? Alors pourquoi aujourd’hui ? Pour échapper au piège dans lequel il se sentait attiré par Mary ? Pour s’en débarrasser habilement ?
    Mary sentit une colère froide la gagner. Ces questions bousculaient son esprit. Tout était possible, logique, évident et cependant Mary ne parvenait à le croire. Forbin était entier, emporté, excentrique, il avait toutes les qualités de ses défauts mais Mary n’arrivait pas à l’imaginer calculateur, fourbe et menteur.
    Un crachin glacé se mit à tomber et Mary s’abrita sous un porche, s’y abandonnant, assise à même le pavé. Ses paupières s’alourdirent. Elle resserra autour d’elle les pans de sa mante noire et, calant sa tête contre la pierre froide et moussue du soubassement de la demeure, s’endormit pour oublier.
    Elle s’éveilla comme le ciel s’éclaircissait. L’aube ne tarderait plus. Elle s’étira, endolorie par d’inconfortables postures, et décida de régler cette affaire. Si Forbin refusait de l’épouser, elle le quitterait. Emma le lui avait prouvé hier encore, il ne manquait pas de galants en ce monde et il se trouverait bien un benêt pour l’aimer assez et la tirer de cette misère qui s’accrochait à elle. Il n’était pas question pour elle de revenir travailler pour Emma. Son séjour sur La Perle le lui avait confirmé, elle n’avait nul besoin d’aide pour affronter sa destinée, encore moins de l’ombre dans laquelle M me  de Mortefontaine la maintiendrait. Aucun soleil ne pouvait briller aux côtés de celle-ci.
    Mary parvint devant la porte de Forbin comme le coq chantait. Elle en tourna la poignée et s’étonna de la trouver ouverte. « Fallait-il qu’il soit troublé pour oublier de la refermer », pensa-t-elle.
    Tant pis pour lui. Elle dégaina son épée et sans bruit grimpa l’escalier pour les surprendre tous deux enlacés. Il faudrait bien qu’ils s’expliquent. Elle s’arrêta sur le seuil, surprise autant que déçue. Les draps froissés attestaient bien d’une bataille sensuelle, mais la pièce était vide.
    Mary demeura les bras ballants un long moment, sans pouvoir décider si elle devait partir ou rester, puis descendit les marches, et se cala dans un fauteuil près du feu qui se mourait. Forbin reviendrait. Tôt ou tard. Elle s’abandonna à cette fatalité et s’assoupit.
     
    Forbin se sépara de Corneille à l’aube, devant la porte de la maison maternelle de ce dernier. Ils avaient sillonné la ville, sans succès. Corneille avait suggéré de gagner l’arsenal, Mary ayant pu chercher refuge sur La Perle. Mais ils revinrent bredouilles.
    Mary avait disparu.
    Tous deux, épuisés, s’étaient entendus pour rentrer. Imaginant que peut-être, sa colère et son dépit passés, Mary s’en serait retournée auprès de l’un des deux. Corneille visita sa chambre et fit signe à Forbin qu’il pouvait aller de son côté. Il se coucha comme sa mère se levait et reçut son regard suspicieux en bâillant, promettant de tout lui expliquer. Plus tard.
     
    Mary s’éveilla en entendant la porte se refermer.
    — C’est pas trop tôt, capitaine ! grinça-t-elle, la bouche pâteuse mais sa colère intacte.
    — Mary ! Dieu soit loué, tu es sauve, lâcha-t-il, soulagé. J’ai passé la nuit à te chercher.
    — Pas seulement, ricana-t-elle, si j’en juge par ton désordre.
    De la pointe de l’épée elle désigna l’escalier.
    — J’ai mes faiblesses et tu les connais, avoua Forbin sans s’excuser.
    — Oui, et j’aimerais comprendre.
    — Je ne demande pas mieux que de

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