Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
demi les paupières pour laisser comprendre qu’elle n’avait pas envie de causer.
    — Alors, Read, on fait le prude ? Y a pas de cul à ton goût dans la carrée ? ricana le premier.
    Mary ne releva pas. Son instinct ne l’avait pas trompée. Ces gars-là, au mieux, cherchaient querelle.
    — Madame a ses vapeurs, se gaussa le second, la prenant pour un pédéraste. Faut pas l’effaroucher.
    Mary ouvrit un œil et jeta :
    — Oubliez-moi et courez plutôt les fourrer !
    Un sifflement lui répondit, suivi d’un ricanement gras.
    — Dis donc, c’est qu’il sait causer aux hommes, le mignon.
    — Peut-être bien même qu’il voudrait participer !
    — Essaie un peu pour voir, grogna Mary en se redressant, la lame toujours cachée dans sa manche, prête à la dégainer.
    Avant qu’elle ait eu le temps de la sortir, ils se jetèrent sur elle, sur un simple coup d’œil de connivence, et Mary comprit que ce coup-là avait depuis longtemps été préparé. En peu de temps, vaincue par leur force et leur détermination, elle se retrouva entravée tandis qu’on la retournait sur le ventre et lui écartait les cuisses. Une paume épaisse se plaqua sur sa bouche pour l’empêcher d’appeler. Mary fut déculottée, malgré tous ses efforts pour se dégager. Son pantalon abaissé, ses agresseurs s’immobilisèrent pourtant.
    — Nom de Dieu, beugla le premier. C’est une fille !
    Ils la retournèrent sans ménagement pour le vérifier.
    D’étonnement, on cessa de la bâillonner et Mary comprit qu’elle ne trouverait son salut que dans la ruse.
    — Qu’aurais-je à faire de putains, lâcha-t-elle essoufflée, quand c’est à vos nœuds que je veux goûter.
    — Ça ! approuva celui qui était entre ses jambes. Qui que tu sois, tu vas y passer.
    Et sans plus attendre il détacha les agrafes de son pantalon. Mary avait beau être sevrée depuis presque deux années, elle n’avait aucun appétit pour ces faces hideuses et se fit gémissante.
    — Desserre-moi les bras, matelot, que je puisse jouir à satiété, et vous chevaucher.
    Celui-ci en commit l’erreur, tandis que son compagnon se couchait sur Mary. Retirant enfin sa lame, Mary releva son poignet et d’un mouvement net et rapide trancha la carotide de celui qui, toujours agenouillé, venait de la lâcher. Ensuite de quoi, vive et enragée, elle poignarda l’autre qui la pénétrait avant de s’en dégager d’un coup de reins. Le troisième, qui venait à peine de réaliser, voulut se venger et Mary le cueillit en lui balançant en plein nez ses deux pieds entravés par le pantalon.
    Souple et féline, elle s’arqua, se reculotta et se releva au moment même où un officier s’en venait, attiré par les râles des blessés. Mary vit à son expression qu’il avait eu le temps de deviner son sexe.
    — Qu’est-ce que… ? s’étonna-t-il en dégainant son pistolet, découvrant le charnier et ce couteau sanguinolent à sa main.
    Mary ne réfléchit pas.
    Elle escalada un faucon en s’aidant des haubans, enjamba la coursive et, prenant son élan, plongea dans les flots houleux comme on la sommait de se rendre. Le coup de feu éclata. La ratant, il se perdit dans un ciel lourdement chargé tandis que sur le navire, déjà, on accourait. Mary comprit que si elle gagnait le port, elle se ferait prendre et punir si sévèrement qu’elle en mourrait. « Tant qu’à être perdue, autant éviter de souffrir ! »
    En nageant obstinément, elle suivit les courants, s’éloignant du tir nourri des armes que les soldats de Sa Majesté le roi Guillaume avaient à leur tour dégainées. Hors de portée, elle se mit sur le dos pour faire la planche, laissant s’éloigner d’elle le navire. Glacée jusqu’aux os par cette froidure qui peu à peu lui ôtait toute envie de lutter, Mary se laissa emporter. Puis, avisant que le courant l’avait assez approchée des côtes, elle se retourna et, s’obligeant à réagir, avança un bras, puis l’autre, tentant une nage régulière.
    Ses membres engourdis avaient peine à se mouvoir. Sa volonté fut la plus forte. La côte déserte, dont elle devinait les détails à présent, ramena un peu de chaleur dans ses muscles tétanisés.
     
    Elle finit par se laisser choir sur la grève, à bout de forces, si épuisée qu’elle s’endormit. Au-dessus d’elle, les nuages éclatèrent et une pluie cinglante se mit à tomber.
    Mary s’éveilla moulue et transie, la joue baignant dans une

Weitere Kostenlose Bücher