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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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autant que ce ne soit
pas un eunuque. Je n’ai pas, voyez-vous, particulièrement envie d’encourager
cette pratique.
    — J’ai exactement ce qu’il vous faut, messieurs,
affirma le marchand dans un français impeccable. Mûr mais point trop âgé, malin
sans être fourbe, expérimenté mais capable d’obéir aux ordres. Allons, bon, où
se trouve-t-il donc, maintenant ? Il était là il y encore un instant...
    Nous le suivîmes au milieu de son troupeau – de ses
troupeaux plutôt, tant étaient nombreux les esclaves qu’il gardait dans son
enclos ainsi que les minuscules poneys persans teints au henné qui tiraient de
ville en ville ses chariots couverts d’un canevas de joncs tressés. Ceux-ci, où
voyageaient et dormaient également ses assistants, étaient disposés de façon à
servir de barrières à l’enclos.
    — Cet homme, messieurs, constituera pour vous
l’esclave idéal, assurait-il tout en jetant des regards à la ronde. Il a
appartenu à un grand nombre de maîtres et connaît donc autant de pays que de
langues différentes. Ses talents sont aussi nombreux que variés. Mais où donc
est-il passé, à la fin ?
    Nous continuâmes à circuler entre les hommes et les
femmes esclaves, tous entravés de chaînes reliées à leurs chevilles, alors que
les chevaux nains, eux, ne l’étaient pas. Le marchand commençait à être assez
embarrassé d’avoir égaré précisément l’esclave qu’il s’apprêtait à vendre.
    — Je me souviens très bien l’avoir délié des
autres, murmurait-il, et l’avoir attaché à l’une de mes juments qu’il devait
étriller...
    Il fut interrompu par un puissant, long et perçant
hennissement. Dans l’ondulation orangée de sa crinière et de sa queue, un petit
cheval jaillit littéralement des portes battantes d’un des chariots couverts.
L’espace d’un court instant, il parut vraiment voler dans les airs, comme le
cheval orné de verre dont nous avait parlé la shahryar Zahd, car, avant
d’atteindre le sol, il lui fallut franchir le siège du cocher. La trajectoire
arrondie de cet immense bond était prolongée, derrière les pattes postérieures
de l’animal, par celle de la chaîne qui les entravait, au bout de laquelle
était attaché un homme qui surgit à son tour, les pieds devant, des battants du
chariot, tel un bouchon arraché d’une bouteille. Il vola à la suite du cheval
au-dessus du banc du cocher avant d’aller s’écraser au sol dans un bruit mat.
Le cheval ayant fermement l’intention de continuer à fuir, l’homme fut traîné
sur plusieurs mètres dans un épais nuage de poussière, avant que le vendeur
d’esclaves réussît à stopper l’animal effrayé en lui attrapant fermement la
bride. Si la crinière orangée du petit cheval était très soigneusement peignée,
sa queue de couleur identique était pour sa part plutôt ébouriffée. Ce désordre
ne semblait pas sans rapport avec les parties intimes de l’homme, lesquelles
étaient en effet dénudées, son pai-jamah étant baissé sur ses chevilles.
Il demeura un instant assis, trop secoué pour pouvoir faire quoi que ce fut
d’autre que proférer dans sa barbe de vagues exclamations en différentes
langues. L’instant d’après, cependant, il remonta promptement son pantalon
tandis que le marchand d’esclaves, qui s’était d’un bond porté à ses côtés,
l’accablait d’un torrent d’imprécations tout en le relevant prestement à coups
de pied. L’esclave approchait l’âge de mon père, mais sa barbe sale et hirsute,
qui n’avait sans doute guère plus de deux semaines, peinait à masquer la teinte
rubiconde de sa peau. Deux petits yeux fuyants et porcins surmontaient son nez
large et charnu, lequel s’affaissait sur de grosses lèvres. À peine plus grand
que moi, il était en revanche beaucoup plus trapu, sa panse ballotant sur le devant
comme le faisait son nez. Tout bien considéré, il avait presque quelque chose
de l’oiseau-chameau.
    — Ma toute dernière jument ! enrageait le
négociant en farsi, rouant toujours l’esclave de ses coups. Indescriptible
scélérat !
    — L’espiègle bête vagabondait, maître, couinait
le scélérat, les mains remontées au-dessus de sa tête pour tenter de se
protéger, alors, bien sûr, j’ai dû la suivre...
    — Ah oui, elle vagabondait jusque dans les
chariots ? Tu es aussi menteur que dépravé vis-à-vis des animaux innocents !
Répugnant pervers !
    — Mon maître, faites-moi la

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