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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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travers
mes larmes que ses doigts étaient maculés d’une hideuse substance vert pâle.
Comment cela pouvait-il brûler à ce point ?
    Et, là encore, à côté du mal qui ravageait mon ventre
et du feu qui marquait mon postérieur au fer rouge, je ressentais d’autres
choses horribles. Je percevais sur mes lèvres le goût de la sueur qui
ruisselait sur mon visage et le sang qui en coulait aux endroits où je les
avais mordues. J’entendais la complainte pitoyable de tous mes grognements, de
mes gémissements, de mes halètements désespérés. J’inhalais la puanteur de ces
excréments que j’avais répandus là, de façon sordide. Je sentais bouger en moi,
de nouveau, la créature qui s’y trouvait, laquelle cabriolait, tapait du pied
et battait des bras tout en se faufilant lourdement du supplice de mon ventre
vers la fournaise située en dessous. En bougeant, elle comprimait encore la
vessie et les intestins alentour, trouvant le moyen de les faire dégorger
encore un peu leur contenu. Et, finalement, dans une ultime excrétion d’urine
et de merde, elle commença à sortir. Et là, Dieu, ah, mon Dieu ! Lorsque
le Créateur a décrété : « Tu enfanteras dans la douleur », je
peux vous assurer qu’il a tenu parole. J’avais souffert légèrement jusqu’à ce
jour, et cruellement lors de ces dernières heures, mais je crois qu’on ne peut
ressentir pire souffrance que celle qui me ravagea alors. J’avais vu
administrer des tortures par des experts en l’art, mais jamais nul homme, dans
l’affliction du tourment physique, ne pourra égaler Dieu.
    Le supplice était double. D’abord, les chairs de mon mihrab étaient si distendues qu’elles semblaient sur le point de se déchirer, en
haut comme en bas. Prenez un morceau de peau, déchiquetez-le impitoyablement
mais avec lenteur et essayez d’imaginer ce qu’alors vous pouvez endurer lorsque
cette chair est la vôtre, du pubis à l’anus. Ensuite, les os qui composent le
bassin sont imbriqués et tiennent étroitement les uns aux autres ; là, ils
doivent s’écarter sensiblement de tous côtés à la fois, en grinçant comme un
rocher qui dévale une faille montagneuse. C’est ce que je ressentis, tout à la
fois : l’écœurant mouvement et la douleur intérieure, les craquements et
les déformations de tous les os situés entre les jambes, la déchirure et la
brûlure des chairs du dehors. Et Dieu ne vous accorde, dans cette extrémité
même, que le droit de hurler de façon lancinante. Nul évanouissement pour fuir
cette insupportable agonie.
    Je demeurai conscient jusqu’à ce que la créature sorte
enfin, dans une brusque et ultime poussée, accompagnée d’un grincement et d’un
déchirement presque audibles... La tête marron foncé émergea d’entre mes
cuisses, toute visqueuse de sang et de mucus, prononçant avec la voix
malicieuse de Chiv : « Quelque chose dont tu auras du mal à te débarrasser... »
    Alors, ce fut comme un plongeon dans la mort.

 
40
    Quand je revins à moi, j’avais retrouvé mon corps.
J’étais toujours nu et allongé sur l’hindora, mais j’étais redevenu un homme
et je n’eus cette fois aucun mal à me reconnaître. J’étais couvert d’une écume
de sueur séchée et avais la bouche terriblement pâteuse, assoiffé que j’étais.
Mon cœur battait à tout rompre, mais je n’avais mal nulle part. Aucune
substance nauséabonde ne maculait le lit, qui semblait aussi propre que lorsque
je m’y étais installé. La pièce était presque débarrassée de ses fumées, et je
vis mes vêtements éparpillés au sol. Chiv était là aussi, entièrement habillée.
Accroupie par terre, elle était en train d’envelopper une petite chose bleu
pâle et pourpre dans le papier qui avait contenu le haschisch.
    — N’aurais-je donc vécu tout cela qu’en rêve,
Chiv ? l’interrogeai-je. (Elle ne répondit rien ni ne leva les yeux,
poursuivant sa besogne.) Que t’est-il arrivé, pendant tout ce temps,
Chiv ? (Elle ne me répondit pas davantage.) Moi, j’ai cru mettre au monde
un enfant, ajoutai-je, avec un rire incrédule. (Pas de réponse.) Tu étais là.
C’était toi, l’enfant.
    Là, elle releva la tête, et son expression me rappela
celle qu’elle avait eue dans ce rêve, ou Dieu sait ce que c’était. Elle me
demanda :
    — J’étais de couleur marron foncé ?
    — Pardon ? Euh... oui, c’est cela.
    Elle secoua la tête en signe de dénégation.
    — Les bébés romm

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