Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
chose
aussi : faire attention, la prochaine fois que je ferai l’amour à une
femme. Je m’en voudrais trop de la condamner à un sort aussi horrible que la
maternité.
    — Eh bien, voilà, tu vois, nous y sommes. Tu as
appris quelque chose. Peut-être aimerais-tu réessayer ? J’ai une autre
fiole, légère variante du philtre précédent. Prends-la avec toi et essaie-la
avec quelque autre femme qui ne sera pas une sorcière romni.
    — Ma parole, tu m’as l’air d’avoir toi aussi
trouvé ton docteur Balanzòn ! Il me prescrit une potion stérilisante et,
pour compenser, offre un aphrodisiaque à un garçon bien trop jeune et trop
vigoureux pour en avoir besoin...
    — Je l’emporterai, Mimbad, n’en répliquai-je pas
moins. Ne serait-ce qu’à titre de souvenir et de curiosité. L’idée de goûter à
l’acte d’amour sous toutes ses formes demeure séduisante. Mais j’ai encore
beaucoup de chemin à parcourir avant d’avoir expérimenté toutes les
possibilités que m’offre déjà ce corps, aussi vais-je pour l’instant me
cantonner à ce que je possède. Nul doute que lorsque tu auras trouvé la formule
idéale pour ton philtre, la nouvelle s’en répandra de par le monde. Peut-être
qu’à ce moment-là j’aurai de mon côté épuisé mes possibilités. Alors, je te
retrouverai et, si tu le permets, j’essaierai ta potion perfectionnée. Pour
l’heure, je te souhaite bonne chance, salââm et adieu.
    Je n’eus pas l’occasion d’en dire autant à Chiv, le
soir venu, lorsque je retournai à l’établissement de Shimon. Celui-ci
m’accueillit en m’expliquant, d’un ton indifférent :
    — Un peu plus tôt cet après-midi, la fille domm
est venue me demander ses gages et a quitté la maison pour rejoindre un convoi
ouzbek en partance pour Balkh. C’est courant, chez eux, cette façon de faire.
Quand par hasard ils ne sont pas flemmards, ils agissent sournoisement. Bon, je
ne m’inquiète pas, tu as toujours ton couteau à cran d’arrêt pour te souvenir
d’elle.
    — Pour me rappeler son nom, surtout. Chiv veut
dire « lame ».
    — Vraiment ? Et elle ne t’en a jamais
enfoncé une dans le corps !
    — Ça, je n’en suis pas si sûr.
    — Tu sais qu’il y a d’autres filles. Voudras-tu
en essayer une, ce soir ?
    — Je ne crois pas, Shimon. D’après ce que j’ai pu
en voir, elles sont vraiment trop repoussantes.
    — Si je suis tes beaux raisonnements, elles ont
donc l’avantage d’être totalement inoffensives !
    — Tu sais quoi ? Le vieux Mordecai ne me l’a
jamais dit, mais au lieu d’être un avantage à verser à leur crédit, je crois
que cet argument dessert les laides, au contraire. Il me semble que je
privilégierai toujours les gens de belle apparence, quitte à courir des
risques. À présent, je vous remercie de vos bons offices, tsaddik Shimon,
et vous dis adieu.
    — Sakanà aleichem, noseyah.
    — Tiens, cela ne sonne pas comme l’habituel
« que la paix soit sur vous »... Je me trompe ?
    — Je me doutais que vous le remarqueriez.
    Il répéta les mots hébreux, puis les traduisit en
farsi :
    — Que le danger te quitte, voyageur.
    Bien que Buzai Gumbad fût encore couvert de neige, le
lac Chaqmaqtin avait progressivement abandonné sa couverture de glace bleu pâle
pour un aspect multicolore dû aux oiseaux d’eau. D’innombrables volées d’oies,
de canards et de cygnes étaient déjà arrivées du sud, et d’autres les
suivaient. Leurs coin-coin satisfaits résonnait comme une clameur continue qui
emplissait l’air, et lorsque, soudain, un millier d’entre eux prenaient d’un
bond leur envol pour faire un joyeux tour du lac, leur grondement enflait telle
une tornade dans une forêt. Ils procurèrent un mets nouveau qui vint
agréablement varier notre menu, et leur arrivée avait marqué, pour nombre de
caravanes, le signal du départ et la préparation des bagages. On harnachait les
bêtes, on rassemblait les troupeaux, on alignait les chariots, et, l’un après
l’autre, les convois se mettaient en marche vers l’horizon.
    Les premiers à partir étaient ceux qui se dirigeaient
vers l’ouest, du côté de Balkh ou plus loin, car la longue déclivité du
corridor de Wakhân était la voie la plus aisée pour descendre du Toit du monde
et la première à redevenir praticable, le printemps venu. Les voyageurs en
partance pour le nord ou pour l’est préféraient attendre un peu, ces
destinations impliquant

Weitere Kostenlose Bücher