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Les voyages interdits

Les voyages interdits

Titel: Les voyages interdits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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ni un mot d’excuse à l’égard des frères chrétiens que nous étions
cependant pour lui.
    Nous arrivâmes dans le quartier où s’élevaient les
bâtiments dévolus aux Vénitiens, et les porteurs nous laissèrent devant l’une
des auberges. Son tenancier nous accueillit à l’entrée, échangeant de profondes
salutations et des souhaits de bienvenue au langage fleuri avec mon père. Bien
qu’Arabe, le propriétaire de céans s’exprimait en dialecte vénitien.
    — Que la paix soit sur vous, mes bons seigneurs.
    — La paix soit sur toi également, répondit mon
père.
    — Qu’Allah vous procure vigueur et santé.
    — Nous sommes forts et bien portants, grâce à
lui.
    — C’est un jour béni qui vous conduit à ma porte,
mes seigneurs. Mais Allah vous a bien servis en vous menant jusqu’à moi. Mon
établissement tient à votre disposition des lits propres, un hammam qui vous
permettra de vous délasser et le meilleur couvert d’Akko. À l’heure où je vous
parle, un agneau farci de pistaches est déjà en préparation pour votre prochain
repas. C’est pour moi un honneur que de pouvoir vous servir, et mon misérable
nom est Ishaq. Puissiez-vous le prononcer sans trop de mépris.
    Nous nous présentâmes à notre tour, et le tenancier
nous salua l’un après l’autre, ainsi que les domestiques, du nom de
« cheikh Folo ». Les Arabes ne possédant pas la lettre p dans
leur langage, sa prononciation leur est très difficile. Et tandis que nous
autres « Folo » installions nos affaires dans nos chambres, je
demandai à mon père et à mon oncle, intrigué :
    — Comment est-il possible qu’un Sarrasin se
montre aussi prévenant et hospitalier à notre égard, alors que nous sommes ses
ennemis ?
    Ce fut mon oncle qui répondit :
    — Ne va pas croire que tous les Arabes soient
engagés dans le djihad, puisque tel est le nom qu’ils donnent à leur
guerre sainte contre la Chrétienté. Ceux d’ici font de bien trop juteux profits
pour prendre parti, même par égard pour leurs camarades musulmans.
    — Il y a de bons Arabes, et il y en a aussi de
mauvais, assura doctement mon père. Ceux qui, à l’heure actuelle, venus de
toute la Méditerranée orientale, combattent les chrétiens en Terre sainte, sont
les Mamelouks d’Egypte : indéniablement, ceux-là sont de très mauvais
Arabes.
    Quand nous eûmes achevé de déballer ce dont nous
aurions besoin durant notre séjour à Acre, nous nous rendîmes au hammam de
l’auberge. Cette invention, je le confie, rejoint dans mon esprit le niveau des
plus grandes découvertes faites par les Arabes, tels les chiffres et
l’arithmétique, ou l’abaque qui permet de compter. Un hammam n’est rien d’autre
qu’une pièce emplie de vapeur que l’on obtient en jetant de l’eau sur des
pierres surchauffées. Mais dès que nous eûmes passé un certain temps assis sur
des bancs à suer copieusement, une demi-douzaine de serviteurs entrèrent et
nous firent leurs salutations :
    — Que ce bain vous procure à la fois plaisir et
santé, mes seigneurs.
    Après quoi ils nous aidèrent à nous allonger sur les
bancs et nous demandèrent de ne plus bouger. Puis deux hommes prirent en charge
chacun d’entre nous et, de leurs quatre mains gantées d’un chanvre assez rude,
ils entreprirent de nous masser sur toute la surface du corps, aussi longuement
que vigoureusement. Au fil de leur massage, la crasse et le sel accumulés sous
notre peau au cours du voyage s’en dégagèrent sous la forme de longs rouleaux
gris. Nous nous serions pour notre part estimés assez propres dès cet instant,
mais ils continuèrent à nous malaxer, faisant sourdre de notre épiderme encore
un peu de salissure, comme de microscopiques vers grisâtres.
    Quand notre corps eut fini d’exsuder ses impuretés et
que nous fûmes tous trois rougis de l’action conjuguée de la vapeur et des
massages, les hommes proposèrent de nous épiler entièrement le corps. Mon père
déclina l’offre, je fis de même. Ayant rasé le jour même la maigre barbe que je
possédais, je souhaitais conserver intacte la pilosité que je pouvais posséder
par ailleurs. Au terme d’un instant de réflexion, oncle Matteo demanda aux
serviteurs de le débarrasser de sa toison pubienne, sans toucher pour autant à
sa barbe ni aux poils de sa poitrine. Aussitôt, deux des hommes, les plus
jeunes et les plus élégants, se mirent activement à la tâche. Ils étalèrent sur
sa zone

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