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L’ESPION DU PAPE

L’ESPION DU PAPE

Titel: L’ESPION DU PAPE Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Madral , François Migeat
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    Touvenel se redresse et crispe la main sur le pommeau de son épée.
    — Les maudits ! Je saurai la retrouver. Je la sauverai. Raconte-moi tout ce que tu sais !
    — Ce n’est plus la peine, tu es revenu trop tard.
    À cette terrible révélation, le chevalier pousse un cri de douleur. Pris de tremblements, il ne parvient plus à se maîtriser, bat l’air de ses bras, suffoque.
    — L’être que je chérissais le plus au monde ! parvient-il à prononcer dans un sanglot. Mon Dieu, pourquoi me suis-je conduit ainsi ?
    Il brandit son épée au-dessus de sa tête et, tel un forcené, la frappe contre le mur de la salle. La lame rebondit et lui entaille le front, le sang coule sur son visage.
    — Maudit ! Maudit ! C’est moi, le maudit ! Je ne pourrais y survivre, gémit-il en tirant sa dague de sa ceinture pour en diriger la pointe contre son cœur.
    — Calme-toi ! lui ordonne Constance.
    Elle lui arrache l’arme de la main, recule de plusieurs pas et s’adosse contre une des portes de la salle.
    — Tu as fait enfin amende honorable, tu as reconnu ton tort, tu peux être rassuré, déclare-t-elle en ouvrant la porte sur Yasmina, qui se cachait derrière elle.
    Touvenel reste hébété, comme s’il sortait d’un cauchemar. Des larmes lui viennent aux yeux :
    — Yasmina, ma fille !
    — Mon père ! lui retourne-t-elle en accourant vers lui, tremblante d’émotion, et en se jetant dans ses bras.
    Soupirant d’aise, il la caresse tendrement, l’embrasse sur le front, baise ses mains.
    — Je croyais t’avoir perdue, murmure-t-il.
    — Je pensais ne plus vouloir te revoir, croisé ! lui renvoie-t-elle avec un pauvre sourire.
    Il la serre contre lui de toutes ses forces.
    — Pardonne-moi, je regrette tout.
    — Et moi, je te pardonne tout, père bien-aimé.
    Mais Constance interrompt leurs effusions d’un ton plus rude.
    — Maintenant, messire Bertrand de Touvenel, seigneur de Carrère, il faudrait quand même que tu saches.
    Elle désigne l’encadrement de la porte dans lequel se dessine une silhouette.
    — La vie de ta fille, tu la dois à son amoureux, mon frère Amaury. C’est lui qui lui a permis d’échapper aux cagoulés blancs. C’est lui, au péril de sa vie, qui l’a ramenée ici.
    Touvenel jette un coup d’œil au jeune homme et baisse les yeux. Constance ajoute encore à son attention :
    — Et tout cela pendant que tu étais en train de me faire une scène de jalousie pour une danse !
    Encore bouleversé, Touvenel s’assoit sur un petit banc et écoute les explications qu’Amaury lui donne.
    Retrouvant son cheval, laissé attaché à l’orée du bois, il a talonné ses flancs et foncé au galop, debout sur les étriers, les rênes dans une main, sa dague dans l’autre. Pour libérer l’objet de son amour, il s’est senti dragon ailé, vainqueur d’un tournoi. Sa vitesse était telle qu’il est arrivé dans le dos des hommes de Gasquet avant qu’ils aient pu l’entendre. Yasmina s’est retournée. Il lui a fait un signe de tête, la dague pointée vers elle. Elle a compris, s’est arrêtée sur place et a tendu la corde qui la reliait à son garde. D’un coup sec de sa lame, Amaury a tranché le lien, sans que les deux hommes aient le temps de réagir. Yasmina, les mains encore entravées, s’est sauvée sur le chemin, a couru entre bruyères et genêts, sautant des éboulis rocheux, se glissant dans une ravine et disparaissant dans un enchevêtrement de lianes et de racines.
    Amaury, dans son élan, a planté sa dague dans les reins du premier cavalier. Elle s’est enfoncée si profondément que l’homme est tombé à terre avec elle. Le jeune cathare n’avait alors plus que ses mains nues et son adresse pour contrer la charge du deuxième homme qui fonçait sur lui, l’épée au poing. D’un écart de son cheval, il a évité l’assaut et fui à travers la garrigue de toute la rapidité de sa monture. En cavalier émérite, il a distancé rapidement le lourd cheval de son adversaire.
     
    À l’évocation des exploits de son frère, Constance, émue, prend par la main Amaury et Yasmina et les rapproche, face à face.
    — Point n’est besoin de sacrement pour ceux qui s’aiment. Embrassez-vous, mes enfants. L’amour, l’amour vrai, nous le plaçons au-dessus de tout. Il triomphe de tout. Il est la vie et le soleil. En amour, il n’y a ni crime, ni délit, ni sacrement, ni loi, car il est l’ultime signification de

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