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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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le danger que courait la seconde et de nous ajuster en conséquence. Si l’une devait être perdue, au moins l’autre demeurerait en sécurité. Ce n’est qu’en côtoyant Montfort que nous avons fini par en apprendre plus sur les Neuf de Montségur.
    Je dévisageai Alain. A priori, tout ce qu’il racontait avait du sens, mais il n’apportait aucune preuve. Je voyais que mes compagnons étaient aussi sceptiques que moi. Je me calai dans le fauteuil et avalai une gorgée.
    —    Res, non verba 1 , déclarai-je. Ton drap a autant de trous que de tissu. Par exemple, comment connais-tu mon identité et celle de mes compagnons, alors que les deux Ordres ont été fondés de manière à ne jamais rien savoir l’un de l’autre ? Si tu es vraiment Magister, dis-moi comment je me suis retrouvé ici.
    —    Grâce au Cancellarius Maximus, le seul trait d’union entre les deux ordres, rétorqua-t-il sans hésitation. Lors de mon élection, j’ai reçu les mêmes instructions que toi, ornées du même sceau.
    Pierrepont se releva et reprit sa lente déambulation dans le temple. Sur ma gauche, Jaume l’épiait avec un regard d’aigle alors que Pernelle, près de lui, le scrutait, les sourcils froncés de concentration. Ugolin, lui, était crispé, prêt à bondir pour enserrer dans ses gigantesques mains le cou de notre interlocuteur. Pierrepont soupira et se frotta le menton.
    —    Quant à connaître votre identité, il n’y a rien de bien sorcier. N’oublie pas que, dans l’entourage de Simon de Montfort, tout le monde sait qui vous êtes. Surtout depuis Toulouse. Après vous avoir trahi et avoir rejoint notre camp, Raynal a révélé l’identité des Neuf de Montségur. Ravier de Payns, Gondemar de Rossal, Jaume de Montdidier, Eudes de Saint-Agnan, Véran de Raffle, dame Esclarmonde de Foix, dame Peirina, dame Pernelle, Ugolin de Bisor, Bertrand de Montbard. Même la pauvre dame Daufina, morte pour rien. Par ta main, si je ne m’abuse.
    J’accusai stoïquement la référence au fait que j’avais moi-même mis fin aux jours de Daufina, trompé par Raynal. Tout dans son récit se tenait, et pourtant je doutais encore.
    —    Et le jeune Montfort, repris-je, que vient-il faire dans cette histoire ?
    —    C’est ici que les choses se compliquent, j’en ai peur, Gondemar. Car la mission confiée à Guy était bien réelle.
    D’un geste du bras, il désigna tous ceux qui siégeaient dans le temple.
    —    Comme tu vois, poursuivit-il, notre Ordre est réduit à sept membres et un Magister. Comme le vôtre, malheureusement, il a été dépeuplé par la trahison. Voilà à peine quelques semaines, deux des nôtres ont renié la cause. Comme Raynal, sans doute, ils ont eu recours à des intermédiaires pour entrer en contact avec Montfort et lui offrir de lui remettre la Vérité. Heureusement, notre réseau d’informateurs est vaste et nous en avons eu vent. Nous croyons que le fils Montfort venait à Gisors pour entrer en contact avec eux.
    Je me raidis dans mon fauteuil, anxieux. Dans ma tête, les yeux de feu de Métatron me fixaient, brillants de colère.
    —    A-t-il réussi ?
    —    Ne crains rien. Ceux qu’il espérait voir ne sont plus de ce monde depuis un petit moment. Nous nous en sommes assurés bien avant que le jeune Guy n’arrive. Mais nous devions valider nos soupçons et confirmer qu’il était bien impliqué. Notre frère Thury a prétendu être un de ceux qui avaient contacté son père et gagné sa confiance par un moyen, disons, de son cru.
    Je perçus sans difficulté l’ombre de dégoût qui assombrit son faciès. Il se reprit et continua.
    —    Il l’a entraîné dans la Tour du Prisonnier en lui faisant miroiter la livraison de ce qu’il était venu chercher. Le fait qu’il accepte d’y venir a confirmé que les intrigues de Simon de Montfort avaient bien atteint Gisors et que le fait que la seconde part y soit conservée était connu de l’ennemi. Notre sœur Guiburge s’est ensuite assurée que tu garderais Thury à l’œil en le glissant dans une de vos. conversations.
    —    Et le hasard a voulu que mon chemin croise celui de Montfort ?
    —    La destinée est une chose étrange. Vous vous dirigiez tous deux vers Gisors pour la même raison : réclamer la seconde part de la Vérité. Nous avons fait en sorte de vous faciliter la vie.
    —    Ta chanson est agréable à entendre, mais comment as-tu su qui j’étais

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