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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Derrière elle se trouvait ce que nous cherchions, et pourtant personne ne semblait vouloir se décider à la franchir.
    —    Je me demande bien ce qui nous attend de l’autre côté, maugréa Ugolin. Quelque chose me dit qu’il n’y aura rien de simple.
    —    L’inscription est claire, dit Guillot. Si nous voulons la Lumière, nous devons la trouver dans les Ténèbres.
    —    Nous savons tous lire, moine, rétorqua sèchement Pernelle.
    Le moine se renfrogna et adressa un regard noir à mon amie, qui lui retourna son plus beau sourire moqueur.
    —    Bon, allons-y, décidai-je. Guillot, Pernelle, vous restez derrière. Ugolin ?
    Devinant ce que j’attendais de lui, le Minervois me tendit sa torche et saisit l’anneau à deux mains. Il était plus massif que celui de la margelle et des décennies dans l’eau l’avaient fortement rouillé. Je vis les muscles de mon ami se gonfler sous sa chemise et trembler sous l’effort. Il lui fallut exercer toute sa considérable force pour venir à bout du mécanisme récalcitrant et faire pivoter l’objet, qui émit un grincement de protestation avant de finalement s’animer. Un doigt à la fois, péniblement, l’anneau tourna. Lorsqu’il eut fait un demi-tour complet vers la gauche, un déclic retentit.
    —    Voilà, fit Ugolin, essoufflé.
    —    Bien, dis-je en lui rendant sa torche.
    J’appuyai mon épaule contre la dalle et poussai. Elle était lourde et résistait. Le Minervois vint s’y arc-bouter à son tour et, à nous deux, nous parvînmes à la pousser. Dès qu’elle fut ouverte, une forte odeur de poussière et de renfermé jaillit de l’intérieur. Je restai un moment à observer la noirceur épaisse de l’autre côté, la bouche sèche.
    —    Bon, dis-je, puisque la Lumière doit entrer dans les Ténèbres...
    Je me décidai à franchir le seuil, ma torche tendue devant moi. Ce que je vis me fit sursauter, mais je n’eus pas le temps d’en avertir les autres. Derrière moi, Pernelle hurla d’effroi.
    Dans la lumière vacillante de nos torches, douze hommes à l’air féroce nous observaient, immobiles. Ils étaient disposés sur deux rangées de chaque côté de la porte et semblaient attendre quiconque se présenterait en ces lieux pour l’occire. Parmi eux, je reconnus le premier, à droite. La barbe abondante, les cheveux bouclés, l’œil sombre et la moue agressive, il s’agissait de Pierre, celui qui, dans mes rêves, s’était méfié de moi.
    —    Du calme, Pernelle, dis-je sans quitter les hommes des yeux. Ce ne sont que des statues.
    Je m’approchai de la statue de Pierre et la tapotai avec la pointe de Memento. Un tintement cristallin en monta.
    —    Tu vois ? Ils sont en pierre.
    —    Ils sont surprenants, les diables.
    Ils l’étaient, en effet. La pierre sculptée avait été peinte et l’artiste avait donné à chaque personnage un réalisme qui frisait la perfection. Les paroles prononcées par Tyceline lors de sa visite nocturne me revinrent en tête. Douze hommes armés. Ils ne veulent pas te laisser passer. Ils protègent leur seigneur et son trésor. C’est cela que tu désires. Par je ne sais quelle sorcellerie, de sa masure, la pauvre d’esprit avait vu cet endroit. Je me creusai la tête pour me rappeler ce qu’elle avait dit ensuite. Mais tu ne l’obtiendras que si tu prouves ta valeur. Ils guettent. Ils attendent. Depuis longtemps. Ils sont patients. Ils avaient attendu, en effet. L’endroit avait certainement été aménagé par Thibaud Payen et achevé par les Templiers, bien avant que Baroche, sans doute instruit par Robert de Sablé, n’y dépose la seconde part. Ils veillaient depuis plus d’un siècle, immobiles, guettant le moment de rappeler à ceux qui oseraient pénétrer dans ce sanctuaire qu’ils devaient en avoir le mérite. Un frisson me monta le long de l’échine lorsque je me souvins de la terreur de Tyceline, avant qu’elle ne s’enfuie en se signant frénétiquement. Un crucifix ! Il est à l’envers ! Le signe du diable !
    Ugolin, Guillot et Pernelle vinrent me rejoindre dans l’embrasure de la porte, chacun tendant sa torche vers les gardiens.
    —    Ce sont les disciples de Jésus, déclara le moine, qui semblait fasciné.
    Il m’écarta pour entrer. Dès qu’il posa le pied sur la première dalle de pierre, un déclic résonna. Alors même que le bras de Pierre s’abaissait, son épée sifflant dans l’air, j’empoignai

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