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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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pas vers l’arrière. Le moine, lui, ne se fit pas prier et recula beaucoup plus loin. Je pris une grande inspiration, ravalai bruyamment et, avec une infinie délicatesse, je commençai à soulever le couvercle, un doigt à la fois. Il était à mi-chemin lorsqu’un petit déclic retentit. Je m’arrêtai net, pétrifié, n’osant ni poursuivre, ni la refermer. Je regardai vers Pernelle. Son visage était déformé par un rictus nerveux qui lui pinçait les lèvres.
    —    Qu’est-ce que je fais ? murmurai-je, de peur que le seul son de ma voix ne provoque quelque catastrophe.
    —    L’homme qui va vers Dieu. Je l’ai déjà dit, mais personne n’écoute le moine, intervint Guillot. 3, 5 et 7. Tu avais les bons chiffres. Ne crains rien et ouvre.
    —    Facile à dire quand on n’est pas celui qui tient le couvercle, maudit bouffi, grommelai-je.
    —    Tu es le Lucifer, pas moi.
    Je soupirai, loin d’avoir la même assurance que lui, fermai les yeux comme un enfant effrayé par le noir et, avec une lenteur infinie, je fis pivoter le couvercle sur ses gonds jusqu’à ce qu’il repose sur l’autel. Lorsque je rouvris les yeux, j’étais encore entier, et les autres aussi.
    —    Voilà ! s’exclama le moine, réjoui. Je te l’avais bien dit !
    —    Tu veux une prière d’action de grâces, peut-être ? lui lança Pernelle en s’approchant de moi. Tu peux avancer, maintenant. Ta précieuse vie est sauve.
    Dès qu’elle fut à mes côtés, elle pâlit.
    —    Oh. fit-elle.
    —    Quoi ? demandai-je.
    —    Tu as frôlé le désagrément, répondit-elle en désignant l’intérieur du couvercle de la cassette.
    Suivant son regard, je repérai, dans le couvercle de la cassette, une ampoule de verre retenue par deux anneaux de fer. Pernelle se pencha sur le coffret pour mieux examiner le tout.
    —    Tu vois ? dit-elle. La fiole était reliée au corps du coffre par ce troisième anneau, qui s’est détaché. La cassette ne pouvait être ouverte qu’avec les bons chiffres. Si tu l’avais forcée, le verre se serait brisé et le vitriol t’aurait jailli en plein visage.
    Inconsciemment, je portai la main à mes joues.
    —    Tu es déjà fort laid, dit Ugolin, dans une piètre tentative d’alléger l’atmosphère. M’est avis que ça n’aurait pas changé grand-chose.
    —    La prochaine fois que nous tombons sur un coffre, rappelle-moi de te le faire ouvrir, ajoutai-je.
    La tension me quittant petit à petit, je reportai mon attention sur le contenu de la cassette, qui représentait l’aboutissement de presque trois années de souffrance et de damnation. Au fond se trouvaient un épais paquet en cuir et un tube semblable à celui d’où j’avais tiré les instructions au Magister, dans le temple de
    Montségur. Posée dessus, une note attendait celui qui ouvrirait le coffre fermé un quart de siècle plus tôt. Je la pris, la dépliai et la lus. Elle avait été écrite à la hâte.
    Si tu lis cette note, c’est que tu es le Lucifer désigné par le Cancellarius Maximus. Que la révélation de la Vérité apporte enfin la Lumière au monde. Sinon, que le temple et les mots sacrés lui servent de refuge dans l’ombre du roi.
    Et soudiens-toi : Post Tenebras Lux 1 .
    Baroche
    —    C’est de Baroche, dis-je en tendant le papier à Pernelle, qui en prit connaissance à ton tour.
    —    Et le reste ? s’enquit-elle en passant le papier à Ugolin.
    —    Oui, renchérit Guillot avec impatience. Assurons-nous qu’elle contient bien le parchemin de Joseph d’Arimathie et remontons avant que le jour ne se lève.
    Le moine avait raison. La note de Baroche était sans conséquence. Ce qui comptait était contenu dans le tube et l’enveloppe. Je saisis le premier et défis le cordon qui retenait le capuchon. Puis je le retournai et en fis sortir deux parchemins que je déroulai avidement. L’un était écrit dans une langue que je ne comprenais pas. Me rappelant ces propos de Pierrepont, qui avait parlé d’araméen et d’une traduction, je saisis l’autre. Je le lus à voix haute afin que tous en prennent connaissance en même temps que moi.
    À toi, Thaddée, mon frère, salut.
    Voilà plus de trente ans, notre maître, Ieschoua, est mort sur la croix. Comme plusieurs de ses fidèles, tu as sans doute été atterré par la nouvelle. Pour ma part, j’ai porté, en compagnie de quelques autres, le fardeau d’une vérité que je

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