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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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nous et levèrent le poing de colère et de peur.
    Alexandros
m’attendait devant l’arène, l’air inquiet. J’indiquai la direction du nord. C’est
là que j’avais aperçu le dais rouge et les étendards qui décoraient la loge
privée de Crassus. Nous repartîmes au galop. Loin derrière, Eco était tombé. Je
lui fis signe de nous suivre.
    La
périphérie de l’arène était quasi déserte. Seuls quelques spectateurs étaient
sortis pour se soulager contre la palissade. Les entrées donnaient sur des
escaliers conduisant aux gradins. Je fis un geste à Alexandros : nous
devions continuer de chevaucher jusqu’à l’escalier qui nous mènerait
directement à la loge de Crassus.
    À
l’extrémité septentrionale de l’enceinte, nous parvînmes enfin à une ouverture
plus petite que les autres, flanquée d’étendards rouges, qui portaient l’insigne
doré de Crassus. Alexandros tira sur ses rênes et m’interrogea du regard. Je
hochai la tête. Il mit pied à terre. Je poussai ma monture un peu plus loin. Je
voulais voir ce qu’il y avait de l’autre côté de l’arène. A l’est, les soldats
qui se mettaient en rangs n’étaient toujours pas entrés.
    Je
revins vers Alexandros. Au-dessus de nous, en haut de la palissade, j’aperçus
quelque chose qui bougeait. Je levai la tête et eus à peine le temps d’entrevoir
un visage.
    A
mon tour je mis pied à terre… et tombai presque à genoux. Dans la folle
descente et pendant la course à travers le camp, je n’avais ressenti aucune
douleur ou vertige. Mais à peine mes pieds eurent-ils touché le sol que mes
genoux se dérobèrent sous moi. Je vacillai et me retins au cheval. Alexandros
commençait à monter l’escalier. Il se retourna et revint en courant vers moi.
Je touchai le bandage de mon front : il était humide. La plaie s’était
rouverte.
    Quelque
part derrière moi, je crus entendre une petite voix crier :
    — Papa !
Papa !
    Alexandros
m’attrapa par le bras.
    — Ça
va ?
    — Juste
un petit vertige. Une vague nausée…
    Et
j’entendis de nouveau cette voix inconnue, plus forte et plus proche. Je
tournai la tête, pensant rêver. Eco chevauchait vers nous, le doigt pointé vers
le ciel.
    — Là !
cria-t-il. Un homme ! Un javelot ! Attention !
    Je
levai les yeux. Alexandros en fit autant. Immédiatement, il m’empoigna et me
jeta à terre avec une force étonnante. En raison de mes maux de tête, j’avais à
peine conscience de ce que j’avais entr’aperçu là-haut : un homme avec un
javelot se penchant au-dessus l’enceinte. Au même instant, le javelot siffla et
se planta dans le sol, manquant mon cheval de moins d’une largeur de main. Si
Alexandros ne m’avait pas poussé, l’arme aurait pénétré ma nuque et serait
ressortie quelque part près du nombril.
    Je
me mis à vomir. La bile jaunâtre laissa un goût amer dans ma bouche et quelques
traces sur ma tunique. Mais je me sentis un peu mieux. Impatiemment, Alexandros
et Eco me prirent par les épaules et me remirent debout.
    — Eco !
murmurai-je. Mais comment… ?
    Il
me regarda sans répondre. Ses yeux étaient vitreux et fiévreux. Avais-je rêvé ?
    Alors
ils m’entraînèrent en haut des marches. Nous franchîmes un palier, puis un
second. Enfin nous débouchâmes sur un épais tapis rouge en pleine lumière. Un
grand dais cramoisi filtrait le soleil. Crassus et Gelina étaient assis côte à
côte, flanqués de Sergius Orata et de Metrobius. J’entendis le chuintement d’un
glaive qu’on dégaine. Mummius se précipita et beugla :
    — Par
Jupiter !
    Gelina
eut le souffle coupé. Metrobius lui attrapa le bras. Orata sursauta. Faustus
Fabius, debout derrière la veuve, serra les dents et nous regarda, stupéfait.
Il leva le bras droit et la rangée de soldats en armes à l’arrière de la loge
pointa ses lances. D’emblée, Crassus avait eu l’air désagréablement surpris, mais
en même temps résigné aux mauvaises surprises. De la main il fit signe de ne
pas bouger.
    Vaguement
étourdi, je regardai de tous côtés pour essayer de me repérer. Les draperies
rouges qui pendaient du dais nous dissimulaient à la vue des spectateurs les plus
proches. Mais je voyais, au-delà des draperies, la grande enceinte circulaire
de l’arène, grouillante de spectateurs. Les nobles occupaient les gradins
inférieurs, tandis que le peuple était massé en haut. Une longue corde blanche
les séparait.
    Juste
devant la loge, les esclaves

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