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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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relation étroite.
    — Une
amitié ?
    — Non.
C’était davantage une sorte de partenariat d’affaires, sourit Fabius. Mais avec
Marcus Crassus, tout est affaires. Quoi qu’il en soit, dans toute relation, il
y a un fort et un faible. Je pense que tu en sais assez sur Crassus, ne
serait-ce que par ouï-dire, pour deviner qui était le subalterne.
    — Lucius
Licinius.
    — Naturellement.
Lucius était un homme pauvre. Sans l’aide de Crassus, il le serait resté. Il
avait si peu d’imagination qu’il était incapable de voir une opportunité et
encore moins de la saisir. Sauf s’il était poussé. Pendant ce temps, Crassus
accumulait les millions avec ses affaires immobilières à Rome. Tu dois
connaître la rumeur.
    J’acquiesçai.
A la fin des guerres civiles, le dictateur Sylla triomphant détruisit ses
ennemis en s’emparant de leurs propriétés et en redistribuant villas et fermes
à ses fidèles. Pompée et Crassus étaient de ceux-là. C’est ainsi que Crassus
entama son ascension, guidé par une soif de posséder apparemment sans limites.
Un jour, à Rome, je m’étais trouvé devant un immeuble en flammes. Crassus
venait de faire une offre pour acheter l’appartement voisin. Son propriétaire,
totalement désorienté et persuadé qu’il allait perdre son bien dans les
flammes, le vendit à Crassus pour une bouchée de pain. Sur ce, le millionnaire
appela sa brigade privée de soldats du feu pour éteindre les flammes. De telles
histoires concernant Crassus étaient monnaie courante à Rome.
    — Tout
ce que Crassus touchait semblait se transformer en or, expliqua Fabius. D’un
autre côté, son cousin Lucius, en bon plébéien à l’ancienne, essayait de vivre
de la terre. Il a tout perdu. Finalement il est allé implorer Crassus de le
sauver, et Crassus a accepté. Il a fait de Lucius une sorte de factotum, le
chargeant de s’occuper de certaines de ses affaires. Les bonnes années – sans
pirates ni Spartacus, j’entends –, il y avait pas mal d’affaires à gérer
dans la baie. Pas seulement les villas luxueuses et les fermes ostréicoles.
Crassus possède des mines en Espagne et une flotte qui ramène le minerai à
Pouzzoles. Il a des artisans qui transforment la matière brute en outils, armes
et œuvres d’art. Il possède également des navires qui transportent les esclaves
d’Alexandrie et des fermes et des vignobles dans toute la Campanie. Et il faut
aussi qu’il nourrisse les hordes d’esclaves qui travaillent pour lui. Crassus
ne peut veiller lui-même sur les menus détails. C’est pour ça qu’il délègue la
responsabilité de ses affaires locales. Ici, dans la baie, Lucius surveillait
consciencieusement les investissements et les entreprises de Crassus.
    — Il
s’occupe de cette maison, par exemple ?
    — Crassus
est le vrai propriétaire de la villa et des terres qui l’entourent. En fait, il
n’a pas besoin de villas. Il méprise l’idée de se retirer à la campagne ou sur
la côte pour se reposer et lire de la poésie. Pourtant il continue d’en
acquérir. Il en possède actuellement des dizaines. Et comme il ne peut laisser
des maisons vides dans toute l’Italie, il les loue à sa famille et à ses
factotums. Et il peut y séjourner.
    — Et
les esclaves de la maison ?
    — Ils
sont aussi la propriété de Crassus.
    — Et
la Furie, la trirème qui m’a amené d’Ostie ?
    — Elle
appartient à Crassus, même si c’était Lucius qui en était responsable.
    — Et
les vignobles et les champs que l’on a longés tout le long de notre route
depuis Misène ?
    — Propriété
de Crassus. Comme ces ateliers, fabriques, écoles de gladiateurs ou fermes de
la région, d’ici à Sorrente.
    — Ainsi,
appeler Lucius Licinius le maître de maison…
    — Il
donnait les ordres et agissait en toute indépendance ici, c’est certain. Mais
il n’était rien d’autre qu’une créature de Crassus. Un serviteur. Privilégié et
protégé, mais un serviteur quand même.
    — Je
vois. Laisse-t-il une veuve ?
    — Oui,
Gelina.
    — Et
des enfants ?
    — Leur
union fut stérile.
    — Aucun
héritier, alors ?
    — Si,
Crassus, en qualité de cousin et patron, héritera des dettes et des biens de
Licinius.
    — Et
Gelina ?
    — Elle
passe sous la dépendance de Crassus.
    — A
t’entendre, Faustus Fabius, on a l’impression que Crassus possède le monde
entier.
    — Il
m’arrive de penser que c’est le cas. Ou que ça le

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