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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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travaillaient souvent ensemble n’a rien d’étonnant. Et le
jeune garçon d’écurie pouvait parfaitement se trouver ici avec eux. Je sais qu’il
savait lire et compter un peu. Il aidait parfois Zénon. Alexandros est
peut-être le meurtrier. Un garçon d’écurie est assez fort pour traîner un corps
jusqu’à l’atrium. Et un Thrace aurait eu l’impudence de graver le nom de son compatriote
sur le sol. Quelqu’un l’a dérangé dans son travail et il s’est enfui avant d’avoir
terminé.
    — Mais
personne ne les a dérangés.
    — Ah
bon ? Pourquoi ?
    — Parce
que le corps n’a été découvert que le lendemain matin. Tu le sais bien.
    Crassus
haussa les épaules.
    — Une
chouette hululait ou un chat jouait avec un caillou. Qui sait ? Ou cet
esclave thrace n’avait peut-être tout simplement pas appris la lettre c et se retrouva coincé, ajouta-t-il malicieusement, en se frottant les yeux de l’index
et du pouce droits. Pardonne-moi, Gordien, mais je pense que c’est assez pour
ce soir. Même Marcus Mummius est allé se coucher. Il est temps pour nous d’en
faire autant.
    Il
prit l’Hercule sur la table et alla le reposer sur son piédestal.
    — J’imagine
que c’est là un autre de tes secrets qui a besoin de fermenter. Je ne manquerai
pas de le mentionner à Morphée dans mes rêves.
     
    La
lampe qui illuminait le corridor avait faibli. Je passai devant la porte de
Gelina, marchant sur la pointe des pieds, même si Crassus prétendait que rien
ne pourrait la réveiller. Dans l’obscurité, j’éprouvai de l’angoisse : c’était
l’itinéraire même qu’avait suivi le corps de Lucius. Je jetai un coup d’œil
par-dessus mon épaule, espérant presque avoir accepté l’offre du garde de me
reconduire. Mais j’étais seul.
    Dans
l’atrium simplement éclairé par la lune, je m’arrêtai de nouveau un long
moment. L’endroit était paisible, mais pas totalement silencieux. La fontaine
continuait de couler. Le bruit se répercutait dans l’atrium. Il suffisait certainement
à couvrir le déplacement d’un homme à la dérobée. Mais pouvait-il dissimuler le
crissement aigu d’un couteau gravant des lettres sur le dallage ?
    Du
coin de l’œil, j’entr’aperçus une forme étrange, comme un voile blanc flottant
près de la bière funéraire. Je tournai la tête, le cœur battant, mais réalisai
qu’il ne s’agissait que de volutes de fumée d’encens, un instant éclairées par
un rayon de lune. Je frissonnai.
    Je
montai l’escalier menant à l’étage supérieur. A un moment, je dus prendre le
mauvais couloir : je ne savais plus où je me trouvais. A intervalles, de
petites lampes éclairaient le passage. Les fenêtres laissaient entrer des
rayons de lune. Mais j’étais bel et bien incapable de me repérer. J’essayai de
déterminer la direction de la baie en tendant l’oreille. Seulement je ne
captais que le faible gargouillis de l’eau chaude qui coulait dans les
canalisations d’Orata. Derrière une porte close, j’eus la vague impression d’entendre
rire. J’aurais juré qu’il s’agissait de la voix profonde de Mummius. Et une
voix plus douce lui répondait. Je poursuivis jusqu’à une porte ouverte, par
laquelle s’échappait un ronflement rauque et régulier. Je fis un pas à l’intérieur,
tentant de percer la pénombre. Je distinguai une masse corpulente, celle d’Orata,
allongé sur un large divan surmonté d’un dais presque transparent. Je revins
sur mes pas et continuai d’errer. Je finis par me retrouver dans la pièce
semi-circulaire où Gelina nous avait accueillis l’après-midi même.
    Gordien
dit le Limier, pensai-je, honteux, en remerciant les dieux que personne ne soit
là pour se moquer de moi. Je me trouvais donc à l’extrémité nord de la maison,
exactement à l’opposé de l’endroit où je voulais aller. Je m’étais trompé de
direction en haut de l’escalier de l’atrium. J’allais repartir, quand j’eus
envie de sortir sur la terrasse pour prendre l’air et m’éclaircir les idées.
    Au-dessous
du croissant de lune, la baie, immense étendue d’argent parsemée de petites
vagues noires, était cernée de montagnes aussi sombres. Ici ou là, un point
lumineux indiquait une lampe dans une maison lointaine. Le ciel était rempli d’étoiles.
Fasciné par ce spectacle, je manquai presque d’apercevoir l’infime reflet d’une
lampe près du rivage, en bas, là où la terre se jetait dans

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