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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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il racontait sa vie, citait, pour obtenir leurs témoignages ou leurs éloges, soit le chef sous qui il avait servi comme légat, soit celui dont il avait été questeur, soit les deux, s’il le pouvait, et il y ajoutait quelques-uns de ses protecteurs ; ceux-là disaient quelques mots graves et brefs, qui produisaient plus d’effet que des prières. Quelquefois le candidat attaquait la naissance, l’âge ou même la moralité de son concurrent, le sénat l’écoutait avec la gravité austère des censeurs ; et le mérite l’emportait ainsi plus souvent que la faveur.
    Ces coutumes aujourd’hui corrompues par l’excès de la brigue ont conduit à chercher un remède dans le vote secret ; ce fut en effet pendant quelque temps un remède efficace, parce qu’il était nouveau et imprévu. Mais je crains qu’avec le temps le remède même ne donne naissance à des maux nouveaux. N’y a-t-il pas danger que dans le secret du scrutin l’impudence ne se glisse ? car combien de personnes gardent-elles le même souci de l’honneur eu secret qu’en public ? Bien des gens ont des égards pour l’opinion, peu pour leur conscience. Mais je m’inquiète trop vite de l’avenir ; en attendant, grâce au scrutin secret nous aurons les magistrats les plus dignes de l’être.
    Car il en a été dans ces comices comme dans les procès jugés par les récupérateurs {72}  ; pris pour ainsi dire au dépourvu, nous avons décidé en toute sincérité.
    Je vous écris cela d’abord pour vous apprendre quelque nouvelle, ensuite pour vous entretenir quelquefois des affaires publiques ; l’occasion d’en parler est plus rare pour nous que pour les anciens ; nous devons d’autant moins la négliger quand elle se présente. Et puis en serons-nous toujours, grands dieux, à ces questions banales : « Que devenez-vous ? Vous portez-vous bien ? » Mettons aussi dans nos lettres des préoccupations moins communes, moins mesquines, moins bornées à nos intérêts privés. Il est vrai que tout ne dépend que de la volonté d’un homme qui dans l’intérêt public s’est chargé seul des soucis et des peines de tous. Cependant, par une heureuse combinaison, de cette source généreuse découlent jusqu’à nous quelques ruisseaux, où nous pouvons boire nous-mêmes et dont nos lettres doivent, si j’ose dire, présenter la coupe à nos amis éloignés. Adieu.
     
    XXI. – C. PLINE SALUE SON CHER CORNELIUS PRISCUS.
    Regrets sur la mort du poète Martial.
     
    J’apprends la mort de Valerius Martial {73} et j’en suis affligé : c’était un écrivain plein de talent, d’esprit et de verve dont le style a beaucoup de finesse, de malice, et non moins de sincérité. Je lui avais fait hommage, à son départ de l’argent du voyage ; je devais cela à l’amitié, je le devais aussi aux petits vers, qu’il a composés sur moi. C’était un usage chez les anciens d’accorder ou des honneurs ou de l’argent à ceux qui avaient écrit l’éloge soit de quelque particulier soit d’une ville ; de notre temps, hélas, avec d’autres coutumes belles et nobles, celle-là s’est perdue la première. Car depuis que nous avons cessé de faire des actions louables, nous considérons la louange aussi comme déplacée.
    Vous me demandez quels sont les petits vers dont je me suis montré reconnaissant ? Je vous renverrais au volume lui-même, si je n’en savais quelques-uns par cœur ; au cas où ils vous plairaient, vous chercherez les autres dans le recueil. Le poète s’adresse à la Muse ; il lui recommande de chercher ma maison des Esquilles et de s’y présenter avec respect : « Ne va pas, Muse, choisissant mal ton temps, frapper, dans l’ivresse du matin, à cette porte savante, garde-t’en bien. Il consacre ses jours entiers à l’austère Minerve, s’appliquant, pour plaire aux oreilles des cent juges, à des discours dignes d’être comparés par les générations futures à ceux de l’orateur d’Arpinum. Il est plus sûr de t’y rendre aux flambeaux du soir ; c’est ton heure, l’heure du délire de Bacchus, l’heure des roses et des cheveux parfumés. C’est l’heure où me lisent même les rigides Catons. » Ne devais-je pas à celui qui a parlé de moi en ces termes les marques de mon affection à son départ et de ma douleur à sa mort, comme à celle d’un ami très cher ? Il m’a donné tout ce qui était en son pouvoir, prêt à me donner davantage, s’il l’avait pu.

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