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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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et d’intéressés garnissaient les bancs qui leur étaient réservés, en outre une assistance serrée entourait le vaste espace occupé par le tribunal de cercles multipliés d’auditeurs. On se pressait même sur l’estrade des juges, et des tribunes de la basilique {25} , les femmes d’un côté, les hommes de l’autre, se penchaient avides d’entendre, ce qui était difficile, et de voir, ce qui était facile. Grande était la curiosité chez les pères, chez les filles, chez les belles-mères même. Les sentences furent diverses. Deux sections nous donnèrent raison, deux autres nous donnèrent tort. Il est vraiment remarquable et étonnant que dans la même cause, avec les mêmes juges, les mêmes avocats, dans les mêmes circonstances on ait abouti à des jugements si opposés. Il est arrivé par un hasard, qui pourrait ne pas paraître un hasard, que la belle-mère a perdu son procès ; elle était héritière pour le sixième, et Suburanus aussi l’a perdu, lui qui, déshérité par son père, avait l’impudence de revendiquer les biens du père d’une autre, n’ayant pas osé réclamer ceux du sien.
    Je vous donne ces détails, d’abord pour que vous appreniez par ma lettre ce que vous ne pouvez apprendre par mon plaidoyer ; et puis (j’avoue mon artifice), afin que la lecture de mon discours vous soit plus agréable, si vous croyez non pas lire, mais assister aux débats ; ainsi, quoique long, j’espère qu’il vous plaira autant que s’il était très court. Car la richesse du sujet, l’ingéniosité du plan, les courtes narrations qui y abondent, et la variété du style en renouvellent l’intérêt. Vous y trouverez, je n’oserais le dire à un autre, tantôt de l’ampleur, tantôt de la chicane, tantôt de la simplicité. Car à ces accents véhéments et sublimes j’ai été obligé de mêler des calculs et presque de demander des jetons et la tablette à compter {26} , si bien que le tribunal des centumvirs se transformait brusquement en tribunal du juge unique {27} . J’ai déployé mes voiles au souffle de l’indignation, de la colère, de la douleur, et dans cette vaste cause, comme en pleine mer, j’ai confié ma barque à plusieurs vents. En un mot, quelques-uns de mes amis regardent ce discours, comparé, je le répète à mes autres plaidoyers, comme mon « discours pour Ctésiphon ». Ont-ils raison ? Vous en jugerez mieux que personne, vous qui savez si bien par cœur tous les autres, qu’il vous suffira de lire celui-ci pour faire la comparaison. Adieu.
     
    XXXIV. – C. PLINE SALUE SON CHER MAXIMUS.
    Un combat de gladiateurs.
     
    Vous avez bien fait de promettre un combat de gladiateurs à nos chers habitants de Vérone, qui depuis longtemps vous aiment, vous admirent, vous honorent. C’est là aussi que vous avez trouvé une femme si aimée et si respectée, dont la mémoire méritait bien soit un monument, soit un spectacle et celui-ci de préférence, qui convient le mieux à un anniversaire de deuil. De plus on vous le demandait d’un vœu si unanime, que refuser eût paru non de la fermeté, mais de la dureté. Votre conduite a encore été admirable par la bonne grâce et la générosité avec lesquelles vous avez donné ces jeux ; car ces qualités aussi sont la marque d’une grande âme. J’aurais voulu que les panthères d’Afrique, dont vous aviez acheté un bon nombre, fussent arrivées au jour dit. Mais quoiqu’elles aient fait défaut, retardées par la tempête, vous gardez tout le mérite de votre intention, puisqu’il n’a pas dépendu de vous de les faire paraître. Adieu.

LIVRE SEPTIÈME
     
    I. – C. PLINE SALUE SON CHER GEMINUS.
    Le malade impatient.
     
    L’opiniâtreté de votre maladie m’effraye, et quoique je vous connaisse très maître de vous, je crains qu’elle ne se permette quelque assaut même contre votre caractère. Je vous exhorte donc à résister avec fermeté ; vous y gagnerez honneur, et santé. Ce que je vous conseille n’est pas au-dessus des forces humaines. Voici ce que je répète, en bonne santé, à mes gens : « J’espère que, si je viens à être malade, je ne demanderai rien, dont je puisse rougir ou me repentir ; si cependant la force du mal l’emportait, je vous défends de me rien donner sans la permission des médecins et sachez-le bien, si vous cédiez à mes désirs, je vous en punirais comme d’autres se vengent d’un refus. » Écoutez encore ceci : un jour j’étais brûlé

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