Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
Vom Netzwerk:
le sommeil ne venait pas, je me mis à penser que les plus grands orateurs avaient regardé ce genre d’ouvrages comme un délassement et s’en étaient fait un grand honneur. Je me mis à l’œuvre avec ardeur et, contre mon attente, malgré une si longue désaccoutumance, en un court instant, prenant pour sujet les motifs mêmes qui m’avaient invité à écrire, je les exprimai dans ces vers :
     
    « Lisant un jour le livre de Gallus, où il n’a pas craint de décerner à son père, de préférence à Cicéron, la palme de la gloire, je rencontrai un léger badinage de Cicéron où brillait ce génie, qui donna au monde des œuvres si graves, et qui a prouvé aussi que les grands esprits, parés de charmes variés, se plaisent même aux aimables jeux de la plaisanterie. Il se plaint en effet que par une malice cruelle Tiron ait déçu son cœur et, que, le repas fini et le soir venu, il se soit soustrait au paiement de quelques faveurs bien dues. Pourquoi, dis-je alors, après de tels exemples, cachons-nous nos tendresses et fuyons-nous, tremblants, les yeux du public ? Pourquoi n’avouons-nous pas que nous connaissons les ruses des Tirons, leurs malicieuses cajoleries et les douceurs dérobées qui allument de nouvelles flammes ? »
     
    Je passai ensuite à des vers élégiaques, que je fis aussi avec la même rapidité. J’en ajoutai d’autres et puis d’autres encore, séduit par la facilité que j’y trouvais. Revenu à Rome, je lus mes poésies à mes amis ; ils les approuvèrent. Depuis, dans mes loisirs et surtout en voyage, j’ai essayé d’autres mètres. Enfin je me suis décidé, à l’exemple de beaucoup d’autres, à donner un volume séparé d’hendécasyllabes, et je ne m’en repens pas. On les lit, on les copie, on les chante ; les Grecs mêmes, auxquels l’amour de ce petit livre a fait apprendre le latin, les accompagnent soit sur la cythare, soit sur la lyre.
    Mais n’est-ce pas trop me vanter ? On pardonne, il est vrai, un peu de folie aux poètes. Et d’ailleurs ce n’est pas mon jugement, mais celui d’autrui que je cite ; et juste ou erroné, il me fait plaisir. Je ne demande qu’une chose : puisse la postérité porter le même jugement erroné ou juste. Adieu.
     
    V. – C. PLINE SALUE SA CHÈRE CALPURNIA.
    L’époux affectueux.
     
    Vous ne sauriez croire combien je regrette votre absence. Mon amour d’abord en est la cause, et aussi le manque d’habitude d’être séparés. Il en résulte que je passe une grande partie de mes nuits à contempler, tout éveillé, votre image, que dans le jour, aux heures où j’avais coutume de vous rendre visite, mes pieds me portent d’eux-mêmes, comme on le dit avec tant de raison, dans votre appartement, que enfin indolent et triste et semblable à quelqu’un à qui on a refusé la porte, je reviens de votre chambre vide. Le seul temps où je suis affranchi de ce tourment, c’est celui que je consacre au forum, accablé par les procès de mes amis. Jugez donc quelle vie est la mienne, quand je ne trouve de repos que dans le travail, de consolation que dans les tracas et les soucis. Adieu.
     
    VI. – C. PLINE SALUE SON CHER MACRINUS.
    Le procès de Varenus.
     
    Il est arrivé à Varenus {29} une aventure curieuse et digne d’attention, quoique l’issue en soit encore incertaine. On raconte que les Bithyniens abandonnent leur accusation contre lui, la déclarant mal fondée. On raconte ? dis-je. Il est arrivé un député de la province, il a apporté un décret de l’assemblée de cette province, il l’a remis à l’empereur, il l’a remis à plusieurs personnages importants, il nous l’a remis même à nous, les avocats de Varenus. Pourtant le même Magnus, dont je vous ai parlé, persiste et même il pousse obstinément cet excellent Nigrinus ; par sa bouche il demandait aux consuls de forcer Varenus à produire ses comptes.
    Je n’assistais désormais Varenus qu’à titre d’ami et j’avais résolu de garder le silence. Quelle maladresse en effet, si, désigné par le sénat comme avocat, je traitais dans ma défense en accusé, celui à qui il importait de ne plus paraître accusé. Cependant, à la fin de la demande de Nigrinus, les consuls ayant tourné les yeux vers moi : « Vous saurez, dis-je, que notre silence a de solides motifs, quand vous aurez entendu les véritables députés de la province. » – « À qui ont-ils été envoyés ? » répliqua Nigrinus. – « À

Weitere Kostenlose Bücher